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La PJJ se rapproche de l'Armée et de l'Education nationale

Paru dans Scolaire, Justice le jeudi 09 décembre 2021.

Éric Dupond-Moretti se rendait, ce 9 décembre à Coëtquidan, sur un site situé juste à côté de l'enceinte militaire et accueillant l’expérimentation d’un "parcours d’inspiration militaire" pour six jeunes venus du CER (centre éducatif renforcé) d'Evreux avec les éducateurs de la PJJ (protection judiciaire de la Jeunesse) et les animateurs de l'association Irvin (Initier la reconnexion à la vie par l'immersion en pleine nature), créée par un ancien militaire, Patrice Valantin et dont la moitié environ des intervenants viennent également de l'armée, l'autre moitié étant des personnes issues de la société civile, notamment des employeurs..

Durant ce "séjour de rupture" de cinq semaines, les mineurs sous main de justice, en binôme avec des élèves officiers de Saint-Cyr-Coëtquidan, vivront deux semaines en pleine nature, avec marches, escalade, course d'orientation, bivouac, "dans un univers militaire" et non pas du type "sport loisir". Ils participeront ensuite à un chantier écologique, puis, pendant une semaine, "découvriront l'univers des armées", visiteront différents lieux, régiments, assisteront à des entraînement au combat... Lors de la conférence de presse de présentation du dispositif, les deux ministères insistent, il ne s'agit pas de recruter des militaires, même si certains jeunes peuvent être intéressés par les opportunités qu'offre l'armée, et par le service militaire volontaire, mais de leur permettre d'en "intégrer les valeurs", "cohésion, rigueur, dépassement de soi"... Ils peuvent aussi être intéressés par un parcours les conduisant au titre professionnel de "génie écologique".

Interrogé par ToutEduc, Patrice Valantin, ancien élève de Saint-Cyr, indique qu'il a répondu à la sollicitation des deux ministères qui souhaitaient expérimenter un "parcours d'inspiration militaire". Il fait état de la pédagogie de la Légion étrangère où il a longtemps officié et de l'importance de retrouver la Nature. La direction interrégionale de la protection judiciaire de la jeunesse Grand Ouest a conclu une convention avec l’association. Il ne pouvait s'agir d'un marché puisque l'élaboration d'un cahier des charges suppose cette expérimentation préalable.

Cette initiative s'inscrit dans le cadre plus large d'une expérimentation sur une année, commencée au mois de juillet dernier, de connaissance mutuelle des personnels de la PJJ et de l'armée. Il s'agit en effet de deux mondes, chacun avec leur culture, et qui n'ont pas l'habitude de travailler ensemble, même si chacun des deux font avec la jeunesse, par définition pour la PJJ et pour les militaires, du  fait de l'âge moyen des quelque 27 000 engagés chaque année.

A noter par ailleurs une journée d’étude organisée le mois dernier par l’INSPE Lille-Hauts de France sur la question de l'articulation entre acteurs éducatifs et sociaux face aux enjeux de l’accompagnement des mineurs délinquants. Delphine Bruggeman (Ecole nationale de la protection judiciaire de la Jeunesse) évoque des "jeunes qui ont en commun leur éloignement d’un parcours scolaire". Et elle s'interroge : que devient la scolarité quand il s’agit de traiter d’autres problèmes ? Faut-il les avoir réglés avant un retour à la scolarité ? ou faut-il envisager la scolarité comme un levier pour construire un projet et motiver le jeune ?" Le nouveau code pénal des mineurs prévoit, entre le jugement de culpabilité et la sanction, une séquence de mise à l’épreuve de 6 à 9 mois. Est-ce l'occasion de "viser une insertion scolaire et professionnelle qui repose sur le principe d’éducabilité" ?

Cette journée a également été l'occasion de pointer des dysfonctionnements entre les deux institutions, du fait de modèles et de représentations différentes de l’insertion et de l’éducabilité. "A la PJJ on parle plutôt de réinsertion professionnelle" que scolaire, ajoute-t-elle, plaidant pour des "stages conjoints". Elle évoque des enfants "tellement déstructurés qu’on est obligé de penser éducation par les pairs, dans l’engagement associatif…" Dès lors se pose la question du rôle de l'école. Est-ce qu’il faut l’école pour apprendre ? Et comment créer au sein de la PJJ des communautés éducatives comme dans l'Education nationale ? Virginie Gohin, sous-directrice à l’Inspé souligne la difficulté en termes de mise en œuvre des collaborations interprofessionnelles mais aussi leur nécessité. "L’Ecole peut être un lieu d’attachement" pour des jeunes en déshérence.

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