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Le temps et le bien-être au centre d'une table ronde sur les PERDIR (SNPDEN-CASDEN)

Paru dans Scolaire le dimanche 05 décembre 2021.

Pour Georges Fotinos, la “participation exceptionnelle“ de 4 340 personnels de direction à l'enquête menée avec José Mario Horenstein sur l'impact de la crise du Covid-19 et du déconfinement sur le moral des chefs d’établissement (voir ToutEduc ici) témoigne de leur besoin de s'exprimer, de rompre la solitude. Il participait, vendredi 3 décembre, à une table ronde et il a tenu à situer ces résultats dans le continuum de l'évolution du métier depuis 2004 : “on passe du conjoncturel au structurel“. Il "ne croyai(t) pas que les violences étaient accentuées pendant cette période“. Georges Fotinos souligne sa “découverte“ en la matière, laquelle contredit l'enquête SIVIS menée par la DEPP (voir ToutEduc ici). Les relations avec enseignants et les AED se sont dégradées, comme avec les collectivités locales (surtout les collèges, dans les lycées beaucoup moins), ajoute-t-il.

Il note une hausse du décrochage et une baisse dans la réussite scolaire, et souligne que la réussite des élèves est liée à la qualité de vie au travail des personnels, un lien démontré dans de nombreuses études. Enfin, il estime que “tout personnel d'encadrement sans exception à tous les niveaux devrait avoir eu une formation d'encadrement sous stress“. Frédéric Marchand, secrétaire général de l'UNSA-éducation, estime lui aussi que la crise "s'est rajoutée“

Pierre Moya (Directeur de l'encadrement, secrétaire général adjoint au MENJS) souhaite un retour d'expérience ministériel et interministériel. Il dresse le constat que les cadres ont été en première ligne pour absorber les inquiétudes tensions, d'où le besoin de lancer une enquête prévue pour septembre 2022 (puis 2023 et ensuite tous les deux ans) qui visera 200 000 personnels dont 5 000 personnels de direction. Il ajoute que le ministère et le ministre de l'éducation ont eu a cœur de reconnaître l'engagement des cadres et des perdir avec la revalorisation salariale (une des mesures du Grenelle de l'éducation, ndlr).

Concernant le fonctionnement d'un collège ou d'un lycée et les missions d'un établissement scolaire, il évoque la réécriture de la charte des pratiques de travail d'un EPLE, celle-ci faisant clairement une place à l'autonomie. Cette charte parle des conditions au travail (comme le droit à la déconnexion). Si les académies se sont emparées de cette charte pour s'en servir comme outil, il constate que “maintenant il faut faire vivre ce texte“.

Interrogé sur un manque important de moyens, Pierre Moya indique que “le ministre a clairement transmis le message récemment aux recteurs que ce n'est pas un problème de moyens“, mais qu'il existe des difficultés de recrutement, des difficulté RH, une activité en train d'être restructurée. Et sur le corps des personnels de direction, il pense qu'il doit se diversifier dans ses origines.  Il souhaite développer une formation continue des cadres “digne de ce nom“, elle n'est pour l'heure pas à la hauteur des enjeux.

Luc Pham, DASEN des Yvelines, souligne la place singulière du "Perdir" pour transformer la commande publique en acte concret, ce qui passe “nécessairement par un principe de subsidiarité“ : avoir un objectif clair qui prenne sens pour lui, qu'il partage et dont la mise en œuvre relève de ses propres choix et responsabilités. Un principe qui nécessite la confiance du supérieur hiérarchique pour qu'il se sente autorisé, car “toute démarche trop prescriptive, trop directive fait perdre le goût et l'envie“. Il invoque l'idée de “créer une culture commune“ car l'une des premières sources d'amélioration et de réparation “c'est déjà de se sentir au sein d'un collectif soudé“.

Il ajoute qu'en période de crise, le temps est celui de l'urgence, du sanitaire et non pas de l'éducation, des prescriptions, ce qui va à l'encontre de l'engagement d'un personnel de direction. La reconstruction, poursuit-il, suppose d'avoir du temps avant que la commande soit passée publiquement. Il ajoute que “ce qui fait violence aussi c'est la contraction du temps politique, elle concentre les réformes sur un temps plus court qu'avant“, un temps contraint sur 3 ans et demi, un rythme soutenu difficile à supporter.

La question du “temps“ est également une priorité pour Valérie Quéric, secrétaire académique au SNPDEN-UNSA et principale de collège pour qui “l'évaluation est une démarche intéressante, mais qui "commence déjà au bout d'un an à prendre l'eau parce que l'on veut aller vite, alors que le temps d'appropriation est nécessaire“. La question de la qualité de vie au travail est selon elle la plus centrale et la plus importante.

Pour Marie-Danielle Campion, ancienne rectrice de l'académie de Lyon, le principal sujet est le vivier dans un secteur très en tension. Elle ajoute qu'un point d'amélioration du système se situe dans le repérage, dans la détection des signaux faibles (du mal-être par exemple). Avoir un suivi de carrière, un suivi de métier, améliorer la place de la formation pour s'adapter pourrait ainsi permettre aux personnels d'établissements de s'exprimer.

Et c'est également ce sur quoi a conclu Bruno Bobkiewic, le secrétaire général du SNPDEN-UNSA : “Soyons capables de dire non, si ce n'est pas supportable pas acceptable“.

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