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“On n'a pas expliqué aux jeunes quelles étaient les conséquences de leurs choix au lycée“ (CAE)

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 01 décembre 2021.

“On n'a pas expliqué aux jeunes quelles étaient les conséquences de leurs choix au lycée“ explique ce mercredi Gabrielle Fack, membre du conseil d’analyse économique (CAE) au sujet de la sélection des options “à la carte“ (spécialités, ndlr) amenée par la réforme du lycée de 2019.

La professeure d'économie à l'université Paris-Dauphine, qui évoque des “choix sous-optimaux“, estime dès lors que “ce n'est pas très étonnant que les étudiants n'aillent pas sur les choix les plus difficiles, si on ne leur explique pas les gains à long terme“.

Le CAE présente ce 1er décembre  son analyse des conditions d'accès à l'enseignement supérieur et son importance pour la réussite future. Dans sa note 68, il démontre que, sur la base de travaux empiriques, les titulaires d’une licence ou d’un master gagnent respectivement 30 ou 50 % de plus que les bacheliers des voies générale et technologique, “un gain relativement stable dans le temps même si le nombre de diplômes délivrés a fortement augmenté depuis les années 1990“. Ainsi, “le diplôme du supérieur continue de jouer un rôle important de rempart face au chômage comme cela a pu être vérifié lors de la crise de 2008“.

Une tendance générale à l’accroissement du niveau scolaire au fil des générations, donc : alors que près de 32 % des personnes âgées de 55 à 64 ans ne sont pas ou très peu diplômées (avec un diplôme correspondant au maximum au brevet des collèges), elles ne sont plus que 13 % parmi les 25-34 ans. La part des bacheliers passe de 37 % parmi les plus âgés à 69 % parmi les plus jeunes. Une augmentation de l’accès à l’enseignement supérieur qui s’est récemment accentuée “avec la progression du nombre de bacheliers notamment via les réformes successives des voies professionnelles à la fin des années 2000“. En outre, la taille plus importante des cohortes nées entre le milieu des années 1990 et 2010 se traduit par un accroissement supplémentaire des effectifs accédant à l’enseignement supérieur.

“Cependant, malgré la massification, poursuit le CAE, les inégalités d’accès aux études supérieures et aux types de formation en fonction du niveau social sont encore très importantes : moins de 30 % des enfants issus de familles modestes accèdent à l’enseignement supérieur, contre près de 90 % parmi les plus aisées.“ Il observe qu’en France, parmi les personnes âgées de 25 à 64 ans travaillant à temps complet, les titulaires d’une licence ont un revenu 36 % plus élevé que les personnes n’ayant que le baccalauréat (toutes sections confondues), ce qui correspond exactement à l’écart moyen observé dans l’Union européenne.

Gabrielle Fack et Élise Huillery, les deux autrices du rapport considèrent qu'il “importe d’agir en amont sur l’orientation des élèves pour mieux guider les choix, par la publication des niveaux de salaire à la sortie des formations, de leur taux d’insertion professionnelles et de leur coût, en luttant contre les mécanismes d’autocensure".

Pourquoi améliorer l’information et sur quels aspects ? "Les critères utilisés par les formations pour sélectionner les élèves sont généralement relativement vagues et devraient être explicités de façon beaucoup plus précise, avec par exemple la publication des algorithmes utilisés par les institutions d’enseignement supérieur pour le classement des candidats incluant les pondérations précises pour chaque matière prise en compte lors de la sélection. Ces éléments sont en effet cruciaux pour permettre aux jeunes d’adapter leurs choix d’option au lycée en amont.“

Le CEA souhaite de plus que des informations sur les niveaux de salaire à la sortie des différentes formations et sur le coût annuel de chaque formation (avec la part financée par la puissance publique) soient intégrées “car elles sont indispensables pour guider les choix“, ajoutant qu'il est nécessaire d’améliorer l’appareil statistique afin que les coûts de l’ensemble des formations publiques et privées puissent être calculés.

Troisième aspect, améliorer la connaissance de l’insertion professionnelle des jeunes à la sortie du système éducatif, à partir de bases administratives permettant un suivi par formation, à partir d'indicateurs qui “se fondent en partie sur une plus grande transparence des établissements d’enseignement supérieur publics et privés, quant à leurs coûts, la qualité des formations qu’ils proposent et le devenir de leurs étudiants“.

Enfin, Il importe d’améliorer l’information des élèves en amont de la terminale, “car les choix effectués dès la fin de la troisième conditionnent les chances d’admission dans certaines filières, contribuant à renforcer les inégalités“, même si “une information de qualité ne suffit pas toutefois car les mécanismes d’autocensure sont en partie responsables des taux d’accès à l’enseignement supérieur plus faibles pour les élèves d’origine modeste, comparativement aux élèves d’origine plus favorisée".

Pour exemple, “les filles ont beaucoup moins tendance à prendre 'maths renforcées' que les garçons“ comme l'a expliqué Gabrielle Fack de l'université Paris-Dauphine toujours à propos de la réforme du lycée qui multiplie les choix de spécialité, et qui a eu des effets “très importants, très genrés“. Le conseil d'analyse économique pense souhaitable “de généraliser la mise en place d’un programme portant sur la déconstruction des stéréotypes sociaux et le renforcement du sentiment de compétence. Le programme peut se développer durant les heures dédiées au collège et au lycée pour l’accompagnement à l’orientation et d’associer des interlocuteurs pertinents pour la découverte des métiers et la connaissance des parcours de formation.“

Est enfin recommandé, pour améliorer l’accès à l’enseignement supérieur des élèves les plus modestes, “de créer des places supplémentaires, de revaloriser et d’étendre les bourses, d’accroître l’offre de logements conventionnés, et de mettre en place des quotas dans les filières sélectives.“

La note n° 68 du CAE ici

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