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L'évaluation rend-elle folle l'école ? Peut-on la raisonner ? (débat du MCLCM)

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 25 novembre 2021.

"Comme chaque année", Jean-Michel Blanquer a apporté "avec conviction" son soutien au MCLCM (Mouvement contre la constante macabre) qui organisait, ce 25 novembre, sa journée consacrée à la "folie de l'évaluation". En effet, après avoir dénoncé la règle non écrite qui veut qu'une classe comporte un certain nombre d'élèves en échec, faute de quoi l'enseignant n'est pas considéré comme sérieux, et après avoir proposé des évaluations par "contrat de confiance", l'association avait décidé de revenir sur le dernier ouvrage d'André Antibi (ici), consacré à cette omniprésence de l''évaluation. Il rapporte l'expérience d'enseignants qui ont noté leurs collègues (lesquels devaient résoudre les mêmes problèmes, qu'ils ont tous résolus), et dont les notes ont varié du simple au double. Il estime que trop souvent, "les élèves ne savent pas comment ils seront notés".

Le ministre de l'Education nationale, qui avait envoyé une vidéo, demande que l'on "reconsidère l'évaluation", et "tant mieux" si la démarche est "iconoclaste", si elle rompt avec la conception classique de l'évaluation. Il rappelle la fonction assignée aux évaluations "diagnostiques" de CP, CE1, 6ème, 2de, 1ère année de CAP : "identifier les difficultés" et il dénonce les "passions excessives" qu'elles suscitent. Evoquant notamment la part de contrôle continu au baccalauréat, il estime qu'une dynamique "s'enclenche" et va "rejaillir sur l'ensemble des pratiques", amenant davantage de "cohérence" au niveau des établissements comme au niveau national.

Ce point de vue est détaillé par Jean-Charles Ringard, inspecteur général, chef de projet "réforme du lycée" qui fait remarquer que la réforme du baccalauréat est l'occasion "d'introduire l'évaluation des compétences" et non plus seulement des connaissances. Dans les établissements, les débats sur l'évaluation créent du collectif, mais c'est aussi le cas "à l'intérieur de l'institution" puisque enseignants, inspecteurs et chefs d'établissement se retrouvent à parler d'évaluation, alors que les personnels de direction étaient jusque-là exclus des questions de pédagogie. Il s'agit, ajoute-t-il, d'être "le plus transparent possible" pour les élèves et leurs parents, tout en respectant la liberté pédagogique des enseignants, "même si c'est l'occasion" de faire évoluer les pratiques.

Philippe Meirieu fait remarquer que tout n'est pas quantifiable. Le pédagogue ne conteste pas la nécessité d'une évaluation, puisque l'Ecole est prise dans "une contradiction relativement indépassable", qu'elle doit à la fois former et sélectionner, et que les enseignants doivent "jouer un double jeu". Mais il faut sortir de la confusion entre évaluation et notation et "se donner des indicateurs alternatifs", par exemple le nombre d'ouvrages empruntés à la bibliothèque. Et surtout, il faut toujours considérer qu'une évaluation doit conduire à l'intériorisation d'une exigence. Elle n'a de sens que si l'élève reprend son devoir après corrections pour l'améliorer, et si l'enseignant note la seconde mouture. Pour lui, devraient être évaluées des unités de valeur non compensables entre elles, et pour chacune, la réalisation par l'élève d'un "chef d'oeuvre", d'un travail mené à son terme. Mais, s'interroge-t-il, la société a-t-elle vraiment envie de voir la fin de l'échec scolaire, "sa suppression ne poserait-elle pas plus de problèmes qu'elle n'en résoudrait ?"

L'ensemble des interventions a donné lieu à une captation, à retrouver sur le site du MCLCM ici

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