Réforme du lycée : ce que changent les choix de spécialités des élèves sur le travail des enseignants (DEPP)
Paru dans Scolaire le vendredi 19 novembre 2021.
“Pour la première fois en 2019-2020, les élèves de première générale ont choisi trois enseignements de spécialité à raison de 4 heures de cours hebdomadaire par spécialité à la rentrée 2019. Puis, en 2020, les élèves de terminale générale ont sélectionné deux enseignements de spécialité parmi les trois suivis en première pour un total de 6 heures de cours par enseignement de spécialité en terminale“, explique la DEPP dans sa dernière note.
La réforme du lycée général et technologique en a bouleversé l’organisation, en démultipliant les choix de spécialités des élèves, ce qui implique une reconfiguration de l’offre de formation. Le service statistique du ministère de l'éducation en étudie les effets sur le service des enseignants.
Ainsi, toutes disciplines confondues, un enseignant de lycée est passé d'une moyenne de 6,4 classes en 2018 à 7,7 classes en 2020. Les professeurs de mathématiques enseignent à des élèves issus de 7,6 classes en 2020, mais bien plus que les 4,9 de 2018. Et si la DEPP note ensuite “que le nombre d’heures de mathématiques lié à cet enseignement de spécialité est équivalent au total d’heures de mathématiques que recevaient les élèves dans l’ancienne série S“, le premier enseignement de cette étude est celui d'une forte baisse, en deux ans, du nombre d’heures données par les professeurs de mathématiques (18,2 %) en première et terminale générales et technologiques. Une baisse qui “résulte en partie de la disparition de l’enseignement des mathématiques et des TPE du tronc commun, mais aussi du choix des élèves, même si l’enseignement de spécialité ‘Mathématiques‘ reste le plus choisi par les élèves de première et de terminale G.“
Dès lors, “à la rentrée 2020, les enseignants de mathématiques ne se consacrent pas uniquement à l’enseignement de mathématiques puisque 10 % des heures des enseignants de cette discipline sont consacrés à l’enseignement scientifique, à la spécialité NSI et à l’enseignement des SNT (sciences numériques et technologie.“ La spécialité NSI (pour numérique et sciences informatiques) est en effet enseignée par moins de 1 % d'enseignants de la discipline. Elle est assurée à 51 % par des enseignants de mathématiques.
De plus, le nombre d’heures supplémentaires annuelles (HSA) par enseignant de mathématiques a particulièrement baissé en 2020 avec 1,65 HSA contre 1,81 HSA en 2019. Parmi ceux qui enseignent au lycée en 2019 et 2020, “du fait de la forte volatilité des HSA d’une année sur l’autre“, 51 % des professeurs de mathématiques font moins de HSA en 2020 qu’en 2019 tandis que 38 % en font davantage.
Les professeurs d‘histoire-géographie semblent les grands gagnants. Ils assurent 14 % d’heures en plus en première et terminale. Deux raisons à cela selon la DEPP, cet enseignement est “resté dans le tronc commun de la voie générale, et ces enseignants assurent très largement la spécialité ‘histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques‘" tandis que la proportion d’élèves de première qui choisissent cet enseignement de spécialité, “a augmenté en 2020 par rapport à 2019, et les élèves de terminale conservent souvent cette spécialité“. Les professeurs d’histoire-géographie effectuent 1,92 HSA en 2020, contre 1,73 en 2018, suite à la création de l’enseignement de spécialité «"Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques".
Les enseignants de SVT assurent eux aussi plus d’heures en 2020 qu’en 2018 avec l’introduction de l’enseignement scientifique dans le tronc commun de première et terminale générale où ils sont nombreux à intervenir. Cependant, indique le service statistique, “la hausse était plus forte en 2019, car l’enseignement de spécialité ‘SVT‘ a été moins choisi par les élèves de première générale en 2020 qu’en 2019".
L’option “droit et grands enjeux du monde contemporain“ (DGEMC) est principalement assurée par des enseignants de SES (40 %) et d’économie-gestion (36 %). Les enseignants de SES sont ceux qui ont connu la plus forte hausse : de 6,6 en 2018 à 12 classes en 2020.
“La réforme a pour effet d’augmenter le nombre de classes de provenance des élèves de chaque groupe d’enseignement de spécialité", indique la DEPP, pour qui les enseignants de philosophie, qui n’enseignaient quasi exclusivement qu’en terminale avant la réforme, ont des élèves issus de 7,8 classes en 2020, soit 3 de plus qu’en 2018. Ceux-ci dispensent à parité horaire avec des professeurs de lettres l’enseignement de spécialité “humanités, littérature et philosophie“.
Les professeurs de physique-chimie et de SVT, malgré la disparition des enseignements d’exploration “sciences et laboratoire“ et “méthodes et pratiques scientifiques“, ont effectué davantage d’HSA en 2019 qu’en 2018 avec l’introduction de l’enseignement scientifique, mais le choix des spécialités des élèves a entraîné une baisse de leurs HSA en 2020. L’enseignement scientifique, qui a intégré le tronc commun en première et terminale générales, est essentiellement assuré par des enseignants de physique-chimie et de SVT (souvent à raison d’une heure par le professeur de chacune de ces deux disciplines, pour deux heures hebdomadaires d’enseignement scientifique).
Dans la filière générale, en première on compte 30 enseignants en moyenne pour une classe en 2020 contre 18 en 2018. En terminale on compte 28 enseignants en moyenne pour une classe en 2020 contre 18 en 2018. En seconde en revanche, le nombre moyen d’enseignants pour une classe est passé de 20 en 2018 à 16 enseignants en 2020. Ces moyennes sont stables dans la voie technologique dont les séries connaissent de moindres modifications dans leur structure ou leur organisation (autour de 14 enseignants par classe).
La note de la DEPP ici