A l'approche de l'élection présidentielle, une intersyndicale appelle les personnels de l'Education à “faire front“ contre l'extrême droite
Paru dans Scolaire le mercredi 10 novembre 2021.
Alors que certains enseignants auraient déclaré soutenir Eric Zemmour (voir ToutEduc ici) ou Marine Le Pen pour la prochaine élection présidentielle, quatre syndicats estiment dans un communiqué qu'il s'agit d'un phénomène très marginal que “les médias montent en épingle“. Ils rappellent qu'en 2017, “moins de 5% des enseignant·es et des personnels de l’éducation ont voté pour Marine Le Pen“, et considèrent que “le monde de l’éducation a jusqu’alors résisté à la percée de l’extrême-droite de ces dernières décennies.“
L'UNSA-Education, la FSU, Sud Education et la CGT Educ’action se disent “convaincu·es que cette résistance aux idées d’extrême-droite est bel et bien indissociable des aspirations qui président aux métiers de l’éducation“. Ainsi être professionnel de l’éducation, c’est notamment “faire sien l’héritage des Lumières, de la Révolution française, des conquêtes républicaines, contre l’obscurantisme et la pensée rétrograde“, c'est également “avoir la conviction que chaque élève a sa place dans notre société, œuvrer au quotidien pour la tolérance et, à l’échelle de sa classe, de son établissement, pour que les préjugés antisémites, racistes, LGBTIphobes et sexistes ainsi que toutes les formes de discriminations reculent (ce qu’exigent les programmes scolaires), ou c'est encore “assumer la ferme conviction que notre objectif est bien de former des citoyen·nes éclairé·es, et que la pédagogie, la bienveillance, la construction de la confiance avec les élèves et les familles, l’innovation ne sont pas des gros mots mais bien les leviers d’une école qui permette à toutes et tous de réussir.“
A l'inverse, même si pour les syndicats signataires plusieurs années de tentative de “dédiabolisation” ont pu le faire oublier, les récentes interventions de certains de ses représentants les plus médiatiques le confirment : “l’extrême droite incarne le courant politique issu en droite ligne de l’opposition à la République et à ses valeurs“.
Selon l'intersyndicale, l’extrême droite “ne condamne jamais l’insuffisance des moyens attribués à l’éducation, ne parle jamais des vraies difficultés des personnels qui ont vu leurs conditions de travail se dégrader. Jamais l’extrême droite ne porte un regard critique sur les inégalités scolaires et sociales des élèves qui n’ont cessé de se renforcer.“
“Vent debout contre ce qu’elle appelle le pédagogisme”, d'après le communiqué l'extrême droite “revendique un retour à l’école de l’estrade et des punitions, porte dans la société une vision décliniste et rétrograde de l’école, dans laquelle les enseignant·es seraient au fond les idiot·es utiles d’une menace sourde sur le destin de la France.“ Enfin, celle-ci est désignée comme “hostile à l’immigration, au féminisme, aux droits des personnes LGBTQIA+ : dans le champ de l’éducation, elle s’est illustrée ces dernières années par son opposition à toutes les politiques visant à promouvoir l’égalité“, et porte “la lourde responsabilité de la désignation des enseignant·es comme bouc-émissaire des colères identitaires.“
Le communiqué ici