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A Créteil, le parcours préparatoire au professorat des écoles met en lumière les lacunes des étudiants dans les fondamentaux

Paru dans Scolaire le lundi 08 novembre 2021.

“Les enseignants font remonter des difficultés dans les fondamentaux“ explique ce lundi 8 novembre à Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal un des professeurs qui donnent cours depuis la rentrée aux 35 élèves de la première promotion “parcours PPPE“ au lycée Léon Blum de Créteil.

L'an dernier, 1307 candidats s'étaient présentés pour participer à l'expérimentation d'un parcours préparatoire au professorat des écoles, adossée à une licence en Sciences de l'Education dispensée conjointement avec l'université Paris-Est Créteil (UPEC). Et malgré une très forte sélection, c'est un constat de la professeure d'Histoire-Géographie, lors d'exercices dans lesquels les phrases produites “ne font pas sens. Ils ne s'en rendent pas compte“, ajoute-telle, ce que corrobore sa collègue de Lettres qui évoque un “compagnonnage très douloureux“ avec des filles qui “ne lisaient pas“.

Béances

Jean-Michel Blanquer a évoqué avoir conscience de ces “fragilités“ ou “béances“ (notamment en maths et français). Il souhaite par le biais du PPPE “les prendre le plus en amont possible“, pour “avoir une solidité de contenus“ chez les futurs professeurs, répétant plusieurs fois l'idée de “renforcer les fondamentaux“. Il a posé la question de savoir “comment rehausser le niveau“ dans la société numérique actuelle qui entraîne des problèmes chez les jeunes, notamment de concentration.

Le professeur de philosophie de la promo fait remarquer que les étudiants ont une “facilité à parler des propos convenus“, il parle même d'un “langage vécu comme un code où l'on s'envoie des signaux“ mais souligne le manque de réflexion et la “faiblesse des structures argumentatives“. Plusieurs enseignants ont cependant noté l'intérêt pédagogique du dispositif, y voyant “une innovation dans la matière d'enseigner“, et permettant, contrairement au baccalauréat, de ne pas viser un résultat direct et de “se poser des questions“. Car, semble-t-il, s'opère chez ces étudiants un décalage entre leur motivation, jugée très forte, “à jouer le rôle d'enseignants“ et leurs capacités réelles.

L'entrée en Master MEEF pour devenir professeur des écoles (enseignant de 3 à 11 ans, ndlr) se fait ici à travers une licence spécifique et parallèle à un cursus universitaire classique, avec une évolution qui voit les étudiants passer de 75 % du temps au lycée la première année à 25 % la troisième, l'inverse s'opérant pour offrir une entrée progressive en faculté.

Le niveau, l'attractivité du métier et la diversité des parcours ainsi que des profils (il n'y a qu'un seul homme dans cette classe préparatoire) sont au cœur des problématiques abordées durant cette visite ministérielle destinée à recueillir des informations, impressions et à mettre en avant ce dispositif tout juste démarré. “C'est vrai qu'il y a du retard“ a d'ailleurs indiqué le ministre de l'Education au sujet des salaires des enseignants, estimant qu'il y avait consensus pour dire que les augmenter est une priorité nationale, qu'à l'échelle de la France “des efforts à ce niveau“ avaient été faits, alors que ce sujet se retrouve selon lui dans beaucoup de pays.

Jeunes et poli.e.s

Avant les enseignants, les ministres ont pu échanger avec des étudiants “très engagés“ dans la formation, comme le mentionne la proviseure Michèle Maréchal. Ils ont témoigné de “l'avantage d'être 30 (qui permet) que des liens se créent“ (contrairement à l'université où ils sont 300, ndlr), du “fait d'être accompagné dans les études supérieures“, “de l'intervention d'inspecteurs.trices qui viennent parler de ce métier“. Si leurs parcours au lycée promeut la diversité des spécialités (maths, espagnol, etc..) les ayant conduits à cette licence, est noté que “les niveaux ne sont pas les mêmes“ bien que “ça nous apprend à enseigner et à aider les autres“.

Frédérique Vidal a d'ailleurs demandé si certains étudiants souhaitent promouvoir le dispositif PPPE à travers le recueil de témoignages vidéos sur le site de Parcoursup. Elle a mis en avant la problématique de la “motivation“ dans l'accueil des étudiants qui “s'entretient“. La ministre de l'enseignement supérieur a estimé que le dispositif était “très très prometteur“ et qu'il “coche tout ce qu'on avait imaginé comme étant nécessaire“. Elle a loué “des politiques dont on n'attend pas de résultats visibles à échéance électorale“, dont le PPPE montrerait les “prémices de bénéfices qu'on espère beaucoup plus grands“.

Alors que les étudiants viennent de plusieurs départements de l'Ile-de-France, la question d'un possible hébergement en internat a été mentionnée par Jean-Michel Blanquer, tout comme celle de la possibilité d'effectuer des stages à l'étranger hors Union Européenne.

La “collaboration très étroite“ entre des cultures vraiment très différentes (éducation nationale et monde universitaire) a par ailleurs été soulignée, cependant la question du financement de ce dispositif n'a pas été abordée, alors que des appels à projets ont été lancés pour l'étendre. 20 à 25 nouvelles promotions sont annoncées pour septembre 2022, l'objectif étant d'en avoir deux par académie.

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