SNU 2021 : l'objectif de mixité sociale non atteint, les jeunes qui n'étaient pas volontaires insatisfaits (UNSA)
Paru dans Périscolaire le mercredi 13 octobre 2021.
“L’objectif de mixité sociale n’est pas atteint“ réagit l'UNSA-éducation suite à la parution le 8 octobre d'une évaluation du SNU (Service national universel) 2021 par l'INJEP.
En préambule de son étude, l'INJEP indique que les profils et les motivations des 15 000 jeunes du séjour de cohésion version 2021 “sont similaires“ à ceux des 2000 participants de 2019, et analyse la mixité sociale comme “modérée“. En 2021, 4 % des participants vivent dans un quartier prioritaire de la ville, contre 8 % des jeunes de 15 à 17 ans. Les enfants d’artisans, commerçants et chefs d’entreprise sont surreprésentés (17 % des pères parmi les participants contre 9 % au sein des personnes en emploi) tandis qu'au contraire, les enfants de pères ouvriers sont sous-représentés (18 % chez les participants, contre 30 % des personnes en emploi).
De plus, concernant le parcours scolaire, explique l'INJEP, “la grande majorité des jeunes viennent de secondes générales et technologiques (78 %). Les filières professionnelles (secondes professionnelles et CAP) sont fortement sous-représentées : seuls 11 % des participants au SNU sont issus de ces filières, alors que 33 % des jeunes sont scolarisés dans ces niveaux en France.“
L'INJEP souligne en outre les profils “spécifiques“ des jeunes s’étant inscrits pour participer au SNU, qui “pour un certain nombre, s’inscrivent dans un projet de carrière dans un corps en uniforme“ : par exemple, à 53 % l’armée arrive en tête des domaines qui attirent les jeunes participant au SNU. L'institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire parle d'ailleurs d'une surreprésentation des enfants de “corps en uniforme“ parmi les participants au SNU qui, comme en 2019 “reste prégnante en 2021“.
L'UNSA-éducation précise que “l’objectif affiché du gouvernement était de 25 000“ participants au dispositif, et considère que “d’Universel, pour l’instant ce service national, n’en a que le nom. Les deux phases de préfiguration (2019 et 2021, avant une montée en charge puis une généralisation prévue pour 2024, ndlr) n’ont pas permis d’atteindre un objectif de mixité et de représentativité de toutes les jeunesses de France.“
Pour les deux SNU de 2019 et 2021, “la participation provient d’une démarche volontaire du jeune ou de sa famille.“, explique en effet l'INJEP. Or la généralisation du dispositif en 2024 s'accompagnerait d'une obligation de participation pour tous les jeunes de 15 à 18 ans. Il est donc intéressant de regarder le vécu des 10 % de participants à qui le SNU a été imposé, “dans l'immense majorité des cas par (leur) famille (83 %)“. Il y aurait 14 % des garçons “non volontaires“ contre 6 % de filles.
Parmi ces 1 500 non-volontaires, selon les données de l'INJEP, 19 % se disent insatisfaits de leur expérience SNU. Ils considèrent deux fois plus souvent que les autres participants qu’il y a eu trop d’activités lors du séjour de cohésion et trop de règles de discipline. Ils ont également plus difficilement vécu l’éloignement de chez eux (23 % contre 9 % des autres participants), de même que les horaires et l’organisation des journées (jugées “très difficiles à vivre“ pour 20 % d’entre eux contre 8 % pour les autres participants). Ils ont moins adhéré aux symboles et aux valeurs véhiculées par le SNU, et 24 % d'entre eux n’ont pas trouvé l’uniforme important pour la cohésion du groupe. En conséquence, conclut l'INJEP, les “non volontaires“ répondent “deux fois plus souvent (à 38 %) que les autres participants qu'un SNU obligatoire ne serait pas utile à la société “.
De son côté, l'UNSA-éducation rappelle “défendre les démarches de l’éducation populaire“ pour renforcer l’éducation citoyenne. Il évoque les conditions de travail des personnels chargés de mettre en œuvre le SNU et trouve inacceptable que celui-ci se soit ajouté à toutes les autres missions, à moyens constants voire réduits.
L'évaluation de l'INJEP ici
Le communiqué de l'UNSA-éducation ici