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L'aide à l'orientation, la formation continue des enseignants, l'attractivité des métiers.. au coeur des débats de l'université école-entreprise

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 07 octobre 2021.

Est-ce que les diplômes sont bien adaptés aux entreprises, aux métiers de demain ? “Il n'y a pas de mauvaise volonté d'un coté ni de l'autre, mais un certain nombre de blocages qu'il faudra lever“ expliquait Laurent Escure, secrétaire général de l'UNSA-éducation, à l'occasion d'une des tables rondes organisées pour la première université école-entreprise au Palais des Congrès du Futuroscope, où de nombreux professionnels du monde économique et de l'Education Nationale étaient réunis ce jeudi 7 octobre. Il voit un problème de confiance dans les métiers en tension, et ajoute : “augmenter le salaire, ça se fait parfois, il faut regarder la qualité de vie au travail, (..) faire bon accueil au jeune.“

Le président de la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises), François Asselin a lui relaté l' “angoisse des familles et des employeurs“, et estime que la marque employeur doit être attrayante et “savoir donner du sens, porter un projet d'entreprise pour que le jeune puisse se projeter“.

Pour Edouard Geffray, Directeur général de l'enseignement scolaire au ministère de l'Education, deux choses sont importantes, faire connaître tout ce qui existe (via des présentations de métiers) et permettre aux jeunes de tester et d'expérimenter. Il reconnaît que “là-dessus, on a à la fois beaucoup fait, et on a encore beaucoup à faire“. Il a précisé être en accord avec l'idée d'un maillage territorial renforcé, mais ajoute qu' “il faut faire attention à ne pas enfermer les jeunes dans la vision de leur bassin“.

Selon lui, “on a perdu des élèves dans le monde professionnel pendant 15 ans. Depuis 2018 ça augmente (+ 4% 2019, + 10 % 2020 selon ses chiffres, ndlr), ça n'est pas par hasard. Il y a un travail de conviction sur terrain, d'adaptation des diplômes aux réalités de l'emploi et via l'apprentissage.“

Il dit mettre à disposition des outils pour mesurer l'évolution de l'offre de formation pour chacun des diplômes. Pour que la voie professionnelle devienne une réelle voie d'excellence dans l'esprit des familles et des élèves, il faut donner à voir l'excellence, il faut accueillir, et il faut adapter pour répondre aux besoins. En amont, il faut que “cela devienne un choix positif“. Est alors évoqué par le ministre le lancement d'une semaine de la voie professionnelle le 6 décembre.

Pour améliorer l'insertion professionnelle, a été évoquée dans ces tables rondes l'idée d'établir “une passerelle entre différentes certifications“, ou encore celle d'une évaluation des compétences pour changer d'orientation et éviter de se voir coller une étiquette. Autre sujet, un des problèmes de la productivité qui serait le manque de compétences pour le métier occupé, avec une “spécialisation trop forte“ alors que serait nécessaire un socle de base. L'orientation subie, le choix par défaut seraient encore trop prépondérants quant à l'engagement dans la voie professionnelle.

“Je pense qu'on vit depuis des années, collectivement, une faillite de l'exigence. On délivre des diplômes qui ne reflètent pas le niveau des jeunes. On est obligés de les former“ estime François Asselin qui parle de “constats concrets“ face à la violence de l'arrivée dans l'entreprise. Plusieurs interlocuteurs ont exprimé la même idée d'une baisse de niveau, avec des diplômes trop facilement obtenus.

Pour Philippe Jehanno, président de l'UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie), les difficultés de recrutement sont importantes malgré 120 000 à 150 000 postes offerts. Il parle d'une “industrie mal connue, à l'image décalée“ dont on évoque plus souvent les difficultés dans les médias. Il considère que l'orientation vers l'enseignement technologique et professionnel est vue comme une voie de secours par rapport à la filière générale, vue comme filière d'excellence. Selon lui, “aujourd'hui les jeunes posent beaucoup de questions sur l'objectif de l'entreprise, ils veulent se rassurer sur leur épanouissement au travail, c'est une évolution très forte.“

“Lu sur un bulletin : Il n'est bon qu'à faire de l'apprentissage“, raconte Cécile Hitier, cheffe de l'entreprise Duchesne et impliquée dans les CFA du bâtiment. Elle constate la “pénurie de vocations“, les difficultés de recrutement alors que selon elle “dans le bâtiment on gagne bien sa vie“.

Valérie Ferret (3DExpérience Edu, Dassault systèmes) a vanté l'exemple de “course en cours“ (voir ici), concours scientifique visant à susciter des vocations et auquel 10 000 élèves participent, mais sans dynamique nationale, ce qu'elle regrette. Elle voudrait faire découvrir des usines en 3 dimensions, ou encore proposer des stages “virtuels“ en entreprise. Elle pense qu'il manque un “lien de communication un peu plus direct avec les enseignants“.

Pour redonner de la valeur à la filière pro aux yeux des familles, selon Antoine Frérot, le PDG de Véolia “il faut commencer par parler des métiers car les jeunes ne les connaissent pas. Il souhaiterait également, comme dans la filière générale, mettre en avant les champions : Pourquoi ne pas faire un concours général et mettre en scène les champions ? On revaloriserait ainsi les élèves.“

Cependant, pour Edouard Geffray, “le sujet c'est qui en parle. Il y a une responsabilité collective. Si une autorité fait un tweet il y aura un écart de likes de 1 à 10. Il faut qu'on donne à voir le talent des jeunes qui sont dans ces voies-là. Il faut que d'autres prennent le relais, notamment médiatique.“

Concernant la formation continue des enseignants, ce dernier estime qu'il n'y a “pas la maille qui était attendue,“ qu'elle est “quantitativement insuffisante, très dispersée et ne répond pas toujours au besoin“. Une plus grand offre en entreprise devrait être proposée, notamment pour les professeurs principaux. Le nombre de professeurs qui ira en entreprise pour découvrir l'entreprise devrait être multiplié par deux, et passer de 5000 à 10 000.

CLEE (comités locaux école-entreprise), Campus des métiers, P-Tech (IBM).. plusieurs dispositifs ont ensuite été présentés pour resserrer le lien formation-emploi.

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