L'offre de formation des collèges différente de ce que l'on imagine (revue Education & Formation)
Paru dans Scolaire le mercredi 06 octobre 2021.
Près de six collèges sur 10 ont une section bilangue, mais ce n'est le cas que de quatre collèges privés sur 10 alors que deux collèges sur trois en REP+ et près de sept sur 10 en REP en ont une. De même, plus de 20 % des collèges ont une section européenne, mais seulement 14 % des collèges privés contre 17 % des collèges en REP+ et 21 % des collèges REP. C'est l'un des éléments marquants d'un article consacré à "l'offre de formation des collèges dans les territoires" (S. Maugis et A. Stéfanou) publié dans la revue Education & Formation qui propose dans son dernier numéro "des approches nouvelles" pour les "territoires de l'éducation".
Les deux auteurs y montrent que les sections linguistiques, sections internationales, européennes, orientales et bilangues sont plus fréquemment présentes dans des collèges situés en milieu urbain, mais, qu'à l'inverse des sections bilangues, les sections internationales sont rares puisqu'elles ne sont proposées que dans 104 collèges, le plus souvent très favorisés (2 sont REP+, 4 REP). C'est encore plus net pour les 8 collèges (dont 6 sont publics, 2 en REP) qui ont une section orientale.
Les collèges ayant une "classe à horaires aménagés", musique le plus souvent, "sont peu nombreux et très urbains" et plus souvent défavorisés : 7,2 % des collèges publics ont une CHA : 10,7 % des collèges REP+, 9,9 % des collèges REP et 6,4 % des collèges hors éducation prioritaire. En ce qui concerne les "langues et cultures de l'Antiquité", elles sont davantage enseignées hors éducation prioritaire, puisqu'elles sont proposées dans 93 % des collèges publics hors EP, 88 % des collèges REP et 75 % des collèges REP+. Les auteurs se sont également intéressés aux sections sportives que l'on trouve dans 47 % des collèges REP+, 4 collèges REP sur 10 et un tiers des collèges hors éducation prioritaire. Au total, on compte "davantage d'offres de formation" (y compris SEGPA et ULIS) dans les collèges de l'éducation prioritaire.
Dans un autre article, J. Lévy, S. Koseki et I. Sartoretti se demandent si la localisation prédispose à l'échec ou à la réussite scolaire. Ils ne trouvent qu'un très faible écart dans la réussite des élèves "selon le gradient d'urbanité de la commune où ils habitent" et trouvent "un plus faible taux d'échec (au brevet et au baccalauréat) chez les élèves des communes les plus rurales". Mais ils ajoutent que "le problème fondamental des campagnes isolées ne vient pas pour l'essentiel du système éducatif, mais de ces espaces eux-mêmes, pauvres en ressources favorables à la construction de jeunes personnalités". Et pour eux, "les résultats médiocres du système français sont logiques : les pratiques pédagogiques et didactiques dominantes sont peu favorables à l'autonomie, c'est à dire à l'acquisition de compétences, ce qui défavorise grandement les élèves ne disposant pas hors de l'école, dans leur famille ou dans des environnements plus larges, de dispositifs qui favorisent leur construction de capacités cognitives", et qu'ils doivent être capables d'aller chercher.
Education & Formation, n° 102, publié par la DEPP, 486 p., téléchargeable sur le site Education.gouv.fr ici