Les élèves sportifs de haut niveau vers un double cursus
Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 30 septembre 2021.
“Nous avons eu un rapport à l'INSEP, un rapport très important sur la scolarité des sportifs de haut niveau en prenant notamment l'exemple de l'académie de Créteil (territoire de l'INSEP). Nous avons reçu avec beaucoup d'intérêt les propositions qui sont dans ce rapport. Probablement nous les suivrons toutes ou presque toutes. Nous avons à l'esprit d'arriver à un véritable statut du sportif de haut niveau, et ça bénéficiera de la fusion des ministères et du fait que l'on peut avoir dès l'école, dès le collège, dès le lycée une politique en la matière.“, expliquait J-M Blanquer lors de la conférence de presse de rentrée du ministère des sports le 10 septembre dernier.
La synthèse de ce rapport, que ToutEduc s'est procurée, explique que “les dispositifs d’enseignement actuels restent centrés sur le domaine scolaire sans prendre en considération les spécificités des sportifs en dehors de l’école“. Elle ajoute que les sportifs inscrits dans un cursus de formation “doivent concilier de manière analogue leur pratique sportive d’excellence ou d’accession au haut niveau et leurs études sans garantie de bénéficier de réels aménagements pour un double projet équilibré“, et que les compétences développées dès le plus jeune âge par les sportifs dans leur spécialité “nécessitent un environnement spécifique qui est différent de celui de l’école mais qui doit nécessairement se combiner à une formation scolaire planifiée et programmée“.
En outre, selon ce groupe de travail si les compétences scolaires sont planifiées et programmées dans des cycles d’enseignement, ce n'est pas le cas des compétences de la formation de haut niveau qui sont “révélées“ dans quatre champs d’apprentissages communs (apprendre à s’entraîner, performer, gagner et récupérer).
Ainsi, est évoquée la “bascule sémantique“ aujourd'hui nécessaire d'un double projet vers un double cursus, plus à même d'expliciter le quotidien réel d'un élève sportif de haut niveau jusqu'ici peu reconnu. Et même si ils sont peu nombreux, “ce qui est attendu d’eux dans la représentation internationale mérite que nous puissions définir clairement leur statut d’élèves à besoins particuliers et le reconnaître“, précise le document.
Pour “envisager favorablement la bascule du double projet vers le double cursus de formation“ est ainsi préconisé tout d'abord de reconnaitre dans un cadre réglementaire le statut d’Élève sportif de haut-niveau (ESHN) et le champ de la formation à la haute performance sportive comme un réel domaine d’apprentissage spécifique et exigeant. La deuxième recommandation consiste à faire valoir les besoins particuliers d’une formation spécifique (avec une évolution sportive en plusieurs étapes, des objectifs d’excellence avec des temporalités d’accès à la haute performance variables selon l’âge, le sexe et les disciplines sportives, et des modalités d’entraînement spécifiques en fonction des disciplines sportives).
Le document propose également d'inscrire le double cursus de formation comme la nouvelle organisation des aménagements de la scolarité et des examens, et de publier régulièrement, à l’instar des enseignements scolaires, les contenus à la formation du haut niveau transversaux à l’ensemble des disciplines. Il préconise d'installer un pilotage stratégique et fonctionnel au niveau des régions académiques chargé de l’évaluation et du suivi, ainsi qu'une scolarité aménagée au sein des CREPS et OPE si la possibilité existe.
Enfin, l’aménagement de la scolarité devrait être inscrit dans l’évolution du cahier des charges du label Grand INSEP, label qu'il conviendrait de faire rayonner sur les écoles et les établissements scolaires partenaires du sport de haut niveau.
La conférence de presse ici (voir à 1'06'56)