Les politiques éducatives sous la coupe du "court-termisme des médias" (Recherche, UK)
Paru dans Scolaire, Culture, Orientation le jeudi 03 juin 2010.
La pression du court terme prime dans les prises de décisions politiques, selon une étude qui analyse 30 années de politiques éducatives anglaises. La recherche, menée par le CFBT Education Trust (organisme de recherche indépendant) et relayée par la BBC datée du 2 juin, souligne que les pressions médiatiques conjuguées à un certain opportunisme de la classe politique influencent largement l'action publique en matière d'éducation, davantage que l'opinion publique ou la recherche en Education.
L'étude, qui sera rendue publique prochainement, passe en revue les pressions subies par les gouvernements conservateurs et travaillistes consécutifs depuis les années 1970. Elle souligne que le court-termisme des médias exerce une influence "disproportionnée" sur les élites politiques, "rendant caduques le développement de stratégies gouvernementales sur le long-terme".
"Le temps de carrière réduit des ministres explique également pourquoi l'action politique est peu planifiée", observe la recherche, qui met par ailleurs en évidence un certain sentiment d'urgence au sein des gouvernements, l'idée du "quelque chose doit être fait" qui pousserait les acteurs politiques à prendre des mesures "donnant l'impression d'un contrôle". En outre, les conseillers politiques jouiraient d'une plus grande audience que les chercheurs en éducation auprès des élus.
Selon l'étude, le statut des experts et des chercheurs aurait nettement regressé au cours des dernières années. L'opinion publique serait très peu prise en compte par les politiciens, souligne également la recherche.
L'étude anglaise se conclut sur des propositions pour réduire le "fossé entre les résultats des recherches et les choix politiques". Elle suggère la mise en place d'un système d'évaluation des politiques éducatives "sur le modèle des expertises indépendantes réalisées sur les grande questions de santé publique". Elle enjoint également les experts de la recherche à "éclairer l'agenda politique de manière plus pragmatique".