La FSU dénonce un empilement de réformes illisible
Paru dans Scolaire le jeudi 09 septembre 2021.
"Les réformes s'empilent, le système est illisible", estime Benoît Teste. Le secrétaire général de la FSU ouvrait sur ces mots, ce 9 septembre, la conférence de presse de la fédération et il ajoute que l'appel à la grève pour le 23 septembre semble recevoir un bon accueil dans les établissements scolaires : "les personnels ont le sentiment de ne pas être entendus", d'autant qu'en termes de revalorisation salariale, "le bilan est très mauvais, la prime d'attractivité ne compense pas les pertes".
Les secrétaires générales du SNUIPP (1er degré) et du SNES (collèges et lycées) s'inquiètent plus particulièrement des questions de personnels, notamment du recrutement de "contractuels alternants", ces étudiants qui, moyennant un salaire assez faible, ont une charge d'enseignement qu'ils assurent en plus de la préparation du concours et leur master. "Les étudiants ne sont pas intéressés", note Guislaine David (SNUIPP). Dans l'académie de Lyon, alors qu'étaient attendus 345 "contractuels alternants", seuls quelque 70 jeunes étaient présents le jour de la rentrée, précise Sophie Vénétitay (SNES), des classes se retrouvant sans enseignant. Il semble d'ailleurs que les démissions d'enseignants titulaires, un phénomène jusqu'ici marginal, se multiplient. Le SNUIPP en compte 24 en Ille-et-Vilaine par exemple. Dans le second degré, pour la première fois, on recruterait des contractuels pour faire fonction de CPE, tandis que la gestion des enseignants contractuels, notamment dans l'académie de Versailles, serait erratique.
Les deux syndicalistes mettent également en exergue la question des effectifs. Dans le 1er degré, les dédoublements absorbent les 6 500 emplois créés depuis 2017, aux dépens des autres classes qui sont surchargées. Dans le second degré, 7 480 postes ont été supprimés quand l'augmentation des effectifs aurait justifié d'en créer 7 000... Résultat, les classes de collèges comptent fréquemment 28 ou 30 élèves et les classes de lycée 36 ou 37. S'ajoute à ce niveau "la désorganisation" des emplois du temps du fait de la réforme et des enseignements de spécialité...
Pour sa part, Sigrid Gérardin, co-secrétaire générale du SNUEP (enseignement professionnel) pose la question de l'apprentissage, dont le Gouvernement vante les mérites et l'augmentation du nombre des contrats signés, mais sans préciser qu'ils concernent surtout les niveaux BTS et au-delà. S'agissant du plan "1 jeune - 1 solution" et de l'obligation de formation des 16-18 ans, elle dénonce l'absence de bilan et la prolifération de formations courtes, qui ne permettent pas d'accéder à une qualification. Plus globalement, elle s'inquiète de l'absence de moyens de "France compétences" pour contrôler la qualité des formations qui se créent à profusion. Elle constate que les organisations patronales qui se plaignaient de ne pas trouver les compétences qu'ils recherchaient ont actuellement la main sur les formations, mais se plaignent toujours et elle en conclut que mieux vaudrait investir sur des formations longues, et adaptées aux besoins de la société, par exemple sur les métiers mobilisés par la transition écologique. Mais les contenus des formations ne bougent pas.