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Enseignement agricole : Le “manque d'ambition“ et de “vision d'avenir“ du ministère de l'agriculture (SNETAP)

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 02 septembre 2021.

“On ne comprend pas pourquoi le protocole est aussi faible“, se demande, ce jeudi 2 septembre, Frédéric Chassagnette, du SNETAP. Le co-secrétaire général du syndicat FSU de l'enseignement agricole public déplore qu'il n'y ait pas de protocole adapté, et dénonce plus généralement un manque d'anticipation face à la crise sanitaire, estimant repartir en cette rentrée scolaire “avec les mêmes problèmes que l'an dernier“.

De nombreuses questions pratiques restent pour l'heure en suspens selon le syndicat : qu'en est-il de la campagne vaccinale et qu'est-ce qui est proposé ? Un nombre très limité d'établissements (un cas en Lozère est évoqué) feraient l'objet d'une stratégie clairement mise en place. Que devient le testing ? s'interroge également Frédéric Chassagnette, qui souligne que la campagne de l'année dernière a reçu “un taux extrêmement faible de réponse des familles, car ce n'était plus le moment mais déjà les examens“. Enfin, il pose la question du rattrapage pour beaucoup de jeunes ayant des déficits causés par des formations très perturbées (souvent en demi-jauges) et propose une pédagogie différenciée jusqu'en octobre en allégeant quelques points du programme. Aussi, souhaitant qu'un bilan sur l'impact de la pandémie voie le jour, le co-secrétaire général regrette de n'avoir aucun élément “ni en termes de moyens ni en termes d'organisation“ de la part du ministère de l'Agriculture.

En charge de la pédagogie et de la vie scolaire, Olivier Bleunven parle lui de “précipitation et (de) manque d'informations“ pour caractériser les réformes des diplômes en cours. Il en est ainsi de l'examen terminal, qui disparaitrait totalement du BTSA (BTS agricole), les établissements pouvant aller jusqu'à 100 % de CCF (contrôle en cours de formation), créant selon lui un diplôme “semestrialisé“. Il perdrait également son poids dans la délivrance du Bac STAV (Sciences et technologies de l'agronomie et du vivant), pour lequel le CCF serait abandonné au profit du Contrôle Continu (à 40 %, ndlr) mis en place avec la réforme du Bac GT. Olivier Bleunven se dit favorable à l'évaluation terminale pour l'anonymisation qu'elle confère, face au risque d'évaluation permanente ressentie par certains élèves etdu fait de la complication des rapports avec certaines familles.

Avec en outre la modification du tronc commun en bac pro ou de spécialités du BTSA, pour Frédéric Chassagnette toutes ces réformes ont pour intention “au bout du bout d'augmenter l'autonomie des établissements afin de réduire les coûts, et notamment le nombre de postes“.

Fragilisés, tendus en cette rentrée, le syndicaliste explique que les personnels de l'enseignement agricole “ne sont pas rassurés sur plan pédagogique“ et il pointe une forte inquiétude sur l'avenir de ces diplômes. Il voit d'ailleurs se construire “une unanimité des organisations syndicales contre ces réformes“, face à une forme de brutalité du ministère. “Le budget de l'Enseignement agricole est une peau de chagrin qui se rétrécit au fur et à mesure“, abonde Claire Pinault, qui voit une mission du ministère de l'Agriculture “très peu défendue“, sans moyens de se développer, d'ouvrir des classes et “d'assumer notre mission de service public“ alors qu'elle voit des entités privées apparaitre de plus en plus.

A ce propos, Frédéric Chassagnette rappelle que d'un côté, sur la période 2019-2022, ce sont 300 ETP (équivalents temps plein) qui seront supprimés dans l'Enseignement agricole, et surtout dans le secteur public, alors que d'un autre, la loi “liberté de choisir son avenir professionnel“ de 2018 a permis l'ouverture de CFA privés (comme l'école d'agriculture Hectar de Xavier Niel et Audrey Bourolleau), “en concurrence directe“ avec les CFA publics ou les lycées agricoles.

Ont été mis en avant les problématiques de l'EMC et de la philosophie, dont les élèves de bac pro seront les derniers, en France, à ne pas avoir d'enseignement cette année (prévu pour 2022). Olivier Bleunven s'attriste de plus d'un ajout à moyens constants et non obligatoire : “ce n'est pas matérialisé par des heures, cela ne sera pas une matière reconnue“. Le syndicat a également fait part de son souhait d'un nouveau schéma national des formations, pour répondre aux défis que sont le renouvellement des nombreux agriculteurs qui partiront en retraite et la transition agroécologique, sujets pour lesquels le ministère “manque d'ambition“ et de “vision d'avenir“.

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