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Cités éducatives, 1er bilan d'étape : de l'enthousiasme sur le terrain, mais une démarche encore fragile, très perturbée par la crise sanitaire (rapport CNOE)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture, Orientation le jeudi 19 août 2021.

“Quand on regarde les axes réellement investis en ce début d’existence, on note que les thématiques relatives à la sécurisation des parcours, aux relations avec les familles, au numérique et à la culture sont les plus prégnantes dans les plans d’actions des Cités éducatives. Les thématiques les moins investies sont : le renouvellement urbain (12 Cités), l’égalité filles-garçons (30 Cités)“, commente le Comité National d'orientation et d'évaluation (CNOE) dans son premier bilan d’étape portant sur les 80 cités éducatives lancées en 2019.

Selon sa présidente Sylvie Charrière, ce projet, qui s'est depuis démultiplié pour atteindre un objectif de 200 cités éducatives d'ici à 2022, consiste à “s’appuyer sur la richesse associative, économique, humaine du territoire pour construire des alliances éducatives entre des mondes qui parfois s’ignorent." Elle estime en effet qu' “au moment où de nombreuses études (INSEE, OCDE) montrent que l'ascenseur social est grippé, il est essentiel de trouver des pistes pour améliorer l'égalité des chances. Le premier levier essentiel est évidemment l'école, l'éducation prioritaire a cette ambition, néanmoins cette politique publique installée depuis 1981 ne semble pas, à elle seule, parvenir à ses fins.“ Ainsi, le rapport expose la démarche des cités éducatives : un programme national d’appui aux dynamiques locales de coopération éducative dans les quartiers à faible mixité sociale, et dans ses recommandations il précise qu' “elle n’est pas un dispositif de plus, elle est avant tout une démarche originale.“

Ce premier bilan fournit donc un aperçu où “80% des Cités (63 sur 79) ont indiqué un retard dans le déploiement de leur programme d’actions. Ce retard est principalement lié au contexte de crise sanitaire. Certaines Cités évoquent également le versement tardif des crédits ou encore le manque de ressources humaines opérationnelles pour mettre en œuvre le plan.“

“Il faut également souligner qu’un nombre important d’actions n’a pu être engagé du fait des confinements (en particulier les actions de formations inter-acteurs et certaines actions culturelles)“, explique le rapport du CNOE, ce que ToutEduc a également constaté au contact d'acteurs de la cité éducative Portes du XXème à Paris, certaines actions impliquant des parents d'élèves n'ayant pu être réalisées au cours de l'année 2021 en raison de la crise sanitaire. Revenant sur la pandémie, le bilan du Comité d'évaluation signale que “le modèle de fonctionnement des Cités éducatives a montré sa pertinence en situation de crise, il a pu montrer qu’il n’est pas un dispositif de plus mais un facilitateur de mobilisation collective. Il reste à le conforter, en prolongeant, par temps calme, les habitudes collaboratives, la considération des acteurs, et leur mobilisation.“

Il recommande de porter une attention particulière à la gouvernance locale “qui doit être équilibrée, horizontale, en phase avec le terrain, et disposer d’une marge d’autonomie“, mais également à “l’école hors l’école, que la crise a rendue nécessaire par les collaborations entre acteurs“ et qui “doit être un acquis pour la suite, autour notamment du numérique éducatif, du mentorat, et du couple enseignants/parents à conforter, ainsi que du rôle du tissu associatif“. De plus, “comme l’a montré par exemple l’enjeu de l’aide alimentaire“, est importante la prise en charge globale des enfants et des familles en difficulté, à organiser avec l’ensemble des acteurs sanitaires et sociaux.

Enfin, le CNOE souhaite que “le champ des pratiques culturelles, particulièrement disparate selon les familles, doit faire l’objet d’un effort redoublé, notamment pendant la période des vacances et à la rentrée, afin d’ouvrir plus largement l’horizon des enfants et des jeunes des quartiers concernés.“

Au-delà de l’effort d’équipement informatique et numérique, le CNOE considère qu' “il est absolument essentiel de travailler sur l’usage pédagogique des outils et applications numériques en multipliant les collaborations entre enseignants et intervenants extra-scolaires, et parents. Il est tout aussi essentiel de poursuivre et intensifier les travaux engagés autour des attendus des enseignants. La structuration de tiers-lieux peut aussi aider à la réduction de la fracture numérique. Les activités, les pratiques culturelles et artistiques devront être ‘relancées‘ dès que la situation sanitaire le permettra. Enfin les séjours éducatifs, les activités de loisirs et de vacances, appuyés sur les mouvements d’éducation populaires doivent pouvoir continuer.“

Par ailleurs, il est souligné que “la plupart des actions concernent majoritairement le public d’âge scolaire (de 3 à 16 ans). Les Cités sont conscientes de l’effort de réflexion nécessaire sur les publics âgés de 16 à 25 ans et sur la petite enfance.“ Le comité relève de même que “très peu de Cités ont bâti un groupe de travail thématique embarquant des acteurs essentiels : la région (en charge de l’orientation et de la formation), le monde économique (chambres de commerce, clubs d’entreprises,...), la DIRECCTE, les missions locales, les missions de lutte contre le décrochage scolaire, les éducateurs spécialisés, les proviseurs de lycées, les directeurs de CFA,... Cela est, sans aucun doute, lié au positionnement du chef de file au niveau collège et, même si le maire (ou un de ses adjoints) est président de la mission locale, là encore, il est rare que tous ces acteurs soient réunis pour aborder ensemble des thématiques allant du stage de 3ème, au raccrochage des jeunes du collège, à la carte des formations, à la mise en œuvre de l’obligation de formation des 16-18 ans,...“

Dans ses conclusions, le CNOE dit se réjouir “de ce que la démarche de cités éducatives, ait mobilisé, mis en mouvement, autant d’acteurs et de l’enthousiasme constaté sur le terrain“, mais constate que “la démarche est encore fragile“. Le comité explique que cette démarche se veut expérimentale et que “la jeune histoire des 80 premières Cités doit permettre de préciser les critères nécessaires à la définition d’un cahier des charges de labellisation“. Il conclut en exprimant son espoir que “l’expérimentation en cours permette une modélisation des ‘méthodes et des actions inspirantes‘, spécifiques à des territoires urbains fortement ségrégués.“

Le rapport 2020 du CNOE ici

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