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Pour O. Toutain, nouveau président de la PEEP, la question de l'harmonisation des pratiques de notation va se poser (interview exclusive)

Paru dans Scolaire le jeudi 15 juillet 2021.

Olivier Toutain vient d'être élu président de la PEEP. Il arrive à la tête de la fédération de parents d'élèves alors que certains syndicats d'enseignants, hostiles au contrôle continu pour le baccalauréat, craignent que les familles n'interviennent et tentent de faire pression sur les professeurs en cas de mauvaises notes.

ToutEduc : Une fédération d'associations de parents d'élèves peut-elle jouer un rôle de régulation des conflits que pourrait générer la place prise par le contrôle continu ?

Olivier Toutain : La PEEP a accompagné la réforme du lycée, et au niveau des responsables, nous étions majoritairement d'accord avec les principes de la réforme, mais, contrairement à l'autre grande Fédération, nous n'étions pas demandeurs du "tout contrôle continu". Nous avions d'ailleurs constaté les difficultés créées par la mise en place des E3C (les épreuves communes de contrôle continu en 2019, ndlr) quand des enseignants se sont révoltés. D'autres difficultés sont devant nous. Mais il est vrai que nos associations ont un rôle à jouer. De notre côté, il nous arrive régulièrement d’intervenir auprès des parents pour leur expliquer ce qu’il est possible de dire ou faire et ce qu’il ne l’est pas, et surtout, surtout pourquoi. On a du travail à faire, des deux côtés...

ToutEduc : Comment le voyez-vous du côté de l'institution ?

Olivier Toutain : Il va falloir revisiter la notion de notation, comme j'ai eu l'occasion d’en parler avec Monsieur le ministre, Jean-Michel Blanquer. C'est l'équité qui permettra d'éviter les conflits, et elle suppose un travail d'harmonisation de la notation au niveau national, et tout d’abord au niveau de l'établissement. Si dans un même lycée, deux professeurs de la même discipline, ou deux enseignants d'une même classe notent très différemment, cela sera source de tensions. Imaginez une classe où les élèves sont plutôt bons dans toutes les matières sauf une, les parents vont se poser des questions... Et au niveau national, pour que les élèves aient partout les mêmes chances, il faudra aussi trouver les moyens d'harmoniser les pratiques autour de la notation.

ToutEduc : Ne craignez-vous pas que cela soit vu par les enseignants comme une remise en cause de leur liberté pédagogique ?

Olivier Toutain : C'est incontestablement un gros travail qui attend l'institution. De plus, l'équité suppose que les enseignants absents soient remplacés au plus vite, car un élève qui n'aurait pas eu de cours d'anglais ou de biologie par exemple pendant plusieurs mois serait davantage désavantagé par le contrôle continu et l'absence de notes sur une longue période que par une épreuve terminale, avec la possibilité d'un travail intensif pour rattraper un peu du temps perdu. Je l'ai vu dans un lycée où un remplaçant très dynamique a sauvé tout ce qui pouvait l'être en quelques semaines. Or les absences de moins de quinze jours ne sont pas remplacées, ce qui crée de vraies difficultés en cas d'absences "perlées"...

Nous sommes également très inquiets de voir fondre le vivier des remplaçants.

ToutEduc : Avez-vous sur ce sujet des informations ?

Olivier Toutain : Nous n'en avons pas au niveau national, mais nous voyons dans plusieurs collèges, notamment en éducation prioritaire, que les enseignants contractuels ne sont pas renouvelés, et qu'ils risquent de faire défaut à la rentrée. De plus, ces personnels ont souvent apporté leur aide dans des dispositifs de soutien et de rattrapage pour les élèves en difficulté, autant de moyens en moins sans doute, et autant de sujets de préoccupation.

ToutEduc : Comment voyez-vous la rentrée ?

Olivier Toutain : Avec un gros point d'interrogation ! Cela dit, si par malheur une quatrième vague amenait un nouveau confinement, nous avons vu que l'Education nationale et les collectivités savaient réagir très rapidement. Nous savons également qu’une très grande majorité d’enseignants est capable d’ingéniosité et de créativité pour garder le contact avec leurs élèves et/ou étudiants. Néanmoins, nous espérons que les élèves et les étudiants, quel que soit leur niveau d’étude (primaire, collège, lycée et supérieurs), seront en mesure d’effectuer une rentrée la plus normale possible, et qu’ils pourront retrouver une scolarité "classique" au sein de leur classe ou de leur amphithéâtre. Dans tous les cas, il est souhaitable que les cours de rattrapages soient mis en place, comme durant l’année qui vient de s’écouler, jusqu’aux vacances de la Toussaint.

Propos recueillis par P. Bouchard, relus par O. Toutain

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