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La vision de la laïcité est-elle une question de génération ? (Fondation Jean-Jaurès)

Paru dans Scolaire, Culture le mercredi 07 juillet 2021.

L’Observatoire de l’éducation de la Fondation Jean-Jaurès constate, dans sa dernière enquête menée avec l'IFOP sur 801 enseignants des 1er et 2nd degrés, “un clivage générationnel très net au sein du corps enseignant sur la question des tenues religieuses des usagers des services publics en général, et de ceux du service de l’enseignement en particulier.“

Selon Krançois Kraus (IFOP), cette étude révèle en premier lieu que les enseignants semblent en moyenne plus tolérants à l'égard du port de signes religieux que l'ensemble des français (35 % de taux d'adhésion des enseignants pour les parents d'élèves accompagnant bénévolement les enfants lors de sorties scolaires contre 26 % pour l'ensemble de français ; 35 % d'enseignants y sont également favorables pour les usagers de services publics, contre 22 % pour le reste des français).

Mais cette différence d'une dizaine de points masque des disparités en raison de l'âge des enseignants : “Très imprégnés du relativisme culturel de leur génération sur ces questions“, explique le directeur du pôle "politique actualité" de l'institut de sondage, les "jeunes" enseignants (de moins de 30 ans, ndlr) seraient 38 % à être favorables au port de signes religieux ostensibles pour les agents de service public, alors que seuls 24 % des enseignants âgés de plus de 50 ans y seraient favorables. La fondation se demande alors s'il s'agit “d’un manque de formation sur les principes qui régissent le statut de fonctionnaire ou bien une prise de position en connaissance de cause qui renvoie à une pénétration importante dans notre société comme dans la jeune génération.“

De même pour la définition de la laïcité, un clivage s'établit entre générations. Les jeunes enseignants sont 32 % à considérer que la laïcité, c’est la mise sur un pied d’égalité des religions, contre 10 % pour ceux âgés de 50 ans et plus. A l'inverse, 34 % des enseignants les plus âgés considèrent avant tout le principe de la laïcité comme un moyen de séparer les religions et la politique, contre 18 % pour les plus jeunes.

De façon homogène au contraire, les enseignants en général considèrent à 37% le principe de la laïcité comme un moyen d'assurer la liberté de conscience, contre à peine un quart des français partageant cette position, ce que la fondation interprète comme une “vision très ‘juridique‘ de la laïcité“, complétée par une vision plus ou moins "minimaliste" de cette même laïcité, voire même une “lecture assez littérale“ de la laïcité quand ils la décrivent comme assurant la liberté de conscience. La fondation Jean-Jaurès conclut avec l'idée que “les jeunes professeurs se distinguent même souvent de leurs aînés par une adhésion assez nette aux principes d’une laïcité ouverte, libérale et inclusive dominant la plupart des sociétés anglo-saxonnes.“

Concernant l'adhésion aux grandes lois actuelles en matière de laïcité, les jeunes enseignants sont 74 % à être favorables à la loi de 2010 interdisant le port d'un voile intégral couvrant le corps et le visage dans dans la rue et les espaces publics, tandis que 97 % des plus âgés y adhèrent. De même, les deux tiers des enseignants de moins de trente ans sont favorables à l'instauration d'une épreuve de laïcité pour les candidats à un concours d'enseignant, soit 15 points de moins que les plus âgés d'entre eux.

Pour la fondation Jean-Jaurès, l'introduction d'une épreuve de laïcité dans le concours d'enseignant, une des “propositions issues de la droite“, est “massivement soutenue“ par les enseignants (75 % en moyenne).

Enfin, l'enquête évoque les “différentes attitudes (perçues) comme remises en cause de la laïcité“, qui pour l'ensemble ont peu évolué en 17 ans, sauf la remise en cause de la mixité dans les cours (+11 points depuis 2004) et “les demandes de viande halal/casher dans les cantines scolaires (qui) sont désormais interprétées comme une remise en cause de la laïcité par une majorité d’enseignants du secondaire public (à 65%), alors qu’ils n’étaient qu’un sur trois à le percevoir de la sorte il y a dix-sept ans (35% en janvier 2004)“.

L'enquête LES ENSEIGNANTS, LA LAÏCITÉ ET LA PLACE DES RELIGIONS A L'ÉCOLE ici

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