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Elèves sourds : mieux former les enseignants, une clé pour la réussite (rapport CSEN)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 06 juillet 2021.

“Il est très difficile d'être un élève sourd en France." Ainsi s'exprimait hier Caroline Huron (psychiatre, Inserm) lors d'une conférence de presse du CSEN (Conseil scientifique de l'Education nationale), établissant un état des lieux et des recommandations sur la scolarisation des élèves sourds en France.

Ils sont ainsi 10 000 enfants sourds de la maternelle au lycée, poursuit Stéphanie Colin (Lyon 2), aux trois quarts dans des établissements scolaires ordinaires, disposant d'aménagements pour ceux qui en ont besoin, d'aides techniques, humaines, de dispositifs pédagogiques adaptés, qui sont suivis par des équipes pluridisciplinaires, et “c'est déjà énorme, mais ça reste insuffisant“ selon l'avis de la chercheuse.

Caroline Huron précise que la réflexion de son groupe de travail au CSEN portait sur la facilitation de la scolarisation, afin notamment d'améliorer les conditions du passage d'examens des candidats atteints de surdité. Selon elle, les aménagements mis en œuvre pour compenser les difficultés liées au handicap tout au long de l'année doivent être présents pendant les examens, mais “ce qui pose problème c'est la procédure, très lourde, avec un passage par les médecins scolaires“. La chercheuse recommande une continuité des aménagements, et pense à une évaluation de l'efficacité du décret (ici) devant les simplifier.

“Les études révèlent un retard académique (“non propre à la France“, ajoute Stanislas Dehaene, président du CSEN, qui animait la présentation du rapport, ndlr), des personnes atteintes de surdité“, souligne Stéphanie Colin, par exemple concernant les apprentissages fondamentaux tels que la lecture, estimé à environ six années de retard. Elle décrit alors le panorama de ces situations qui ont des conséquences à la fois professionnelles et personnelles, avec un taux encore insuffisant d’étudiants sourds, un taux de chômage quatre fois plus important, et de nombreuses détresses psychologiques dont témoigne un taux de suicide beaucoup plus important.

L'universitaire met en avant les témoignages de personnes atteintes de surdité pour qui la raison de cette détresse venait du besoin de maîtrise d'une langue. Deux existent aujourd'hui, la LSF (langue des signes française, ndlr), “la plus connue, une véritable langue, naturelle avec sa propre syntaxe et ses règles de grammaire ainsi que sa culture“, et la LFPC (langue française parlée complétée, ndlr), “un système d'aide à la communication qui, associé à lecture labiale et au code gestuel, lève l’ambiguïté que peut amener la lecture labiale“.

Les chercheurs ont dailleurs “remarqué que les études étaient menées sur un large public mais qu'elles ne prenaient pas en compte l'hétérogénéité des cas“, dans lesquels se retrouvent de multiples situations différentes (niveau de surdité, appareil ou non, implant..).

Dans ses recommandations, le rapport rappelle donc l'importance d'un dépistage de la surdité dès la rentrée en petite section, de façon systématique, avec un suivi au primaire afin de tester les enfants étrangers nouvellement arrivés. Il préconise de plus d'évaluer convenablement ces enfants. Pour ce faire, un groupe de travail a été mis en place par la DEPP (le service statistique de l'EN) avec pour objectif “de permettre au professeurs d'identifier les difficultés des élèves pour mettre en place des outils de remédiation“, indique Elodie Persem, professeure spécialisée et chargée d’études à la Depp.

Pour mesurer les compétences cognitives des élèves sourds, ont été réalisées des évaluations avec supports (par exemple des vidéos complémentaires en LSF et LFCP, ndlr), ainsi que des guides proposés aux enseignants, autour de trois éléments : ne pas gêner la lecture labiale, simplifier les consignes (ce qui, par extension, bénéficie à tous les élèves par la suite), apporter des instructions aux enseignants.

Il est également nécessaire, selon les chercheurs, d'apporter une langue précocement, de manière structurée et régulière : “Il n'y a aucun risque cognitif ou affectif avec le bilinguisme, à condition que les langues soient valorisées et maîtrisées par ceux qui la diffusent“, conclut Stéphanie Colin.

Concernant ces derniers justement, selon la chercheuse “il faut rajouter la LSF ou LFPC dans l'éducation des élèves sourds, ce qui sous-entend que les enseignants concernés soient formés ou mieux formés (niveau C1) car sinon eux aussi sont dans le mal-être, dans la difficulté pour transmettre leurs connaissances, il faut réagir face à cette situation“. Elle pense possible de mettre davantage d'heures de formation initiale et continue, et voit “tout un système à mettre en place pour qu'un véritable enseignement soir possible“.

 La note du CSEN ici

 

 

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