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Les manques de l'Ecole face au harcèlement et au cyberharcèlement (audition au Sénat)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Justice le vendredi 02 juillet 2021.

“Les conséquences sont lourdes en matière de harcèlement et de cyberharcèlement, pour la santé mentale des enfants et des jeunes, et l'actualité nous le rappelle régulièrement, c'est que ce harcèlement peut pousser jusqu'au suicide“, soulignait hier 1er juillet la Défenseure des droits lors d'une nouvelle audition de la mission d'information consacrée au harcèlement scolaire et au cyberharcèlement.

Claire Hédon a évoqué une atteinte aux droits “constitutifs“ à l'éducation (depuis la loi de 2019 pour une école de la confiance, ndlr), expliquant que le harcèlement peut provoquer des difficultés scolaires, de l'absentéisme voire une déscolarisation chez certains enfants. Selon elle les derniers chiffres de l'Education nationale laissent entrevoir une légère baisse des situations de harcèlement entre 2011 et aujourd'hui, mais leur nombre et les conséquences qu'elles peuvent entraîner restent très préoccupantes.

Elle a ainsi dressé plusieurs constats, comme celui de certaines équipes pédagogiques qui ont du mal à prendre en compte des situations qui se passent en dehors du cadre scolaire : “C'est le cas par exemple quand un cas de harcèlement commis sur un élève dans l'enceinte de l'établissement s'inscrit dans le prolongement d'un harcèlement qui est dit de quartier, et dans ces cas-là les protocoles anti-harcèlement sont peu appliqués, les faits sont considérés comme des faits de violence qui ne trouvent pas leur origine au sein de l'établissement, et la solution envisagée par les chefs d'établissements et les services académiques consiste parfois à déplacer l'enfant victime dans un autre établissement. Une telle solution crée pour l'enfant une rupture dans sa scolarité qui peut être très grave et suppose parfois le déménagement de la famille.“

Autres constats, certains établissements ne se saisiraient pas encore suffisamment des outils existants pour lutter contre le harcèlement, comme les écoles privées sous contrat type écoles catholiques ; certaines équipes pédagogiques peineraient à identifier et à réaliser l'ampleur des faits de harcèlement (violences banalisées, équipes démunies ne sachant pas traiter le problème), avec une réaction de l'institution tardive ou absente.

Elle estime en outre que les conséquences du cyberharcèlement “seraient encore plus importantes que celles du harcèlement du fait des caractéristiques particulières", comme l'anonymat, le pouvoir de dissémination, le public élargi, ajoutant que “face à l'écran, les victimes sont souvent très seules, elles ne peuvent pas être aidées“, et que souvent, le cyber-harcèlement serait le prolongement à la maison du harcèlement à l'école, ne laissant “aucun répit“ aux victimes.

Au niveau du service du défenseur des droits, elle assure que “cette réalité prend de l'ampleur notamment avec le développement des réseaux sociaux, mais nous sommes de fait encore très peu saisis de situations de cyber-violence et particulièrement de cyber-harcèlement“.

Auditionné à son tour, Eric Debarbieux, fondateur de l'Observatoire international de la violence à l'école, ne constate pas d'augmentation du niveau global du harcèlement mais plutôt une stagnation. “On sait que les liens entre cyberharcèlement et climat scolaire sont très forts“, a-t-il poursuivi : “80% des agresseurs identifiés sont des élèves de l'établissement“, et précisant que le harcèlement relevait plus d'une affaire de groupe que d'individu en milieu scolaire.

Dans la lutte contre ces phénomènes, il a par ailleurs estimé qu' “une des erreurs qu'on a faite, c'est de ne pas assez prendre en compte l'école primaire, et de beaucoup trop se focaliser sur le second degré“, pointant le fait qu'il n'y ait pas de vie scolaire à l'école primaire. Enfin, Eric Debarbieux suggère qu “un des problèmes que l'on a avec le harcèlement scolaire c'est quand on n'a pas des équipes qui sont assez solides, avec un turn-over qui peut atteindre 50, 60% (dans certains établissements, ndlr)“.

La vidéo ici

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