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Covid-19 : hausse des informations préoccupantes mais le confinement a pu être facteur d'apaisement (XIVes Assises de la Protection de l'Enfance)

Paru dans Petite enfance, Scolaire le mardi 29 juin 2021.

Consacrées notamment cette année  à l'impact de la crise sur les enfants et les familles et les organisations, les XIVes Assises de la Protection de l'Enfance, se sont ouvertes le 24 juin à Nantes sur la présentation d'études relatives à l'impact de la crise sanitaire sur les enfants et les familles, sur le fonctionnement des organisations et l'évolution des pratiques professionnelles. La première étude révèle des "effets très contrastés", avec des dégradations mais également des bénéfices du confinement sur les enfants placés, indique Agnès Gindt-Ducros, la directrice de l'Observatoire national de la protection de l'enfance (ONPE). Ces enfants déclarent avoir été "en détresse" parce qu'ils n'y avaient plus de rencontres avec leurs amis, mais l'étude a mené à "un constat étonnant" durant le premier confinement, celui d'un "apaisement" de ces mêmes enfants.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cet "apaisement", selon la directrice de l'ONPE, notamment une augmentation de la disponibilité des adultes, "un temps retrouvé avec les assistants familiaux", et une pression scolaire moindre à ce moment là. Néanmoins, les effets peuvent être "très contrastés". L'effet a été "positif surtout pour les enfants de 6 à 10 ans qui ont bénéficié de la présence des adultes à domicile".

Augmentation de 30 % des informations préoccupantes durant le premier confinement

Sur la question de la maltraitance, en revanche, la plupart des travaux et données recueillies montrent une augmentation de ces dernières, effet qui était "beaucoup redouté", souligne Agnès Gindt-Ducros. Les premiers chiffres consolidés sur les informations préoccupantes de 2020 ne seront pas disponibles avant fin 2021 mais des informations recueillies par l'ONPE ou encore par le n°119 Enfance en danger permettent déjà des observations. Le numéro d'appel d'urgence a dû faire face à une augmentation de plus de 56 % des appels entre le 18 mars et le 8 mai 2020. Ce qui représente 800 appels supplémentaires traités par rapport à la même période de 2019. Et cette hausse des appels a donné lieu à une augmentation de 30 % des informations préoccupantes. Le 119 note aussi des caractéristiques particulières dans ces appels : davantage d'appels faits par les enfants et les voisins (taux qui est passé de 10 à 16 %) et une des violences psychologiques (de 28 à 32 %) alors que la proportion des appels pour des violences physiques est restée la même.

L'augmentation de la maltraitance à cette période a également été mise en avant par une étude de neuro-pédiatrie qui souligne l'augmentation de la proportion des admissions pour ce motif pour les 0-5 ans. Enfin, la directrice de l'ONPE fait référence à une étude américaine qui a montré la corrélation entre la perte d'emplois et l'augmentation de la maltraitance envers les enfants, surtout de la maltraitance psychologique. Agnès Gindt-Ducros souligne que ces effets ne se sont pas concentrés sur la seule période de confinement, puisque, à partir de l'automne, a été constatée une augmentation des informations préoccupantes ainsi que des placements.

Les conséquences perçues différemment par les professionnels selon les postes qu'ils occupent

L'impact sur les professionnels de la protection de l'enfance et leurs pratiques a également été observé au travers de plusieurs enquêtes et travaux, un quinzaine notamment menées par l'ONPE, le HCTS (Haut conseil du travail social), l'Assemblée nationale, IDEE93 (Inter-association départementale pour l'éducation et l'enfance de Seine-Saint-Denis), ainsi que l'ODAS, dans le cadre de son enquête annuelle menée en préparation des Assises. Les répondants observent que le confinement de 2020 "a durablement changé les pratiques" et les a "percutés", et surtout, ils sont majoritaires à juger ces changements positifs. Néanmoins, nuance Marie-Agnès Féret, chargée d'études à l'ODAS, les conséquences sont perçues différemment selon les postes occupés. Ainsi, les travailleurs sociaux sont "moins satisfaits que les cadres", même si les premiers ont eu le sentiment de "revenir sur leur cœur de mission". Une satisfaction moindre au final qui peut s'expliquer, selon la chargée d'études, par "l'organisation descendante" qui fait que ces travailleurs sont "destinataires des consignes". Plus de la moitié des acteurs, sans distinction de postes, ont le sentiment par ailleurs que les relations entre les différents acteurs de la protection de l'enfance ont été "inchangées".

C'est du côté des professionnels de l'Éducation nationale que se sont fait ressentir "les effets les plus négatifs", surtout là où les coopérations éducatives étaient déjà "défaillantes". Plus de la moitié d'entre eux ont constaté des effets délétères de la crise sur les apprentissages, et une majorité (46 %) des effets sur la santé mentale et / ou les troubles du comportement.

Néanmoins, ces professionnels, tous secteurs confondus, ont majoritairement eu le sentiment, alors que les rencontres n'étaient plus possibles lors du confinement, que les relations se sont renforcées avec les familles (37,1 %) et sont devenues plus équilibrées (21,4 %).

Camille Pons

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