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Investir dans la petite enfance suppose de s'inquiéter des bébés en situation de détresse (A. Guedeney, "Un bébé n'attend pas")

Paru dans Petite enfance, Scolaire le dimanche 27 juin 2021.

"Le lien d'attachement est prioritaire est vital chez un jeune enfant, il ne faut pas lui infliger de séparations trop précoces ni trop durables", estime Antoine Guedeney. Pédopsychiatre, il a inventé une échelle de mesure de la souffrance du bébé (ADBB) dont il propose dans "Un bébé n'attend pas" une description, expliquant notamment dans quel paysage intellectuel et scientifique il se situe, quelles sont les origines de la pédopsychiatrie, comment il a été personnellement amené à relativiser, voire à contester les apports de la psychanalyse à la compréhension du tout petit, mais donnant au passage des pistes de réflexion et d'action aux professionnel.le.s de la petite enfance.

C'est ainsi qu'il s'émeut de la faiblesse des budgets consacrés en France aux 0-3 ans. La Finlande, alors qu'elle vivait une grave crise économique, "a sanctuarisé le budget dévolu à la prévention et à l'intervention précoce", ce qui "reste encore du domaine de l'utopie en France", un pays où on s'étonne qu'une femme allaite jusqu'à 6 mois, où on met les enfants de 2 mois en crèche, "sans exigence de qualité et sans ratio professionnel/petit enfant suffisant". C'est que "l'instinct principal à l'oeuvre chez le petit d'homme n'est pas sexuel, ce n'est pas non plus l'agressivité, ce n'est même pas la recherche du plaisir : c'est la sécurité", et celle-ci constitue donc son premier besoin. Il a aussi besoin qu'on s'adresse à lui avec "politesse" : "Ne le touchez pas avant qu'il ne vous touche (...), évitez les lunettes noires, qui empêchent le bébé de voir votre regard." C'est qu'un bébé, "si petit soit-il, nous regarde avant même qu'on le regarde", il cherche le contact, il a besoin de liens, d'attachement.

C'est pourquoi A. Guedeney, déçus de la timidité des préconisations de la commission des 1000 premiers jours, particulièrement attentif aux difficultés des enfants retirés à leurs parents et placés "préconise la limitation à un mois, renouvelable une fois au maximum, du séjour en pouponnière (...) et que le changement de famille d'accueil soit toujours une décision collégiale entre juges, ASE (aide sociale à l'enfance) et lieu de soins". Il considère d'ailleurs que l'Etat devrait "donner les règles et les limites de l'action de l'ASE, de la PMI et s'assurer de l'efficacité de leur action" au lieu de déléguer "entièrement" la protection de l'enfance aux Départements.

A noter encore que pour lui, c'est à 3 ans que l'enfant entre en maternelle "avec profit", mais "de préférence à temps partiel".

"Un bébé n'attend pas, Repérer, soigner et prévenir la détresse chez le tout petit enfant", Antoine Guedeney (préface de Boris Cyrulnik), Odile Jacob, 240 p, 22,90€

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