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Des diplômes qui ne correspondent plus aux emplois ? (CEREQ)

Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 21 juin 2021.

Les individus sont-ils aujourd'hui sur-diplômés par rapport au poste qu'ils occupent ? Comment le contexte du marché du travail depuis 50 ans et les politiques éducatives ont-ils fait évoluer les qualifications ? C'est à ces questions que le CEREQ tente de répondre à travers dernier "bref".

Selon cette étude, les normes de qualification, héritées des "Trente Glorieuses", “sont des constructions sociales qui postulent une relation d’équivalence entre les formations et les emplois“. Le Centre d'études et de recherches sur les qualifications ajoute que ces normes restent “une référence commune en matière d’orientation scolaire et professionnelle : les élèves et les familles ont ainsi en tête que le CAP et le bac pro préparent aux emplois d’ouvriers et employés, les BTS et DUT aux emplois de techniciens ou d’agents de maîtrise, ou encore les masters et les grandes écoles aux emplois d’ingénieurs et cadres.“

Pourtant selon le CEREQ, depuis de nombreuses années, on assiste à une “élévation continue du niveau de diplôme des nouvelles générations“, conséquence de l'augmentation des taux de scolarisation et de l'allongement de la durée des études, engagé au cours des années 1960 en réponse à la demande générale d’éducation des jeunes, des familles, des entreprises et des pouvoirs publics. "La massification de l’enseignement scolaire et universitaire fait écho aux orientations successives des politiques éducatives (collège unique, objectif de 80 % d’une classe d’âge au niveau du bac, objectif de 60 % d’une génération dans le supérieur), relayées par des réformes européennes comme le LMD (licence-master-doctorat) qui contribuent à tirer l’offre éducative vers le haut.“

Parallèlement, la note évoque une “montée en qualification des emplois“, avec pour illustration “la photographie du marché du travail publiée en 2020 par l’Insee qui indique que ‘pour la première fois, la part des cadres et professions libérales dans l’emploi total dépasse celle des ouvriers : elle atteint 20,4 %, contre 19,2 % pour les ouvriers‘ (hormis les employés non qualifiés des services dont la part continue de progresser, ndlr)“, ainsi qu'une “élévation du niveau de diplôme des actifs“, avec une forte augmentation des bac+3 et plus dont la part passe de 9% en 1994 à 25% en 2019. Pour le CEREQ, “la progression est spectaculaire dans l’industrie et les services, mais également perceptible dans la construction. La part des actifs, bac et bac+2, double sur la période dans l’industrie et la construction. Symétriquement, la part du CAP recule dans tous les secteurs dans des proportions voisines. La part des actifs sans diplôme est en net recul, de 38 % à 15 %, sans toutefois disparaître.“

Ainsi, conclut le centre d'analyse, “le niveau de diplôme des actifs s’élève sensiblement au cours de la période 1994-2019 et les emplois sont, en moyenne, de plus en plus qualifiés. Mais le premier est plus rapide que le second.“ Alors, en raison de ce décalage, “les emplois sont alimentés à des niveaux de diplômes toujours plus élevés, entraînant une déformation vers le haut de la structure des qualifications.“

Et de conclure avec l'idée que “la domination de l’enseignement supérieur long s’étend, au-delà de l’accès aux emplois d’ingénieurs et cadres, aux professions intermédiaires et aux emplois qualifiés des services. Un phénomène de déclassement en résulte pour les jeunes diplômés, objectivement ou subjectivement sur-diplômés par rapport aux emplois qu’ils occupent, au moins au début de leur vie active."

Deuxième effet, “la détention d’un baccalauréat tend à devenir la norme pour accéder aux emplois qualifiés, mais également aux emplois non qualifiés, dans l’industrie comme dans les services. L'accès au marché du travail devient alors plus difficile pour les jeunes sans diplôme et les ‘décrocheurs scolaires‘, les emplois d’exécution étant de plus en plus souvent occupés par des actifs diplômés.“ La note pointe alors le rapport ambivalent que les entreprises entretiennent avec les normes de qualification, entre survalorisation et relativisation du diplôme.

Enfin, selon le CEREQ, “la rénovation de la voie professionnelle (réforme du CAP et du bac pro), les politiques volontaristes de développement de l’apprentissage (objectif de 500 000 apprentis par an) et la professionnalisation des études supérieures (création des licences professionnelles et des masters) constituent des tentatives de contenir l'affaiblissement des normes de qualification. Il s’agit de rapprocher le contenu des formations des ‘besoins‘ des entreprises, et de développer l’alternance au sein des différents mondes sociaux de l’enseignement (général, professionnel et apprentissage).“

Le CERQ conclut en ouvrant le débat sur l'affaiblissement des normes de qualification, l'interrogation autour de la place du diplôme et le rôle pris par la compétence dans la relation à l'emploi.

Le bref n° 409 du CEREQ ici

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