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Réforme du baccalauréat et de Parcoursup: quelles conséquences ? Les sénateurs s'interrogent

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 16 juin 2021.

Pierre Mathiot, auteur du rapport “Un nouveau baccalauréat pour construire le lycée des possibles“, Bruno Bobkiewicz et Audrey Chanonat du SNPDEN ont répondu aux questions de sénateurs concernant la mise en place et les conséquences de la réforme du baccalauréat. Cette audition de la Commission de la culture, de l'éducation et de la communication du Sénat a également été l'occasion de discuter de la réforme du lycée et de la plateforme Parcoursup.

Pour Pierre Mathiot, une réforme de cette ampleur, c'est “Work in Progress, il y a des choses à faire évoluer, ça prend beaucoup de temps“. Il considère que la réforme du lycée se trouve “globalement installée dans le paysage, sur pied depuis 2019 pour les élèves de première“, tandis que la réforme du bac  a été impactée par la Covid-19.

Il a ensuite évoqué le choix des triplettes (de première) puis des doublette (en terminale), assurant que “plus de 50% des élèves choisissent des triplettes qui ne correspondent pas aux séries d'avant“. Cette liberté de choix “pose des problèmes“ selon lui. Il évoque 430 triplettes différentes et trouverait intéressant de réduire ce nombre.

Le problème des inégalités territoriales et sociales dans les choix d'options a été plusieurs fois soulevé par les sénateurs. Sylvie Robert, sénatrice d'Ille-et-Villaine, “partage les finalités“ de la réforme du lycée, et la trouve “en cohérence avec les offres emplois d'aujourd'hui qui demandent aujourd'hui des personnalités, des compétences improbables“. Selon elle, “on voit finalement que maths et physique sont demandés partout, on reste assez refermé dans des représentations“.

Pour Pierre Mathiot, concernant les enseignements optionnels, qui étaient auparavant “extrêmement bien rémunérés“ car n'étaient prises en compte que les notes au-dessus de 10. Les candidats avaient des notes “souvent  très élevées notamment en latin et en grec, et ça leur permettait souvent d'avoir une mention très bien. Avec la réforme , l'idée était ne plus prendre en compte les notes d'enseignement optionnel, au nom d'une politique de vérité des prix : si on fait une option on la fait parce qu'elle nous intéresse mais elle n'est pas comptée dans le bac. Ca a eu des effets de bord qui ne sont pas négligeables notamment sur l'abandon des options, en particulier celles auxquelles le ministre est très attaché, le latin et le grec. Le ministre nous a demandé de bosser sur la valorisation des enseignements optionnels à partir de l'année prochaine, nous allons faire des propositions en la matière, elles permettront de redonner un intérêt aux enseignements optionnels. Leur coefficient pourrait s'ajouter aux coefficilents actuels, mais sans qu'ils pèsent trop lourd. Autre option, prendre en compte l'ensemble de la note et non pas seulement les points au-dessus de 10." C'est pour lui une évolution nécessaire afin que les élèves qui suivent ces options “soient récompensés“ pour les heures passées sur ces enseignements.

Ce point rejoint la question des langues régionales, soulevée par le sénatrice de Gironde Monique de Marco, qui les voient “énormément impactées“ par la réforme du bac, et même “largement relayées au second plan“. Défavorisées, selon la sénatrice, ces langues“doivent être considérées au même titre que le latin ou grec, estime-t-elle.

Pour Pierre Mathiot, “dans la réflexion autour de la revalorisation des enseignements optionnels, les langues régionales vont trouver toute leur place“. Bruno Bobkiewicz, du SNPDEN, affirme “avoir soutenu la réforme du lycée“, estimant la question de la personnalisation des séries importante. Il évoque les difficultés non négligeables qui en étaient la contrepartie, comme la question des moyens, les effets sur des établissements de petite taille ou le financement des options.

Le secrétaire général du syndicat UNSA des personnels de direction voit un autre effet de la réforme, la “destruction groupe classe“ mais, ajoute-t-il les élèves ne semblent pas bouleversés par les changements induits par les choix d'options. Il pense que la logique de référent d'un groupe classe et non d'un professeur principal, est à affiner.

Sa collègue Audrey Chanonat, secrétaire nationale du SNPDEN, met en avant la filière technologique, soulignant une “attention à avoir“ sur l'attractivité de cette voie et une diminution du nombre des élèves "qui nous interpelle“ sauf en STMG qui représente 40% des effectifs.

Le "Grand Oral" est également questionné. Le sénateur de Maine-et-Loire Stéphane Piednoir dit “sa méfiance“ envers un exercice qui pourrait “favoriser ceux qui savent bien dire les choses“. Pour Pierre Mathiot, “c'est d'abord le fond qui doit primer, le risque étant que ça devienne purement et simplement de l’éloquence un peu à vide, il faut trouver un équilibre.“ Plusieurs sénateurs, dont Jacques-Bernard Magner du Puy-de-Dôme, aimeraient que cette épreuve soit préparée dès le collège. Annick Billon, sénatrice de la Vendée, se réjouit de cette épreuve mais pense que “les inégalités semblent exacerbées“.

Beaucoup des débats ont été occupés par Parcoursup, notamment autour de la hiérarchisation des vœux et de l'agenda de Parcoursup. Stéphane Piednoir parle d' “un petit peu moins de candidats mais de beaucoup plus de vœux, nous sommes à 13 vœux par candidats, cela explose". Il ne ne sait pas si la plateforme pourra supporter ça très longtemps.

Pour Bruno Bobkiewicz du SNPDEN, la question c'est la capacité d'accueil des établissements d'enseignement supérieur qui crée de l'insatisfaction. Pour lui, “chacun a une réponse, ce qui n'était pas le cas avec APB, sauf que l'effet induit c'est que les élèves ils jouent même si ils savent qu'à la fin ils ne le prendront pas“. La sénatrice de Seine-Maritime Céline Brulin, elle, ne sait pas “si on peut reprocher aux lycées de s'ouvir un maximum de possibilités“.

La vidéo ici

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