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Espérance Banlieues : Eric Mestrallet veut rester prudent malgré les résultats très positifs d'un sondage auprès des parents

Paru dans Scolaire le mercredi 16 juin 2021.

Selon une enquête de l'IFOP, menée auprès de quelque 300 parents d'élèves scolarisés dans des établissements du réseau "Espérance Banlieues", ceux-ci observent à 98 % que leurs enfants progressent, à 94 % qu'ils sont heureux d'aller à l'école, à 85 % qu'ils prennent confiance, qu'ils préparent leur insertion dans la société française, à 75 %, qu'ils "ont le sentiment d'appartenir à la communauté éducative de leur école". Eric Mestrallet, fondateur et président du réseau, répond à ToutEduc.

ToutEduc : Quels sont les résultats des élèves du réseau Espérance Banlieues ?

Eric Mestrallet : Ils sont très supérieurs à ceux de leurs homologues de l'éducation prioritaire puisque 94 % des élèves présentent une maîtrise satisfaisante de la lecture de mots à voix haute en fin de CP d’après les résultats des évaluations réalisées en juin 2020 sur la base des évaluations nationales de l’Education nationale en début de CE1, contre 66 % selon les chiffres de la DEPP (le service statistique de l'Education nationale, ndlr). Cela dit, il convient d'être très prudent sur le sujet. Nous aimerions bien constituer un sujet d'étude, que ces évaluations soient réalisées par les services officiels. En attendant, nous sommes en train de mettre en place un dispositif d'évaluation indépendant, et qui ne porte pas seulement sur les résultats "académiques" des enfants.

ToutEduc : Quelles sont les autres dimensions de l'éducation que vous souhaitez voir évaluées ?

Eric Mestrallet : Justement, cette dimension éducative. Par exemple, quel est le rôle que joue, ou ne joue pas, l'uniforme (obligatoire dans ces écoles, ndlr) dans le sentiment d'appartenance, et comment caractériser ce sentiment d'appartenance ? C'est pourquoi nous avons sollicité en 2017 le Socialab pour qu'il nous aide à expliciter notre démarche, qui porte sur les savoirs des enfants, mais aussi sur leur éducation, se sentent-ils bien dans la société française ? En ont-ils intégré les codes et les valeurs ? Nous nous interrogeons également sur le rôle de l'école dans la Cité, sa valeur intégrative. Les parents retrouvent-ils le chemin de la mairie ? L'école est-elle un lieu de paix, un pôle de socialisation ? Apportons-nous des réponses aux questions des parents qui se demandent comment mieux jouer leur rôle ? Les aidons-nous lorsqu'ils sont en situation d'illectronisme ? Où en sommes-nous de la mixité sociale et culturelle ? C'est un sujet auquel nous sommes particulièrement attentifs. Il est important que nous ayons une diversité de profils d’élèves dans nos classes, sachant que les frais de scolarité varient de 60 à 90 € sur 10 mois, avec des aides pour certaines familles. Nous sommes maintenant en recherche d'un cabinet, Socialab ou un autre, pour passer à l'évaluation proprement dite, quantitative et qualitative. Par ailleurs, une thèse sur l'économie de l'attention va être financée dans le cadre d'une "convention industrielle de formation par la recherche" (CIFRE).

ToutEduc : Votre école phare, à Montfermeil, a été fermée. Est-ce pour des raisons économiques ?

Eric Mestrallet : Oui, mais cela tient aussi à la fragilité de l'association locale qui la portait. C'est moi qui ai initié sa création, l'association est venue après, alors que pour les autres écoles, ce sont les acteurs d'un territoire, d'un quartier, d'une commune qui sont venus nous voir. Dans le cas de Montfermeil, nous l'avons portée à bout de bras aussi longtemps que nous l'avons pu, mais le soutien national ne pouvait se substituer à la structure locale indéfiniment. Toutes les familles ont bien sûr été accompagnées par Espérance banlieues et par la mairie et chaque élève a pu rejoindre en septembre 2020 un nouvel établissement correspondant à ses besoins.

L’école a eu une grande fécondité. Les directeurs de Roubaix, Le Mans, Sartrouville, par exemple, sont passés par Montfermeil et le réseau compte aujourd’hui 17 écoles.

ToutEduc : Où en êtes-vous de vos effectifs ?

Eric Mestrallet : Le réseau compte 800 élèves dans 74 classes et 17 écoles. A ce jour, nous en aurons 920 à la prochaine rentrée, mais sans augmentation du nombre de classes. Nous accueillons les enfants dès la maternelle sur certains territoires où l'offre n'est pas suffisante et où l'entrée en CP représente une difficulté plus importante qu'ailleurs, et jusqu'en 3ème. Quelques-uns nous quittent en 5ème pour avoir un dossier scolaire "public" lors de l'inscription au lycée, mais beaucoup restent jusqu'au bout du cursus.

ToutEduc : Qui sont vos enseignants ?

Eric Mestrallet : Pour 40 % d'entre eux, ils viennent du public ou du privé sous contrat, et ont donc un CAPES, un CRPE ou l'équivalent, CAFEP, CAER. Les autres ont tous un diplôme Bac+5 ou équivalent (25% de jeunes diplômés de grandes écoles et 33% en reconversion professionnelle). Les professeurs de primaire ont en moyenne 7 ans d’expérience d’enseignement. Et tous se retrouvent pour des formations communes sur les temps de vacances et entre pairs. Nous identifions en effet parmi eux des "enseignants référents" de la "méthode de Singapour", de la nécessité de conjuguer "personnalisation de l'enseignement" et "appartenance à un groupe" ou encore de "l'apprentissage conscient" (ou métacognition, ndlr).

ToutEduc : Comment êtes vous financés ?

Eric Mestrallet : La participation de l'ensemble des familles d'une classe représente 10 % de son coût, 70 000€/an au total, les associations locales trouvent par leurs propres moyens des mécènes ou des aides, qui représentent environ 3 M€/an au total, et le national collecte quelque 5 M€ qui sont, en grande partie, reversés aux écoles. Sur ce budget total, quelque 10 % proviennent de fonds publics. Nous ne souhaitons pas passer sous contrat, car nous considérons que notre modèle ne pourrait pas se développer au sein de l'Education nationale, mais nous pensons qu'il faudrait inventer un statut spécifique pour nos écoles. Nos écoles sont des petites entités où l’ensemble du corps professoral connaît chaque élève par son nom. C’est un élément essentiel pour faire de l’école un lieu de confiance, une première petite société. Nous ne sommes pas contre les autres, mais complémentaires.

L'enquête IFOP menée auprès des parents d’élèves Espérance banlieues ici

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