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Lourdes difficultés scolaires dans 3 départements d'Outre-Mer (mission d'information parlementaire)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le lundi 07 juin 2021.

Des “conditions pénalisantes qui expliquent, en partie, les difficultés scolaires persistantes“ selon un rapport sur l’enseignement dans les départements d’Outre-mer en dépression démographique remis à la délégation aux Outre-Mer le 1er juin à l'Assemblée Nationale. Martinique, Guadeloupe et Réunion sont en effet confrontées à un “contexte éducatif difficile marqué par de fortes contraintes“, exposent les rapporteurs de la mission d'information.

“Ces académies doivent faire face à des contraintes de transport scolaire. De nombreux élèves sont soumis à de longs trajets“, notent les rapporteurs, qui ajoutent à la liste des “conditions d’enseignement défavorables“ les aléas climatiques avec “la majorité des établissements scolaires (qui) ne sont pas climatisés et souvent mal ventilés“ et qui subissent également des coupures d'eau.

De plus, “dans ces académies, plus d’un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.“ explique la mission d'information. Par exemple, en 2017, à La Réunion, ce taux touchait 42 % des habitants et 47 % des mineurs, en Guadeloupe 34 % de la population et en Martinique 33 % de la population vivaient en dessous du seuil de pauvreté tandis que la moyenne dans l’Hexagone s’élevait à 14 %. A cela s'ajoute “le prix des fournitures scolaires, trois fois plus élevé que dans l’Hexagone“.

Quant aux conditions des établissements, le rapport révèle que “lors de leur audition, les syndicats se sont accordés à déplorer la situation catastrophique du bâti scolaire, un lycée en Guadeloupe a même été fermé pour dératisation. Le matériel élémentaire comme les éponges et la craie manque. De plus, la plupart des établissements devraient été désamiantés.“

Les rapporteurs soulignent les problèmes d'une restauration de mauvaise qualité. Ainsi selon le SNES-FSU, auditionné pour cette mission, “le secteur de la restauration scolaire pâtit d’une absence de concurrence en Martinique d’où sa piètre qualité, particulièrement dommageable alors que l’île fait face à des problèmes d’obésité et de diabète. L’étroitesse du marché entraîne un monopole de fait. Peu de prestataires privés sont en capacité de produire dans des volumes suffisants, et les opérateurs publics comme les caisses des écoles sont plus chères.“

Ils constatent ensuite “le nombre insuffisant de cantines, ce qui rend leur accès inégal selon le territoire. Ainsi en Martinique et en Guadeloupe le nombre de places ne peut répondre à la demande, particulièrement au collège.“

La “fracture numérique persistante“ est évoquée avec 22 % des élèves de Martinique qui ne bénéficient pas d’équipement numérique au sein de leur établissement. La situation est particulièrement tendue dans le premier degré où 26 % des écoliers ne disposent pas d’ordinateur.

Selon le rapport d'information, “ces conditions se traduisent par un fort taux de journées d’enseignement perdues et des difficultés à scolariser les enfants en situation de handicap“, des élèves qui “ne bénéficient pas des moyens auxquels ils ont droit.“

De ces “conditions pénalisantes“ découlent ainsi un “échec scolaire persistant“, avec notamment un taux de décrochage scolaire supérieur à la moyenne nationale. Les rapporteurs mettent alors en avant un des paradoxes du paysage éducatif antillais et réunionnais, où le taux de réussite au baccalauréat est fort (de l'orde de 90%) et le décrochage également. Selon eux, “les parents et enseignants sont en demande d’un fort niveau d’exigence scolaire conduisant à une forme d’élitisme et aggravant le décrochage scolaire pour les plus fragiles.“ Pour la rectrice de Guadeloupe, Christine Gangloff-Ziegler, “les résultats au baccalauréat sont bons car la partie des élèves en difficulté a délaissé le cursus scolaire avant de s’y présenter.“ D'où des “sorties précoces“ du système scolaire, avec, en 2019, un taux de 14,5 % en Guadeloupe, de 14,8 % en Martinique et de 18,4 % à La Réunion, contre 8,2 % dans l’Hexagone.

La mission rapporte un taux d’illettrisme “largement supérieur à la moyenne nationale“ atteignant 30% en Guadeloupe, Martinique et à La Réunion alors que “le taux de jeunes âgés de 16 à 26 ans rencontrant des difficultés dans le domaine de la lecture sur le territoire national s’élève à 11,8 %". Les rapporteurs déplorent, enfin, depuis une dizaine d’années, une “logique purement comptable“ dans la diminution des effectifs scolaires allant de pair avec des suppressions continues de postes d’enseignants.

En réponse à ces éléments, 56 recommandations ont été présentées à la délégation aux Outre-mer. L'examen de la situation de l'enseignement dans trois départements d'Outre-Mer confrontés à un vieillissement de leur population a été lancé suite à un important mouvement social survenu fin 2019 entraînant l’arrêt des cours dans les établissements scolaires publics.

La rapport de la mission ici

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