L'apprentissage après la 3ème en grande difficulté
Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 03 juin 2021.
“L’âge est un facteur significativement lié aux chances de signer un contrat“ analyse la DARES. Selon les données de la dernière étude du service statistique du ministère du travail, les candidats ayant 16 ans et plus ont 69% de chances de signer un contrat d’apprentissage (ce que l'on nomme taux d'accès), soit 7 points de plus que les jeunes âgés de 15 ans, âge de sortie de 3e sans retard scolaire.
Ainsi, pour la DARES, “ce résultat est cohérent avec la littérature qui montre que les sortants de 3e plus âgés ont une propension plus forte à entrer en apprentissage, ce qui a amené à faire le lien entre la diminution des redoublements dans le secondaire ces dernières années et celle des entrées en apprentissage“.
En sortie de 3e, ce sont 10% des élèves qui recherchent une formation par apprentissage. Mais entre 2008 et 2018, les entrées en apprentissage du secondaire ont fortement reculé, avec 46 000 contrats signés en moins. Des chiffres masqués par la hausse globale de l'apprentissage (+12 000 entrées) portée par les formations post-bacs. Selon une note de la DARES, “les politiques publiques en faveur de l’apprentissage ont pourtant été nombreuses et souvent centrées sur le secondaire“.
“La baisse de l’emploi des jeunes dans certains secteurs porteurs de l’apprentissage peut expliquer une moindre demande de travail de la part des employeurs“, explique le service statistique du ministère du travail, qui ajoute que “l’accès difficile de certains jeunes est aussi en partie lié à leur milieu social d’origine et à leurs difficultés à mobiliser des relations personnelles pour décrocher un contrat“.
En sortie de 3e, les domaines professionnels les plus fréquemment recherchés par les candidats à l’apprentissage sont les métiers de bouche (21 % des cas), suivis de la maintenance (17%) et du bâtiment et travaux publics (pour 16 % des candidats). Très demandé, le secteur de la maintenance possède un taux d'accès de seulement 58% pouvant résulter d'un fort niveau de tension sur le marché du travail.
Si un sortant de troisième, candidat à l’apprentissage, contacte en moyenne une dizaine d’entreprises, un tiers des élèves qui ont signé un contrat n'en ont contacté qu'une seule. La recherche d'un employeur dure en moyenne un peu plus de deux mois.
Parmi les sortants de troisième candidats à l’apprentissage, près de neuf sur dix déclarent avoir été aidés dans le cadre de leurs démarches pour contacter des entreprises, principalement par leurs familles et amis. Cette aide porte principalement sur la rédaction de CV ou de lettre de motivation (à 71%).
Un contrat d’apprentissage ne peut être valide sans l'inscription en CFA. Il est malgré tout possible d’être inscrit trois mois maximum dans un CFA sans avoir encore trouvé d'entreprise. 38% des candidats qui n’ont finalement pas signé de contrat avaient été retenus par un CFA, éventuellement à condition qu’ils trouvent ensuite un employeur. Être accepté par un CFA apparaît donc plus facile qu’être embauché par une entreprise et ne semble pas être le principal obstacle à l’entrée en apprentissage.
Enfin, parmi les candidats à l’apprentissage, les femmes sont trois fois moins nombreuses que les hommes (27% contre 73%). Concurrence, sursélection ou même “éviction dans les secteurs très masculinisés“, la DARES ajoute que les femmes auraient moins accès à l'apprentissage : elles sont 58% à signer un contrat alors que les hommes sont 65%.
La note de la DARES ici