L'importance de l'aide relationnelle face aux difficultés de l'école moderne (colloque de la FNAREN)
Paru dans Scolaire le mercredi 26 mai 2021.
“Il y a une inertie, on a beau impulser des réformes, le modèle reste inchangé“, explique le psychologue Serge Pittiglio. Dans le premier volet du colloque 2021 de la FNAREN (rééducateurs de l'Education Nationale) dédié à l'aide relationnelle face aux difficultés s’exprimant à l’école aujourd’hui, celui-ci explique comment la bascule de l'école opérée à la fin des années 1970 à la faveur de l'économie de marché a transformé le modèle éducatif.
Pour l'ancien enseignant spécialisé, les enfants sont devenus des prescripteurs (selon le terme marketing), ils ont désormais leur mot à dire et peuvent infléchir une décision parentale : “on dit à l'enfant, tu as besoin d'objets pour être toi-même, ce qui créé une centration sur les appuis narcissiques." Il est pourtant nécessaire de quitter ces appuis narcissiques pour s'ouvrir au monde, c'est ce qu'il nomme la logique de séparation et l'acceptation de l'altérité. Comment aider ceux qui rencontrent des obstacles à faire ce chemin pour mieux être élève ? “L'enjeu du travail éducatif est de trouver le point d'équilibre entre liens et séparation, reprend-il, il s'agit de développer les capacités d'autonomie d'un jeune sujet."
Serge Pittiglio explique que “les parents sont toujours aimants mais les enfants ne sont pas mis à la même place, avant là où la famille était un des rouages de l'Etat, aujourd'hui elle est un refuge où l'on se protège de la dureté de la vie“. Il ajoute : “nous enseignants voyons que l'instabilité psychomotrice augmente, la tension croît et beaucoup d'élèves ne gèrent pas cela."
Ainsi, il nourrit l'idée non pas d'un retour en arrière mais de créer quelque chose de nouveau face à la “complexité contemporaine de la posture enseignante“. Selon lui, l'enseignant doit transmettre des connaissances, assumer un rôle éducatif là où la famille socialise différemment (certains enfants arrivent à l'école sans la clé de l'ouverture aux autres), et comprendre toutes les questions liées aux besoins éducatifs particuliers, ce qui implique d'être prêt à un travail en partenariat avec les AESH, les professionnels de soin et les SESSAD.
“Ce que font les rééducateurs, conclut Serge Pittiglio en soulignant l'importance de l'appui sur des équipes mobiles et de la place du réseau et des collectifs, c'est ouvrir des espaces d'affiliation, car devenir un parmi les autres, cela nécessite de petits espaces de compensation, une compensation au service de l'accessibilité“.
Le colloque de la FNAREN ici