Comment les régions gèrent-elles leur nouvelle compétence en matière d'orientation ? L'exemple de PACA (interview exclusive)
Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 24 mai 2021.
Alors que les exécutifs régionaux seront renouvelés ou confortés d'ici quelques semaines, ToutEduc entame un tour de France des régions qui exercent leur nouvelle compétence en matière d’information sur l’orientation. Qu'ont-elles fait ? Que pourraient-elles faire ? Marie-Florence Bulteau-Rambaud (MODEM, candidate sur la liste de R. Muselier), présidente de la commission lycée, orientation, emploi, formation professionnelle et jeunesse de la Région Sud, décrit comment cette région s’est saisie de cette nouvelle compétence et comment elle pourrait évoluer.
ToutEduc : La loi "pour la liberté de choisir son avenir professionnel" a prévu le transfert aux régions de l’information sur l’orientation, attendiez-vous cette nouvelle compétence ?
Marie-Florence Bulteau-Rambaud : Oui, avec beaucoup d’impatience. C’est un sujet qui nous tient particulièrement à cœur. Nous n’avons que trop attendu les décrets d’application. Un an, c’était très compliqué et très long.
ToutEduc : Vous avez créé un service spécifique ?
Marie-Florence Bulteau-Rambaud : Cette compétence nous a été donnée de façon concomitante à la perte de l’apprentissage. On a dû déplacer un certain nombre d’agents au sein de la direction de l’emploi et de la formation.
ToutEduc : Avez-vous fait appel aux personnels des délégations régionales de l’Onisep qui, selon la loi, étaient appelées à disparaître ?
Marie-Florence Bulteau-Rambaud : Non pas vraiment, on s’est beaucoup appuyé sur le CARIF-OREF. C’est un centre-ressources qu’on finance et qui s’occupait d’orientation tout au long de la vie. Donc nous avions suffisamment de personnels et de compétences. On a plutôt déployé et réaménagé ce qu’on avait. Nous avons aussi un certain nombre d’associations que l’on finance notamment Métierama qui s’est entièrement réinventé à cause du COVID et a organisé son deuxième salon virtuel début mai.
ToutEduc : Vous avez créé en 2020 un site internet dédié « orientation-regionsud.fr », comment l’avez-vous fait connaître ?
Marie-Florence Bulteau-Rambaud : Oui, il a maintenant un an d’existence. Ce n’était pas forcément évident. On a communiqué sur les carnets de correspondance, sur les réseaux sociaux… Mais cette année a été très particulière. Pour l’instant, la notoriété n’est pas encore optimale mais j’espère qu’on pourra continuer notre travail. Nous avons aussi une plateforme de réponses par téléphone qui permet des échanges avec des conseillers. Ils assurent une première réponse en direct, par rappel ou prise de rendez-vous ensuite pour les familles tout au long de la semaine. Cette plateforme existait déjà sous la responsabilité du CARIF-OREF, nous l’avons redimensionnée, depuis octobre 2020, en fonction des nouveaux publics.
ToutEduc : Quelles sont les statistiques de fréquentation du site ?
Marie-Florence Bulteau-Rambaud : En moyenne mensuelle, nous avons 150 000 pages vues et 25 000 utilisateurs. En avril, on a eu le meilleur score de fréquentation avec 183 847 pages vues. La rubrique "guide post 3e" a représenté à elle seule 11% des pages vues. A noter que bon nombre des connexions se font depuis les smartphones et les tablettes.
ToutEduc : Quels sont vos rapports avec Bernard Beignier, le recteur d’Aix-Marseille qui est aussi recteur de la région académique ?
Marie-Florence Bulteau-Rambaud : Ils sont excellents. Nous travaillons très bien avec le recteur Beignier , avec les recteurs académiques, les DASEN et le nouveau recteur de l’enseignement supérieur. On se parle énormément et c’est vraiment très agréable.
ToutEduc : Comment intervenez-vous auprès des élèves ?
Marie-Florence Bulteau-Rambaud : Cette année nous avons encore été obligés d’organiser le Salon Métierama à distance mais mon souhait c’est qu’on aille au-devant des collégiens et des lycéens avec un dispositif itinérant comme un bus. C’était difficile cette année mais j‘espère qu’à la rentrée on pourra le mettre en place. On est très engagé dans Les Olympiades des métiers, des jeunes pourraient venir présenter leur métier aux jeunes. On pourrait aussi s’appuyer sur des chefs d’entreprise, des professionnels.
ToutEduc : Vous informez principalement sur les formations et les métiers dans votre région, que se passe-t-il quand un élève veut faire une formation qui n’existe pas dans votre région ? Le renvoyez-vous sur un site national comme l’Onisep ?
Marie-Florence Bulteau-Rambaud : Oui, bien sûr, on renvoie sur les structures qui sont en mesure de donner les informations qu’on ne donne pas. Dans les salons d’orientation qu’on finance il y a aussi des intervenants d’autres régions. On a développé des dispositifs en matière d’orientation pour nos jeunes parce qu’on a tout intérêt à ce qu’ils restent dans notre région. Nous avons d’excellentes formations et c’est bien que nos jeunes les privilégient dans tous les domaines, dans l’enseignement supérieur notamment. Nous avons des universités de renommée mondiale, deux Sciences po à Aix et Menton, d’excellentes écoles de commerce, le compagnonnage… Les jeunes peuvent se former de façon excellente dans notre région.
ToutEduc : Comment envisagez-vous l’avenir. ?
Marie-Florence Bulteau-Rambaud : Je souhaite vraiment qu’on puisse continuer ce qu’on a commencé à faire. Je suis consciente qu’on est loin d’être au bout. Notre dispositif n’est pas encore à maturité, encore embryonnaire, d’autant plus dans cette période. Et si je dois encore avoir une mission dans la nouvelle mandature, je continuerai celle-là, ça c’est sûr !
Propos recueillis par Colette Pâris relus par Marie-Florence Bulteau-Rambaud.