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Covid-19 : autotests dans les établissements, un échec de plus.. (paroles d'infirmier-e-s, de chefs d'établissements, d'élèves, de parents...)

Paru dans Scolaire le jeudi 20 mai 2021.

Deux semaines après le lancement de la compagne des autotests dans les établissements scolaires, “tout tourne au fiasco“, estime Didier, chef d'établissement d'un lycée polyvalent. Il ajoute: “On a distribué nos stocks aux enseignants. Les premiers... Cela a été comique. Compliqué, je voulais dire... quoique. Compliqué, donc, compte tenu du conditionnement des différents lots de 5 à 25 autotests. Pas assez pour tout le monde, aussi. On attend un réapprovisionnement afin de satisfaire les besoins. Concernant les élèves, l'infirmière commence à peine à distribuer aux familles les autorisations nécessaires...“

Arnaud, proviseur adjoint d'un lycée professionnel, explique quant à lui que “rien n'a encore été mis en place pour répondre correctement aux annonces ministérielles. Puis, en ce moment, nous avons la fin de l'année à organiser...“.

Fabienne, également cheffe d'établissement d'un lycée général, préfère attendre. “Les conditionnements que nous avons découverts (des tests par bloc de 10, ndlr) sont inadaptés à des gestions individuelles. Les manipulations nécessaires à la réalisation de ces tests sont incompatibles avec une gestion de masse et des conditions d'hygiène sécurisées pour les élèves et les personnels. Aussi, après en avoir discuté avec les infirmières, j'ai décidé que les autotests seront mis en place lorsque les conditions seront remplies pour une bonne organisation. Il faut l'avouer, c'est du n'importe quoi."

Sylvie, infirmière, craint que “les parents ne veuillent de ces autotests“. Elle renchérit : “Des élèves sont venus – je ne sais pas d'où ils ont eu l'information – me demander si c'est fiable, car il y a une erreur dans la notice d'utilisation. De plus, le système d'écouvillon leur fait peur. Il faut donc organiser des séances de formation. Comment faire ? Là est la question. Mais nous allons nous débrouiller. Nous sommes deux infirmières. Dans d'autres lycées, ce n'est pas le cas. Une infirmière ou un infirmier... Cela va être laborieux." Pour son collègue Paul, c'est effectivement “difficile“. Il avoue que “seul face à tout, ce n'est pas le moment d'ajouter du travail, avec les bobos, les inquiétudes, les déprimes des élèves."

Les parents et les élèves sont “au bout du rouleau“, tonne Thierry, représentant des parents d'élèves. “Nous sommes sérieusement accablé-e-s, confie-t-il. Cela devient violent, presque. A ma connaissance, les parents ne vont pas signer les autorisations pour les autotests. On est frileux, à l'égard de tous ces protocoles sanitaires qui s'ajoutent aux précédents... Il y en marre des protocoles sanitaires... De plus, nos enfants sont au courant de nos frayeurs, même si souvent on ne le montre pas." Corentin, son fils, évoque, justement, ses “camarades qui ne portent aucun intérêt aux autotests“. Pour eux, “l'essentiel est de réussir (leur) année scolaire“.

Quatre autres élèves de lycée interrogés répondent ne pas voir l'intérêt de faire des tests à la maison, et ne se sentent pas concernés. Ils “boycottent“ selon leur propos. Une élève de terminale scientifique d'un lycée parisien, anonyme, nous raconte ne pas avoir fait d'autotest : “Pour la direction du lycée, ce n'est pas utile de faire des tests. Si t'as le Covid, tu restes chez toi et puis c'est tout." Anonyme également, une autre élève, en filière économique et social, renchérit : “On ne nous demande pas de faire des tests non plus, à moins qu'on ait des symptômes ou si on est cas contact, là tu dois faire un PCR.“ Et pour la formation aux autotests ? La première élève répond “ils ne nous ont absolument rien dit, rien montré, rien donné. On sait juste que si on a été en cours avec le Covid, il y aura plein de cas contacts et qu'ils ferment toute la classe.“

Alizée, élève de terminale, pense, elle, principalement à son bac qu'elle veut “décrocher avec une mention“. Elle est, en ce qui la concerne, “sûre d'avoir tout fait, afin de briller“. Alors, mentionne-t-elle, “les autotests, ce n'est pas mon problème“...

 

Propos recueillis par Rabah Aït Oufella et Emmanuel Fontaine

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