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Aides à l'emploi des jeunes : un dispositif avec peu de résultats, et moins efficace que le “0 charges“ ?

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 12 mai 2021.

Avec un site internet très ergonomique, enrichi d'illustrations qualitatives, le gouvernement vante son action pour “accompagner, former et faciliter l'entrée dans la vie professionnelle de tous les jeunes, sur tous les territoires“. Une “initiative“ lancée le jeudi 23 juillet 2020 par Jean Castex, qui présentait alors le plan “1 jeune, 1 solution", doté de 6,7 milliards d’euros et comprenant des mesures pour accompagner les jeunes de 16 à 25 ans à sortir de la crise de la COVID-19 et de ses conséquences sur l'emploi, avec notamment la mise en place d'une aide à l'embauche des jeunes (AEJ).

Celle-ci prévoit en effet, du 1er août 2020 au 31 janvier 2021 (étendue depuis au 31 mai), jusqu'à 4 000 euros d'aide pour les employeurs embauchant un jeune de moins de 26 ans, en CDI ou en CDD de trois mois et plus.

La DARES et le CAE (Conseil d'analyse économique) se sont associés pour fournir deux évaluations de l'AEJ. Des résultats de travaux qui, pour “une aide arrivée dans une situation inédite“, selon Selma Mafhouz, directrice de la Dares, seraient donc à affiner et compléter.

Pour Roland Rhatelot (U. Warwick, CAE), l'objectif était d' “évaluer l'impact d'une telle mesure sur le nombre d'embauches“ d'un public cible, à savoir les moins de 26 ans. Ainsi, les résultats de l'enquête du CAE montrent que le gain de la mesure serait d'environ 8% d'embauches sur les publics visés, ce que décrypte l'économiste: “si il y avait 100 embauches sur ce public là, il y a en a ici 108, soit 8 de plus grâce à l'AEJ“. Il ajoute une hypothèse, à vérifier ultérieurement, “d'un impact de la mesure qui aurait monté au fil du temps, donc une tendance relativement haussière, avec une montée en charge de ce dispositif mais ayant mis du temps à se mettre en route“.

Selon Claire-Lise Dubost, chargée d'études à la DARES, l'AEJ aurait eu un effet positif sur l'emploi éligible des 22-25 ans (qui remplissent les critères de la mesure, ndlr), avec un taux d'emploi d'environ 41% fin 2020, alors qu'on estime que sans la prime il aurait été de 38%. Au final, la mesure aurait donc permis 60 000 embauches supplémentaires. Mais si les effets sont essentiellement dus à l'emploi en CDI (ils représentent 9 contrats signés sur 10) , l'AEJ n'aurait “pas d'effet sur le niveau global de l'emploi des jeunes“. Il y aurait même un effet négatif de la mesure sur les contrats de moins de 3 mois (qui auraient été plus nombreux sans la mesure, ndlr), ce que la directrice de la Dares juge “un petit peu paradoxal“.

Pire, selon les résultats des 6 premiers mois de l'évaluation, le dispositif “0 charges“ mis en place en 2009 aurait été, selon l'étude du CAE, deux fois plus efficace. Mais pour Philippe Martin, “les deux mesures ne sont pas parfaitement identiques“ car elles ne ciblaient pas les mêmes entreprises.

Les deux services ont répété ne pas faire de recommandations, cependant Philippe Martin pense, à titre personnel, que “la question du rythme des embauches dans la reprise va être essentielle, le risque d'en faire trop n'est pas énorme", il serait "favorable à étendre la mesure aux plus de 26 ans" et à d'autres secteurs (comme la culture) où “la productivité des travailleurs sera affectée pendant longtemps". Il reconnaît qu'il y aura "des effets d'aubaines" qu'il n'est pas possible de quantifier, "mais c'est moins grave".

Le site "1jeune 1solution" ici

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