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Les collectivités ne pourront pas équiper les écoles de capteurs de CO2 ou de purificateurs d'air (D. Labails, maire de Périgueux, AMF, interview exclusive)

Paru dans Scolaire le dimanche 02 mai 2021.

Les collectivités ont été "encouragées" à équiper les écoles et établissements en capteurs de CO2 et en purificateurs d'air, indiquait le 22 avril Jean-Michel Blanquer lors d'une conférence de presse commune avec le Premier ministre et ses homologues de la Santé et de l'Intérieur. Que recouvrait ce terme ? Il a surpris Delphine Labails, maire de Périgueux et, depuis le mois de novembre, coprésidente de la commission éducation de l'Association des maires de France (AMF).

ToutEduc : Dans quel cadre s'inscrit cet encouragement du ministre ?

Delphine Labails : Si vous voulez parler de nos relations avec l'Etat, celles-ci sont limitées puisque, pour prendre l'exemple de Périgueux, l'ensemble des frais occasionnés par la crise sanitaire représente, pour 2020 tous secteurs confondus, 2 M€, dont 480 000€ sur la partie école, et nous avons touché 200 000€ de l'Etat. Mais nous n'avons pas touché un euro de l'Education nationale.

ToutEduc : Cet encouragement suppose une forme de partenariat...

Delphine Labails : Du mois de novembre au mois de mars, je n'ai eu, ni comme maire de Périgueux ni au titre de la commission éducation de contact avec le ministre ou son cabinet. Nathalie Elimas (secrétaire d'Etat en charge de l'Education prioritaire, ndlr) m'a fait part de ses projets, et j'ai pu mener avec Béatrice Gille, présidente du Conseil d'évaluation de l'École, un vrai travail partenarial, qui suppose l'envoi de documents, des temps de débat pour les amender, de nouveaux textes, on se revoit... Rien de tel avec Jean-Michel Blanquer et son entourage. La première rencontre, en tant que représentante de l'AMF, date du 20 avril, et le ministre ne nous a à peu près rien dit. Puis il y a eu la conférence de presse du 22, où nous avons appris que nous avions été encouragés à doter les écoles de capteurs de CO2 et de purificateurs d'air, et une nouvelle visio le vendredi 23, alors que les élèves rentraient le 26.

ToutEduc : Celle-ci a-t-elle été plus utile que la précédente ?

Delphine Labails : Oui, sur un seul point, la stabilisation du protocole. Nous n'avions pas, à la veille d'un long week-end à tout revoir d'ici le mardi. Sinon, nous avons eu des éléments de langage, tout se passe très bien et tout s'est très bien passé pendant la semaine qui a précédé les vacances et qui a pourtant vu se multiplier les "bugs"... Et surtout, le ministre a répété en boucle que tout le monde allait être vacciné, les enseignants, les ATSEM, tous les personnels au contact des enfants. C'est par la circulaire du préfet que nous avons ensuite appris que seuls les plus de 55 ans étaient concernés !

ToutEduc : Etiez-vous sensibilisée à l'intérêt d'avoir des capteurs de CO2 ?

Delphine Labails : Oui, la presse en avait parlé, sans doute après une conférence de presse du SNUIPP-FSU qui avait mis en avant le point de vue de scientifiques. Le taux de CO2 est un indicateur du taux d'impureté de l'air, donc du taux d'aérosols potentiellement porteurs de virus. Quand il dépasse un certain seuil, il est temps d'aérer... Le décret d'août 2015 "relatif aux modalités de surveillance de la qualité de l'air intérieur dans certains établissements recevant du public" prévoit que nous devons faire intervenir des entreprises spécialisées pour un diagnostic, mais il n'évoque pas cet outil de mesure dont nous avons donc découvert tardivement l'intérêt, tandis que le ministère n'en disait rien. Il privilégiait l'ouverture des portes et fenêtres et nous avons découvert le 22 avril qu'il nous "le recommandait très vivement".

ToutEduc : Allez-vous vous en équiper ?

Delphine Labails : Un capteur de CO2 vaut entre 80 et 300€, et il en faut un par salle de classe, il y en a près de 300 000 en France, mais il en faut aussi pour les réfectoires, les halls, la bibliothèque... Quand bien même nous aurions les financements correspondants, quels industriels seraient en capacité de nous les fournir ? De plus, la question de leur utilité se pose. Avec les beaux jours qui viennent, les fenêtres seront souvent ouvertes, et à l'automne prochain, si le virus est toujours là, quand il fera froid, on ne pourra ouvrir qu'entre deux moments de classe....

ToutEduc : Quelle est la solution ?

Delphine Labails : Le plan de relance prévoit la possibilité de financer certains aménagements des écoles pour des économies d'énergies à l'occasion de leur construction ou de travaux lourds de restructuration. Il faut qu'une loi de finances complémentaire prévoie le financement de la circulation de l'air dans les bâtiments, avec des techniques de double-flux. Et ça ne se fera pas d'ici la rentrée...

Propos recueillis par P. Bouchard, relus par D. Labails

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