DDEN : un renouvellement compliqué par l'épidemie de COVID
Paru dans Scolaire le lundi 19 avril 2021.
"Nous devons faire connaître la fonction des DDEN", estime Eddy Khaldi. Pour le président de la fédération des "délégués départementaux de l'Education nationale", interrogé par ToutEduc, c'est d'autant plus nécessaire que cette année scolaire est celle du renouvellement quadriennal. Comme chaque fois, un certain nombre de délégués, vieillissants, hésitent à s'engager pour quatre années supplémentaires, et cette année, l'épidémie pousse à la prudence.
Rappelons que chaque DDEN intervient dans les conseils des écoles auxquelles il est affecté, souvent deux, parfois trois écoles, et qu'il joue "un rôle de médiation et de coordination entre les enseignants, les parents d’élèves, la municipalité, les services académiques". Il exerce "une fonction de contrôle, de vigilance, de proposition" en ce qui concerne les locaux et le mobilier, la sécurité, la restauration scolaire, les activités périscolaires, la caisse des écoles... Il est "garant des valeurs républicaines", égalité, gratuité, laïcité, notamment. Les DDEN sont, à plus de 90 %, des retraités, anciens enseignants ou parents d'élèves, souvent militants de la FCPE ; il faut être disponible pour participer à une petite dizaine de réunions dans l'année pour chaque école. Les DDEN sont nommés par l'inspecteur d'académie, et il est exceptionnel que celui-ci récuse les candidats présentés par la fédération. "Nous avons actuellement un peu moins de retraités de l'enseignement primaire, et davantage d'anciens DASEN (inspecteurs d'académie, ndlr) et enseignants du second degré", précise E. Khaldi qui indique que le nombre global des adhérents, après avoir fortement chuté, de quelque 42 000 en 1978 à 13 000 environ, s'est stabilisé ces dernières années. Au vu des conditions de cette année, il n'est "pas trop optimiste sur le maintien des effectifs", mais compte sur un rajeunissement des adhérents.
L'essentiel des renouvellements se fait entre avril et juin, et c'est à la fin de l'année qu'un bilan pourra être dressé. Dans le dernier numéro (daté d'avril) du magazine de la fédération, "Le Délégué", la représentante de la Nièvre considère que, "malgré toute l'énergie et la communication déployée", l'union départementale a "tout juste réussi à combler les départs", et elle fait état du "désintérêt" de la plupart des personnes contactées. La fédération voudrait des renouvellements par tacite reconduction, et nominations au fil du temps, sans avoir à "partir de zéro tous les quatre ans".
A noter que la fédération des DDEN a fait l'objet début avril d'une attaque virulente de la FNLP, la fédération nationale de la libre pensée qui dénonce le "cours désastreux" qu'elle suit "depuis qu’Eddy Khaldi a été élu président", considérant qu'elle s'aligne "sur la xénophobie antimusulmane ambiante" et qu'elle a contribué (bien qu'il n'en soit pas signataire, ndlr) à l'appel du 2 avril contre la direction de la FCPE (voir ToutEduc ici), considérée par la FNPL comme une incitation à "un putsch interne" (ici). Eddy Khaldi et la fédération des DDEN ont depuis reçu le "total soutien" du "collectif laïque national" (qui réunit notamment l'UFAL, l'union des familles laïques, le Grand Orient de France et la Licra) (ici ou ici). Pour le président de la fédération des DDEN, il y a bien une rupture dans le mouvement laïque entre le collectif d'une part et d'autre part la FCPE, la Libre pensée, la Ligue de l'enseignement et la Ligue des droits de l'Homme. Il en donne comme illustration le désaccord sur le port de signes religieux par les mères accompagnatrices de sorties scolaires, et il oppose ceux qui défendent "la liberté religieuse de l'accompagnant(e)" à ceux pour qui prime la liberté de conscience, et qui défendent donc celle des accompagnés.
A noter encore que la fédération organise, la 3ème semaine de novembre, son prochain congrès à Obernai, en terre concordataire, où les DASEN du Bas-Rhin et de Moselle refusent de nommer des DDEN en se fondant sur un avis juridique dont la fédération récuse l'argumentation. Dans le Haut-Rhin, "un accord avec de la rectrice de Strasbourg a permis une fonctionnement provisoirement expérimental".