Atteintes au principe de laïcité : des données difficiles à interpréter
Paru dans Scolaire le vendredi 16 avril 2021.
Selon le ministère de l'Education nationale, 547 signalements d’atteinte au principe de laïcité ont été recensés entre décembre 2020 et mars 2021, dont un tiers dans le premier degré, un peu moins de la moitié dans les collèges, et 22 % dans les lycées. Ces atteintes à la laïcité sont d'abord le fait des élèves (71 %) et de parents d'élèves (18 %), mais aussi parfois de personnels, ce sont des provocations verbales, des contestations d’enseignement, des "suspicions de prosélytisme", des "manifestations de refus des valeurs de la République" ou des refus d’activité scolaire, le port ostentatoire de signes religieux, des "revendications communautaires diverses", des contestations du principe d’égalité filles/garçons, des incidents au cours des classes virtuelle...
A noter que, selon les données qui avaient alors fait l'objet d'une communication ministérielle, du 3 septembre au 23 novembre 2018, quelque 800 signalements d’atteintes à la laïcité avaient été enregistrés, dont près de la moitié dans les collèges et un petit tiers dans le premier degré, dont encore 50% de la part des élèves, 28% de la part des parents d’élèves, 14% de la part des personnels, 8% "autres".
D’avril à juillet 2019, "environ 900 cas de signalements d'atteintes à la laïcité (avaient) été enregistrés, dont 44 % dans le premier degré, 37% dans les collèges, 19% dans les lycées. Les auteurs de ces faits étaient, pour 61 % d'entre eux des élèves, pour 19 % des parents, pour 14 % des personnels, pour 6 % "autres".
De septembre 2019 à mars 2020, "environ 935 cas de signalements d'atteintes à la laïcité (avaient) été enregistrés, dont 45 % dans les collèges, 37% dans le 1er degré ,18% dans les lycées, ils étaient à 57% le fait des élèves, à 22 % le fait des parents, à 12% des personnels, à 9 % "autres".
Les comparaisons, sur des périodes et des durées diverses, avec ou sans confinement, n'aurait pas de sens, et les variations de leur répartition entre 1er et 2nd degrés et entre les auteurs trop importantes pour pouvoir dessiner des tendances. Elles confirment le diagnostic porté par l'inspection générale en 2019, pour qui le phénomène était difficile à caractériser (et sans doute sous-évalué) (voir ToutEduc ici). Par ailleurs, ces données statistiques ne permettent pas de savoir quelle est la part de ces atteintes au principe de laïcité qui est le fait d'élèves, de parents ou de personnels se réclamant de l'Islam radical, d'une église évangélique ou de tout autre fondamentalisme.