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Hors-contrat : les élèves mis en difficulté par la décision de J-M Blanquer de les priver du contrôle continu pour le baccalauréat

Paru dans Scolaire le mercredi 14 avril 2021.

Les difficultés du "Lycée autrement" (voir ToutEduc ici), qui risque de perdre une part de ses élèves et de ses financements, s'expliquent-elles par des raisons propres à l'établissement ou par le contexte créé par l'obligation faite aux élèves du hors-contrat de passer sur table les épreuves du baccalauréat quand leurs homologues du public et du sous-contrat seront évalués au vu de leur livret scolaire ? Interrogé par ToutEduc, Michel Naniche (fondateur de l'Ecole Diagonale, spécialisée dans les doubles cursus sport-étude et art-étude) ne perd pas d'élèves mais "sen(t) que ça se refroidit", que les familles qui envisagent l'inscription de leur enfant pour l'année prochaine sont inquiètes. 

Anne Coffinier (Créer son école), distingue les situations selon une typologie des établissements. Pour les "boîtes à bac", c'est "le coup de grâce". Elles étaient déjà à la peine depuis plusieurs années. Plus il est facile d'avoir le diplôme sans se donner trop de mal, moins il est intéressant de payer des frais de scolarité et d'être contraint à un travail assidu. Les écoles qui accueillent des jeunes "dys" vont également souffrir puisqu'on va demander à leurs élèves, phobiques ou dyslexiques, de passer des épreuves sur tables et des oraux qui sont précisément ce qui les met en difficulté. En revanche, les établissements catholiques traditionnalistes devraient garder leurs élèves, les parents étant attachés à ce mode d'éducation, d'autant que l'internat résout les problèmes matériels de familles nombreuses. Les écoles "à double projet" comme Diagonale, dont les élèves sont des artistes ou des sportifs de haut-niveau qui ne peuvent suivre une scolarité ordinaire, devraient s'en sortir, mais subissent la concurrence du CNED, dont les élèves auront finalement droit au contrôle continu. Enfin, les établissements avec "prépa intégrée" comme "prépasup" conserveront leurs élèves qui s'inscrivent avec un projet en tête dont le baccalauréat n'est qu'une étape, pour ne pas dire une péripétie.

Mais même si toutes ne se heurtent pas aux mêmes difficultés, ces écoles, souligne Anne Coffinier, doivent répondre aux interrogations de leurs élèves : pourquoi passer "un examen beaucoup plus dur pour obtenir un diplôme qui a la même valeur faciale" ? Et si la décision prise par le ministre de l'Education nationale ne concerne que cette année, puisqu'elle va à l'inverse de celle qu'il avait prise l'an dernier et qu'elle est justifiée par la situation sanitaire dont on peut penser qu'elle sera derrière nous l'an prochain, elle s'inscrit dans le contexte de la réforme du lycée que beaucoup d'établissements à faibles effectifs ont bien du mal à absorber, étant dans l'impossibilité de créer plusieurs enseignements de spécialité. 

Le Conseil d'Etat devrait rendre, dans les jours qui viennent selon les informations recueillies par ToutEduc, sa décision sur le recours déposé par plusieurs de ces écoles en référé contre la décision de Jean-Michel Blanquer de refuser à leurs élèves le bénéfice du contrôle continu (voir ToutEduc ici). Michel Naniche conteste les arguments du ministère devant la Haute juridicition. L'avocat de l'administration aurait fait état de tricheries l'an dernier de la part d'établissement hors contrat, mais sans pouvoir donner aucun chiffre ni citer aucun fait et sans pouvoir nier que des lycées publics ou sous contrat ont relevé leurs notes.

En attendant, Anne Coffinier comme lui-même évoquent le profond sentiment d'injustice qu'éprouvent les élèves qui se sentent considérés comme des citoyens de "seconde zone", confrontés à un Etat républicain "qui les méprise"; certains, tout juste majeurs, pourraient déchirer leur carte d'électeur qu'ils attendaient pourtant avec impatience. Une élève, reçue au ministère dans le cadre d'une délégation, se serait entendu dire : "C'est de votre faute, la République vous a proposé une école, vous l'avez refusée, tant pis pour vous." Ce sentiment d'injustice, d'un "acharnement contre eux", est renforcé par l'inégalité de traitement avec les élèves du CNED. La mère d'un élève, sportif de haut niveau, interrogée par ToutEduc, dénonce en outre le caractère tardif des décisions prises. L'incertitude entretenue depuis le début de l'année a été épuisante. Ce n'est qu'au mois de mars que le ministre a annoncé que les interrogations ne pourraient porter que sur le programme de terminale alors que son fils révisait le programme de première. Il est convoqué pour l'épreuve de "sauvetage aquatique" le 27 avril, alors que les piscines sont fermées pour raisons sanitaires et qu'il ne pourra pas respecter les gestes barrière avec la personne qu'il devra sortir de l'eau... Et pour les autres épreuves, elles auront lieu en même temps que des compétitions internationales décisives, ce qui l'amènera à multiplier les aller-retour entre la France et l'étranger, entre un centre d'examen et un terrain de sport. "Il a un double projet, scolaire et sportif, et il risque bien d'échouer aux deux."

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