A quoi sert l'école, s'interroge le GFEN (revue Dialogue)
Paru dans Scolaire, Culture le mercredi 14 avril 2021.
"Pendant le confinement, avez-vous été content de ne plus venir à l'école ?" Sur 80 élèves de 4ème ou de 3ème d'un collège d'Aubervilliers, 64 ont répondu "oui", comme le rapporte une enseignante dans le dossier "A quoi sert l'école ?" du dernier numéro de Dialogue, la revue du GFEN. Sylvie Lange leur a posé 26 questions et elle conclut des réponses que, "sans dire qu'ils n'aiment pas l'école, la majorité des élèves se plaignent plus ou moins qu'elle ne soit pas un lieu de vie, mais plutôt un petit univers hiérarchisé coupé des réalités du monde".
Cette question, de l'utilité de l'école, se pose déjà sous l'ancien régime, explique l'historien Claude Lelièvre. La réforme protestante fait de la lecture individuelle de la Bible "une exigence fondamentale", et elle suppose un minimum d'instruction. A la multiplication des écoles protestantes répond celle des écoles catholiques, et bientôt le Parlement de Paris s'émeut d'une éducation à finalité religieuse alors qu'elle devrait "être toute dirigée pour l'utilité générale et pour le bien de l'Etat". Avec la Révolution est posée la question des "rôles respectifs de l'école et de la famille", de l'instruction, réservée à quelques-uns et de l'éducation qui doit "former le coeur" et qui "est l'aliment nécessaire à tous". Puis vient Guizot, pour qui le gouvernement, via l'Ecole doit propager "les doctrines qui conviennent à sa nature", et pour qui elle est est "une des garanties de l'ordre et de la stabilité sociale". Pour Jules Ferry, l'école doit développer une "véritable religion de la patrie", et l'Histoire vue par E. Lavisse y contribue. Mais F. Buisson plaide pour une école qui apprenne à penser plutôt qu'à croire. Et De Gaulle y ajoute la qualification professionnelle pour assurer "le progrès économique et social".
Et cette école répond-elle aux besoins actuels ? Pour certaines familles, "l'école c'est compliqué et dangereux" explique Marie Besançon qui ajoute qu' "il s'y développe des choses qu'elles ne comprennent pas". Dès lors, le GFEN peut se demander avec Joëlle Cordesse si le "Grand Oral" n'est pas marqué par les rapports de classe. Au vu de l'expérience québécoise d'une épreuve semblable, il semble clair que "seul un candidat confiant dans sa légitimité d'appartenance à la classe dominante peut se permettre le type d'interaction requis : empathie, accueil, habilité à s'exprimer avec humour, dynamisme, assurance, aisance (...)". A l'inverse, pour Florian Rodier, "appréhender l'école et la salle de classe comme des lieux hospitaliers requiert de concevoir ces deux espaces et donc la relation professeur/élève qui s'y joue sur un plan horizontal", ce qui suppose que le professeur "libère de la place pour l'activité de l'élève", qu'il lui laisse la possibilité de prendre l'initiative, la responsabilité de l'apprentissage.
Dialogue n° 180, Pourquoi faire école, 8€, le site ici