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Le rapport sur la rencontre à Poitiers de jeunes et de la secrétaire d'Etat à la Jeunesse pointe une incompréhension de ses enjeux

Paru dans Périscolaire le jeudi 08 avril 2021.

"Une organisation sinon confuse du moins peu adaptée à la visite d’un membre du Gouvernement." Cette formule résume le rapport d'inspection générale qui a suivi la 10ème édition du "Réseau Jeunes" qui s’est tenue à Poitiers du 19 au 23 octobre 2020, et à laquelle la secrétaire d’État chargée de la jeunesse et de l’engagement, Sarah El Haïry, a participé le 22 octobre.

La presse locale avait rendu compte de cette matinée avec les jeunes et "souligné les échanges difficiles entre la secrétaire d’État et les jeunes", La Croix à l'inverse avait rendu compte "de manière très critique de la préparation de cette matinée" et la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France obtient un droit de réponse. L'inspection générale est saisie. La Vie publie alors "un article critique sur l’attitude de la secrétaire d’État. Un article publié par Mediapart met en lumière "un supposé éloignement du Gouvernement avec les jeunes".

Dans son rapport, la mission d'Inspection générale note qu' "en dépit de plusieurs auditions d’animateurs, de jeunes présents, de trois responsables de la Fédération, et des précisions apportées par le cabinet de la secrétaire d’État, (elle) a rencontré des difficultés pour reconstituer exactement le déroulé de cette matinée". Sarah El Haïry est accueillie à 9h, elle est prévenue "que certaines propositions portées par les jeunes sont de nature assez polémiques". La Fédération "considère qu’il s’agissait pour eux (...) d’alerter la secrétaire d’État sur des problèmes rencontrés par des jeunes" mais la mission "relève le dénigrement assez systématique et sans nuance des institutions républicaines de la police et de l’école en premier lieu". "Face à de tels propos qui laissent penser que la représentation nationale en votant la loi de 2004 puisse avoir été mue par des principes de haine à l’égard de l’Islam, la secrétaire d’État rappelle une nouvelle fois le cadre républicain." Le débat qui suit "installe une répartition des rôles compliquée avec d’un côté des accusations graves portées contre l’État et ses fonctionnaires et de l’autre un membre du Gouvernement qui les réfute". Elle propose aux jeunes d’entonner la Marseillaise. "Selon les témoignages recueillis par la mission, une bonne moitié des jeunes la chante. L’autre moitié des jeunes et la plupart des adultes, étonnés par cette irruption imprévue de l’hymne national, ne la chantent pas."

"La mission confirme que durant toute cette séquence, en dehors de propos parfois très tranchés et un ton général très animé, aucune violence verbale ou physique, ni aucune hostilité personnelle n’ont été à déplorer." Mais elle met en cause "les ambiguïtés des finalités de cette rencontre" et son organisation "dans un contexte très chargé émotionnellement après la décapitation en pleine rue d’un professeur de la République".

Elle souligne que 118 jeunes âgés de 14 à 22 ans ont participé au regroupement de Poitiers. " Ils étaient issus de vingt-cinq centres sociaux et de seize départements" et étaient majoritairement "de confession musulmane" selon les inspecteurs généraux, ce que conteste la Fédération pour qui seul un tiers se considérait comme tel. "Il y avait également des jeunes chrétiens, juifs et athées." La mission s'interroge aussi sur le choix qu'avait fait la fédération de faire appel pour évoquer la question des religions à une association qui travaille sur le champ des discriminations. "Le postulat de départ des ateliers du mercredi 'Vivre ma religion en France, c’est compliqué!' en atteste." Les jeunes ont fait un inventaire de leurs difficultés, insultes à caractère raciste, contrôles de police jugés répétitifs et injustifiés, interdiction de porter des signes religieux au lycée alors que c’est autorisé au centre social, absence d’espaces où parler de religion, "faiblesse ressentie des enseignements vis-à-vis du fait religieux ou des questions relatives à la laïcité". Ce document n’évoque à aucun moment "les différentes lois promouvant la laïcité et ce qu’elles apportent en termes de liberté ou de paix sociale (...) En d’autres termes, et quoique la question des discriminations ressenties puisse être un sujet de préoccupation majeure des jeunes notamment issus de quartiers prioritaires où sont majoritairement implantés les centres sociaux, le thème du regroupement a très largement dévié de son objectif initial."

A noter que le rapport porte sur la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France, la préparation de cette rencontre et sur les propos des jeunes, très peu sur la préparation de cette rencontre par la secrétaire d'Etat et son cabinet, ni sur ses réactions.

La rapport sur la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France est téléchargeable ici

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