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Parcoursup : multiplier les canaux de communication (J. Teillard, interview exclusive)

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 24 mars 2021.

Alors que les élèves de Terminale doivent confirmer leurs voeux sur Parcoursup, les spéculations sur les impacts du confinement vont bon train, notamment parce que les commentaires très négatifs sur la situation dans les universités auraient pu en décourager certains. Jérôme Teillard, le "Monsieur Parcoursup" au ministère de l'Enseignement supérieur, nous dit que "tout s'est passé de manière normale" cette année.

Jérôme Teillard : Je n'ai aucun "scoop" à vous donner, sinon que la question de l'image des universités n'est pas apparue davantage cette année que précédemment dans les questions que nous posent les lycéens. Elles ont d’ailleurs organisé en s’adaptant au contexte sanitaire bien sûr des journées portes ouvertes pour répondre aux interrogations des lycéens. Pour le reste, les données seront stabilisées après que les candidats auront confirmé leurs voeux, et nous nous gardons de toute interprétation hâtive, d'autant que les comparaisons avec l'année dernière sont rendues complexes. Du fait des conditions de passation du baccalauréat l'an dernier, nous avons moins de redoublants en terminale, donc moins d'élèves de terminale qui pourraient s’inscrire sur le site. De plus, pour faire des comparaisons de date à date, il faudrait tenir compte des vacances d'hiver, qui modifient la calendrier pour de grosses académies, comme celles d'Ile-de-France. Enfin, les formations du supérieur, notamment les écoles d'ingénieurs ont fait évoluer leur offre de formation, les CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles, ndlr) commerciales ont été réorganisées (1 ECG à la place des ECE et ECS), les DUT sont devenus des BUT (bachelors, à bac +3), les écoles vétérinaires proposent une année commune... Avec les nouvelles formations, nous avons aussi davantage de vœux multiples. Beaucoup de candidats ont déposé leurs voeux au dernier moment, mais c'est un phénomène habituel, sans rapport avec la crise. Nous serons évidemment attentifs à la question de la mobilité cette année ; pour mémoire, la demande de mobilité inter-académique a continué en 2020 de progresser. Pour mémoire, le nombre des demandes d'aide à la mobilité avait doublé entre 2019 et 2020...

ToutEduc : Les lycées n'ont pas été confinés, mais leur fonctionnement a été perturbé, avec des demi-jauges, des fermetures, des élèves isolés... Cela a-t-il perturbé le travail des professeurs principaux et le processus d'orientation ?

Jérôme Teillard : Les enseignants ont accompagné leurs élèves du mieux qu'ils pouvaient et nous n'avons aucun retour des académies qui aillent à l'inverse, même de Mayotte où le confinement est complet. Il faut saluer cet engagement que nous avions déjà vu l’an passé lors du première confinement, à toutes les étapes de la procédure.

ToutEduc : L'année dernière, le confinement est intervenu après la phase de découverte des formations, notamment dans les salons ou lors de journées portes ouvertes. Cette année, tous les salons sont annulés, les JPO aussi, cela ne joue-t-il pas ?

Jérôme Teillard : Bien sûr, mais nous avons développé des solutions alternatives, énormément de tchats et nous multiplions les canaux de communication, nous utilisions déjà Twitter et Facebook, nous avons développé aussi la communication via Instagram... L’objectif, c’est de proposer via différents canaux de communication, des informations utiles pour les lycéens. Sur le site Parcoursup, les élèves trouvent des services numériques d’aide à l’orientation, qui ont été développés par des opérateurs publics comme l'ONISEP (avec l'Etudiant), des universités, des associations, des entreprises privées, mais qui sont tous lauréats du volet "Territoires d’innovation pédagogique" du programme d’investissement d’avenir, ce qui leur confère une forme de labellisation. D'autre part, les salons virtuels ont eu beaucoup de succès, l’équipe parcoursup comme les académies y ont participé, et ont parfois touché un public qui ne se déplaçait pas. De même les JPO virtuelles ont permis de maintenir des possibilités d’échanges entre les lycéens et les professionnels...

ToutEduc : Mais répondent-elles à toutes les questions que se posent les jeunes ? On dit que le coaching a beaucoup augmenté.

Jérôme Teillard : Cela fait 4 ans que je l'entends dire, personne n'a été capable de me donner des chiffres à l'appui de cette affirmation. Et nous ne constatons pas un accroissement du nombre des interrogations du côté des lycéens, notamment, comme je vous le disais, sur les universités. En revanche, ils s'inquiètent de l'impact de la crise sanitaire sur les modalités de sélection des formations, qui peuvent être modifiées, comme l'a fait il y a quelques jours le réseau commun des les instituts de sciences politiques. Les concours peuvent être organisés différemment. C’est pour répondre à ces inquiétudes que nous avons travaillé de concert avec les formations sélectives pour assurer une information claire et en amont sur les impacts de la crise. Les candidats ont été aussitôt prévenus de ces changements, par mail.

ToutEduc : Vous avez évoqué des changements qui rendent les comparaisons difficiles. Mais le site lui-même a-t-il évolué ?

Jérôme Teillard : Nous avons beaucoup travaillé, y compris avec des parents d’élèves, des étudiants, des responsables de formation et des lycéens, sur les "fiches formation" (les "attendus" pour chaque formation, ndlr) pour qu'elles apportent plus clairement les informations dont les candidats ont besoin. Avec les associations de parents d'élèves et d'étudiants en situation de handicap, nous avons travaillé sur l’accompagnement et la simplification des demandes d’aménagement d’examen. C’est une première étape en amont du travail engagé par la ministre pour organiser l’an prochain la portabilité des demandes d'aménagement. La question de l’accompagnement à l’orientation se pose d'ailleurs aussi pour les sportifs de haut niveau, pour lesquels la plateforme a évolué dans son fonctionnement.

ToutEduc : Mais le principal souci ne vient-il pas des "doublettes" et de l'enseignement de spécialité abandonné en terminale. Si on veut être médecin, vaut-il mieux avoir fait maths-physique, ou maths-SVT, ou physique-SVT ?

Jérôme Teillard : On a beaucoup travaillé avec les formations de l’enseignement supérieur sur cet enjeu de l’accueil des nouveaux profils de lycéens. Et sur les "fiches formation", nous avons fait en sorte que les formations du supérieur puissent donner des recommandations sur les parcours au lycée en évitant deux écueils, aucune "doublette" ne devait être exclusive, mais nous devions donner une information sincère aux candidats sur les attendus et la réalité du contenu des formations. Pour les formations en santé, puisque vous les évoquez, nous précisons bien que les exigences n'ont pas été réduites avec la réforme mais elle permet d’ouvrir l’accès aux études de santé à de nouveaux profils et elle développe les parcours qui peuvent conduire aux études de santé tout en sécurisant les parcours.

Autre élément important, c’est le dialogue avec les fédérations de parents d’élèves, pour leur permettre d’avoir toutes les informations utiles et de jouer leur rôle d’appui aux familles. Pour faciliter le suivi de la procédure, nous permettons aux parents qui le souhaitent de renseigner leurs coordonnées sur Parcoursup et ainsi recevoir les mêmes informations que leurs enfants, et en même temps qu'eux, ce qui a permis de diminuer sensiblement les situations de tension dans les familles, d'avoir plus de sérénité et moins d’oublis des délais notamment.

ToutEduc : Est-il possible qu'une étape aussi décisive dans la vie d'un jeune soit empreinte de sérénité ?

Jérôme Teillard : Oui, c’est notre objectif que d’accompagner les candidats et de les rassurer. Cela dépend évidemment des situations et des personnes, mais cette année comme les autres, notre message est le même, "il ne faut pas rester seul avec ses questions, nous avons des réponses à apporter".

Propos recueillis par P Bouchard, relus par J. Teillard

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