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Formation des enseignants: construire une alternative à la masterisation sans revenir aux IUFM (Jean-Louis Auduc)

Paru dans Scolaire le vendredi 21 mai 2010.

Jean-Louis Auduc propose aux lecteurs de ToutEduc des éléments d'analyse de la réforme de la formation des enseignants alors qu'un arrêté modifiant l'organisation des concours vient d'être publié (AU JO du 21 mai: les concours de l'enseignement). Constatant que les IUFM ne sont jamais cités, et se demandant comment on en est arrivé à leur disparition de fait, le directeur adjoint de l'IUFM de Créteil, n'élude pas les responsabilités de ces instituts: "Nous n’avons sans doute pas assez réfléchi aux conséquences du fait que l’entrée dans le métier n’est pas de même nature entre les professeurs du second degré et ceux du premier degré", constate-t-il, examinant ce qui fonde la différence entre les deux corps, à savoir le processus de légitimation par le concours ou par la pratique durant les stages. Mais il pointe aussi les défauts de la formation, qui donnait aux futurs enseignants "des réponses à des questions que dans leur approche progressive du métier, ils ne se posaient pas encore", certains refusant par ailleurs de leur présenter "des réponses concrètes aux questions qu’ils se posaient", au prétexte que ce serait "des recettes", d'autres "survalorisant l’innovation pédagogique" alors qu'ils s'adressaient à des débutants qui avaient besoin de connaître les pratiques habituelles avant d'en rechercher d'autres.

Les formateurs se sont-ils d'autre part assez interrogés sur la distance entre les savoirs scolaires et les savoirs universitaires: "Peut-on former de la même manière un professeur d’histoire-géographie et un historien, un professeur de sciences physiques-chimie et un physicien?"

La formation qui se substitue à celle des IUFM, témoigne implicitement d'une certaine conception du métier d'enseignant qui se définirait par "faire cours", ce qui donne "à penser qu’enseigner un savoir, ne nécessite pas de réfléchir sur ceux à qui on l’enseigne". Au contraire, "faire classe", c’est faire "des choix raisonnés face à des situations complexes en se dotant de repères conceptuels, méthodologiques et éthiques permettant de viser la réussite de tous et de chacun". La masterisation accentue le caractère successif de la formation: "on reçoit d’abord une formation académique à l’Université, puis, après seulement la validation de ses connaissances disciplinaires, une formation professionnelle". Le modèle européen est fondé sur l'alternance, avec "des retours dans des centres universitaires pour analyser et réfléchir sur ses pratiques". Les reçus aux concours de juillet 2010 auront "préparé pendant un an un concours basé pour l’essentiel sur les connaissances disciplinaires sans avoir eu souvent la moindre approche de ce qu’est l’acte d’enseigner". 

Certes, "le master en deux ans devrait préparer aux épreuves écrites et orales des concours, donner des compétences professionnelles pour prendre une classe dès la rentrée suivante, rédiger un mémoire de recherche, développer leurs connaissances disciplinaires, suivre des stages sur le terrain, notamment en responsabilité, sans oublier 'l’ouverture internationale'…." Tous les observateurs considèrent que ce sera matériellement impossible. Or "le système éducatif français se caractérise par l’existence d’une élite très bien formée, sélectionnée et triée, et 15% des élèves, essentiellement des garçons, qui se retrouvent avec d’énormes difficultés". Il a donc besoin "de professionnels capables de transmettre et de prendre en compte la diversité des publics".

Autres éléments à charge contre la réforme, la faiblesse des moyens fera que la formation professionnelle sera "la plus chaotique, la plus faible, voire inexistante" dans les académies qui concentrent le plus de difficultés. Les textes réglementaires sortent "à quelques mois du démarrage des formations" et les recours devant la justice administrative vont les fragiliser encore un peu plus. J-L Auduc estime donc "que le dossier de la formation des enseignants reviendra rapidement sur le tapis, d’où la nécessité de construire une alternative crédible à la situation actuelle qui ne soit pas le simple retour aux IUFM, mais qui tienne compte des difficultés, des erreurs et des faiblesses rencontrées".

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