Peut-on enseigner l'attention ? (Cahiers pédagogiques)
Paru dans Scolaire le lundi 01 mars 2021.
"C'était il y a deux ou trois ans, lors d'un hiver plus rigoureux qu'à l'habitude (...). La neige se mit à tomber sans que je m'en rende compte, jusqu'à ce que les visages de quelques élèves tournés vers la fenêtre m'invitent à constater la beauté du paysage (...)." Et l'enseignante se laisse prendre, ne se rend pas compte que les élèves s'étaient massés près des fenêtres, tous aussi captivés qu'elle même. Puis elle reprend pied "après ce moment d'évasion" et fait écrire des quatrains liés à la neige...
Cette anecdote dans un encadré de quelques lignes du dossier que les Cahiers pédagogiques consacrent au thème "enseigner l'attention" vient rappeler la complexité des phénomènes liés à l'attention, mais aussi qu'ils sont partagés. Mais pour l'essentiel, le dossier tourne autour des travaux de Jean-Philippe Lachaux, "concepteur (mais pas tout seul) du programme Atole" (pour attentif à l'école). Celui-ci estime qu'il est "grand temps de repenser totalement notre rapport à l'attention, surtout chez l'enfant". Il tire les leçons des bienfaits de "l'enseignement par les pairs", c'est à dire par ceux qui savent se mettre à la place de l'apprenant, développe un programme de formation explicite à l'attention, n'a aucun doute "sur (s)a validité scientifique" mais "reste modeste" pour ce qui est de son efficacité.
Ses opposants font valoir que "l'attention de l'élève ne peut se penser sans prendre en compte l'action du professeur (...). Les élèves ne peuvent être attentifs à des objets qui leur sont opaques." Mais peut-être faut-il penser que "le succès de la méthode tient dans le dialogue constant entre sciences cognitives et pédagogie". A moins de poser la question dans l'autre sens : "A quoi faudrait-il être inattentif ?"
Les Cahiers pédagogiques, n° 567, février 2021, 12 €