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La création d'une école pour enfants "à haut potentiel" à Toulouse (présentée par Bleu Blanc Zèbre)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le vendredi 22 janvier 2021.

Dans le cadre d'un partenariat avec le réseau associatif Bleu Blanc Zebre, ToutEduc publie des présentations d'initiatives intéressant les acteurs de l'éducation. Cette semaine, Bleu Blanc Zèbre a choisi la création d'une école à Toulouse pour enfants "à haut potentiel".

Catherine Viès-Duffau, infirmière de formation et mère d’enfants à haut potentiel, s’est retrouvée démunie face à la situation de ses enfants à l’école. En effet, dès le plus jeune âge, son fils Justin est trop agité et son enseignante a des difficultés à travailler avec lui. Un jour, sa maîtresse interroge Justin sur un livre lu en classe, il récite le livre en entier. Loin d’être reconnue comme un exploit, la situation va devenir au contraire problématique.

Comment diagnostiquer un enfant à haut potentiel ?

La littérature dit que l’enfant doit avoir un QI supérieur à 130 pour être à haut potentiel intellectuel. C’est après un test affiné par un psychologue sur l’hypersensibilité, l’hyperempathie, la façon de penser de l’enfant dit en "arborescence",  allié à un test de QI qu’on peut diagnostiquer un enfant à haut potentiel. Des comportements de l’enfant en société peuvent également être révélateurs, comme le fait d’être mal à l’aise avec des camarades de leur âge et plus à l’aise avec des élèves soit plus jeunes soit plus âgés.

Le déclic

C’est en partant de ce constat - le manque d’accompagnement et de compréhension de l’Education nationale envers les enfants à haut potentiel - que Catherine Viès-Duffau décide il y a 6 ans de prendre les choses en main et de remettre la communication au cœur de l’enseignement. Elle a l’idée de créer des classes particulières au sein des écoles mais les institutions ne soutiennent pas sa démarche. En assistant à des conférences sur le sujet et en participant à des groupes de travail, elle se rend compte que son cas est loin d’être une exception. En 2016, lors des prémices de son projet - créer une école privée spécialisée pour les enfants à haut potentiel - elle rencontre l’association "Arborescences" (ici), qui va l’accompagner et la soutenir pour ouvrir une école à Toulouse qui viendra s’ajouter à celles situées à Paris et à Nantes.

Une réalité clivante

Cependant, le projet n’est pas sans difficultés. L’éducation nationale ne soutient pas forcément l’initiative, alors même que la structure est un succès auprès des familles qui, pour certaines, déménagent dans la région pour scolariser leurs enfants ou font deux heures de route par jour pour les accompagner à l’école. S’ajoutent aux problèmes institutionnels des problèmes de logistique, comme le recrutement des instituteurs et des élèves qui se fait au domicile de Catherine, ou encore la formation des professeurs qui se fait en immersion avec les moyens de l’école. La posture de l’enseignant est un point primordial dans le processus d’éducation : il faut savoir communiquer sans violence et pouvoir gérer les conflits de façon adéquate. Sans oublier les problèmes financiers qui ne sont pas des moindres. En effet, en l’absence de subventions et par manque de dons, les frais de scolarité sont élevés et dissuadent parfois certaines familles. Des bourses sont mises en place pour diminuer les coûts et aider le maximum d’enfants, qu’ils soient issus de familles aisées ou non, mais cela reste insuffisant. Malgré cela, 10 élèves sont inscrits la première année pour des frais annuels à hauteur de 6 000€. Cette situation démontre bien le manque d’écoles spécialisées pour les enfants à haut potentiel en France.

Le concept éducatif de l’école

Au sein de cette école, les enfants à haut potentiel suivent un enseignement différent de celui des écoles classiques où ils ne trouvent pas leur place, et où les apprentissages ne sont pas adaptés. La pédagogie est basée autour de projets concrets pour donner du sens à tout ce que l’on apprend et les classes ne dépassent pas 15 élèves. Plus précisément, le matin les enfants travaillent sur le programme scolaire sous forme de cycles de trois semaines, qui sont eux-mêmes basés sur un hyper-cycle sur le thème des arts cette année. Par exemple, ils font un cycle sur la photo en faisant des mathématiques. Pour le cycle d’avant c’était un travail de poterie sur les sciences. L’idée est que les enfants ne se rendent pas compte qu’ils travaillent et apprennent plus facilement. De plus, l’apprentissage se fait au rythme de l’enfant. L’après-midi, les écoliers sont répartis selon leur âge en 3 groupes de 11 autour d’ateliers de ¾ d’heure sur les langues vivantes, les activités artistiques et sportives. Le but étant de les ouvrir à un univers extérieur au cadre scolaire pour que chaque élève trouve sa propre voie, sa propre passion et son talent.
L’enseignement ne diverge pas que sur la forme mais aussi sur le fond. En effet, la méthode d’apprentissage de la lecture est basée sur le « Le pays lecture » (ici), livre écrit par Catherine, qui donne vie à l’alphabet pour créer des interactions entre les lettres et ainsi capter l’attention des enfants. L’histoire du livre va même être éditée sous forme de « Kamishibaï », signifiant « théâtre de papier » en japonais, qui se base sur des images qui défilent à côté d’un texte pour raconter une histoire. L’apprentissage de l’anglais et de la gestion des émotions sont également différents, fondés sur des jeux de sociétés et de cartes.

Autre différence avec le système scolaire classique, les élèves ne sont pas notés. Si un adulte donne une note sur le travail de l’enfant, ce dernier ne travaillera plus pour lui-même mais pour l’adulte. Cette méthode est parfois dure à accepter pour certains parents, qui priorisent parfois les connaissances apprises plutôt que la manière de les apprendre.

Le suivi de l’enfant est tout aussi important en dehors de l’école ; la directrice de l’école l’explique dans son second livre intitulé « Je suis zèbre, et alors ? » (De Boeck éditeur, ici). Cet ouvrage est un outil permettant d’apprendre aux parents à gérer l’hypersensibilité de leur enfant et trouver les mots pour communiquer avec lui via des BD, des jeux, des exercices ou encore des questionnaires.

« L’après »

Les écoles du réseau « Arborescence » prennent en charge des élèves de la maternelle au collège (sixième inclue). On peut donc se poser la question de savoir comment l’enfant s’intègre dans un cursus classique à partir de la cinquième. Dans la plupart des cas, l’adaptation se passe plutôt bien car les enfants sont préparés en amont et une prise en charge des parents est effectuée. On remarque même que dans certains cas, la transition est plus fluide que pour des élèves qui sortent d’un parcours « normal ».

En une phrase

« En modifiant sa façon de voir les choses, sa façon de penser, en étant plus ouverts les uns aux autres, en ayant une attitude positive, en respectant les besoins de chacun… finalement un changement de posture ce n’est pas beaucoup...mais ça change le monde ! », Catherine Viès-Duffau.

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