Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Une pénétration croissante du religieux dans le système scolaire (IFOP - F. Jean Jaurès, Charlie Hebdo)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le mercredi 06 janvier 2021.

Quelque 80 % des enseignants affirment "avoir déjà été confrontés au moins une fois au cours de leur carrière à une revendication liée à des croyances ou pratiques religieuses". C'est ce qu'annonce un sondage de l'IFOP pour la Fondation Jean-Jaurès et Charlie Hebdo, "à l'occasion du sixième anniversaire de l’attentat de Charlie Hebdo".

Ces revendications sont de divers types : demandes de repas confessionnels, halal ou casher, absences de jeunes filles à des cours d'éducation physique et sportive, refus d'entrer dans des lieux à caractère religieux lors de sorties scolaires, désinscriptions "afin de continuer ses études à la maison ou dans un établissement privé confessionnel", refus de donner la main à quelqu'un au nom de convictions religieuses. Plus d'un enseignant sur trois (36 %) a "rencontré, durant leur carrière, des contestations d'enseignement ou de contenus d'enseignements au nom de convictions religieuses, philosophiques, politiques". Ce phénomène serait en augmentation, 53 % des enseignants du 2nd degré "disent que dans leur école ou leur établissement scolaire, des enseignements ont déjà été l'objet de contestations (...) soit une augmentation de sept points par rapport à l'enquête IFOP-CNAL de 2018 (...). Ils sont 7% à déclarer y faire face régulièrement (3% en 2018) et 17% de temps en temps (12% en 2018)".

Sont particulièrement visés par cette augmentation les cours d'Éducation physique et sportive, d'enseignement moral et civique, les cours de sciences tandis que l'Histoire-géographie, les Lettres, la Philosophie, les Arts, la technologie ou l'enseignement professionnel connaîtraient une baisse qui reste à expliquer.

L'étude réalisée du 10 au 17 décembre auprès d’un échantillon de 801 enseignants des 1er et 2nd degrés en France métropolitaine montre aussi que "tous les territoires semblent aujourd'hui concernés par ces formes de contestation : écoles, collèges et lycées, territoires urbains et ruraux, et ce, quelle que soit la région", même si "les problèmes se révèlent avec une plus grande acuité encore dans les banlieues populaires", en Ile-de-France et dans le Sud-est, et en éducation prioritaire "puisque 75% des enseignants en REP disent avoir été confrontés au moins une fois à une contestation de la laïcité". C'est par ailleurs au collège "que se posent avec plus d'acuité les problèmes de revendications ou de contestations", mais le 1er degré n'est pas épargné : "27% des professeurs du 1er degré disent avoir déjà été confrontés à des problèmes liés au port de signes religieux."

Pour la fondation Jean-Jaurès, le constat s'impose, "la pénétration de la question religieuse (...) tend à se poser à tous les niveaux de l'institution scolaire", et pour tous les enseignants. D'ailleurs, 19 % des professeurs interrogés disent avoir constaté au moins une forme de contestation ou de désapprobation lors des cérémonies d'hommage à Samuel Paty, "des justifications de violences", "des refus de la minute de silence", "des injures ou provocations lors de la minute de silence". "Les chiffres du ministère semblent bien en dessous de ce que fut la réalité des contestations et manifestations de tensions", d'une part parce que beaucoup de ces incidents "apparaissent comme mineurs", "sont gérés à l'intérieur des classes" et ne font pas l'objet d'un signalement, mais aussi parce que "nombre d'enseignants continuent d'agir avec prudence vis-à-vis des remontées d'incidents", souhaitant éviter une "stigmatisation" de leurs élèves, un argument que réfute la fondation qui y voit "une vision compassionnelle et donc victimaire", une attitude qui ne vient pas en aide aux élèves dont les comportements "sont autant de signes de radicalisation ".

L'enquête montre pourtant "que 84% des enseignants ayant été témoins ou ayant appris une contestation d'enseignement l'ont signalé" souvent à leurs pairs ou aux personnels de direction de l'établissement, mais "très peu se tournent vers le référent du rectorat (5%)". C'est que "seuls 54% des enseignants disent avoir reçu un soutien total de leurs personnels de direction (...). Ces taux descendent bien plus bas quand il s'agit du rectorat." Un tiers des enseignants jugent que la réaction des personnels de direction a été "trop complaisante". C'est davantage le cas des 40 - 49 ans alors que les plus jeunes la trouvent plus souvent "trop ferme".

L'enquête porte aussi sur le phénomène d'autocensure. Près d'un professeur sur deux "dit s'être déjà autocensuré dans le secondaire". Ils ne sont toutefois que 5 % "à déclarer s'autocensurer régulièrement" mais 22 %, "de temps en temps" (contre 10 % en 2018). A noter encore que "25 % des enseignants interrogés pensent que Samuel Paty a eu tort de faire un cours sur la liberté d'expression à partir de caricatures de presse (...). Les jeunes professeurs apparaissent plus critiques que leurs aînés." C'est aussi le cas des professeurs enseignant dans les banlieues populaires" et des professeurs "qui se déclarent proches de la France Insoumise", à l'inverse de ceux qui sont proches de FO, moins souvent critiques.

 

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →