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Le système éducatif dans les académies ultramarines doit s’adapter encore plus aux réalités du terrain (Cour des comptes)

Paru dans Scolaire le vendredi 11 décembre 2020.

"Ça coûte cher et ça ne marche pas très bien !", a résumé Gérard Longuet, le sénateur de la Meuse, lors de l’audition, ce jeudi, par la commission des finances du Sénat, de Louis Gauthier, président de la troisième chambre de la Cour des comptes et d’Edouard Geffray, DGESCO, à propos du système éducatif dans les académies ultramarines. Louis Gauthier a présenté le rapport de la Cour, suite à l’enquête sur l’organisation, le fonctionnement, le coût et les résultats du système scolaire à la Martinique, la Guadeloupe, la Réunion, la Guyane et Mayotte réalisée à la demande de la commission des finances du Sénat. Il a d’abord souligné les caractéristiques communes à ces académies, notamment géographiques et socio-économiques, et les différences tenant à la taille, au niveau de vie, à la démographie ou au plurilinguisme.

Des résultats insuffisants

La Cour remarque que les résultats scolaires sont difficiles à apprécier car différents selon les modes d’évaluation des acquis. Ainsi, "si les taux d’accès au brevet et au baccalauréat se sont améliorés et, pour La Guadeloupe, la Martinique et la Réunion, sont très proches des moyennes nationales, les évaluations de niveau montrent des écarts considérables". Par exemple, en moyenne nationale, 13,3% des élèves qui entrent en 6e ont une maîtrise insuffisante ou fragile du français, ils sont 21,5% à la Réunion, 25% à la Martinique, 28,7% en Guadeloupe, 44,2% en Guyane et 75,4% à Mayotte.

Autre constat : "le coût annuel du système scolaire dans les cinq académies ultramarines s’élève à un peu plus de 4Mds pour le seul ministère de l’éducation nationale. Rapporté au nombre d’élèves, il est supérieur d’environ 30% à la moyenne nationale." Pour la Cour, "cette différence s’explique principalement par les sur-rémunérations versées aux agents titulaires affectés en outre-mer" mais aussi à "un effort particulier consenti pour étendre le dispositif d’éducation prioritaire à environ la moitié du territoire en Martinique et à la Réunion et à la quasi-totalité de Mayotte et de la Guyane". Louis Gauthier estime que "cette généralisation en a banalisé les effets alors que la mise en œuvre de dispositifs spécifiques eût été une voie plus innovante et mieux adaptée".

Des difficultés spécifiques

L’adaptation aux réalités du terrain est sans doute le maître mot du rapport de la Cour des comptes ; "Certaines règles doivent être revues pour mieux calibrer les moyens, la nature et l’ampleur de cette évolution et dépendent des situations locales. Elle est beaucoup moins nécessaire dans les académies des Antilles et de la Réunion, où une gestion rectorale plus vigoureuse est attendue, qu’en Guyane et à Mayotte où l’éducation nationale est confrontée à des défis majeurs". Et la Cour d’insister sur le nombre d’enfants à scolariser dans des bâtiments déjà saturés, l’absence de cantines, de places d’internat, la langue maternelle qui n’est généralement pas le français ou le manque d’attractivité pour les enseignants.

Face aux recommandations de la Cour, Edouard Geffray a affirmé que "l’Etat a bien conscience des réalités différentes selon les territoires ultramarins" et que "son engagement est aussi quantitatif que qualitatif". Il affirme que "ces territoires sont justement des lieux d’innovation pédagogique" et cite la Martinique qui a rejoint le réseau européen EOL sur l’apprentissage des langues ou l’application des "plans français et mathématiques". A propos de la nécessaire adaptation de la formation des enseignants qui se rendent dans ces territoires, il souligne que "la maquette des INSPE prévoit 10% de formation aux réalités de terrain". Il espère que la préprofessionnalisation instaurée en Guyane suscitera des vocations et prévoit plus généralement le développement des cordées de la réussite et des internats d’excellence.

Colette Pâris

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