Education prioritaire, la "feuille de route" de Nathalie Elimas présentée au Sénat
Paru dans Scolaire le jeudi 03 décembre 2020.
Hier 2 décembre, Nathalie Elimas se présente à la Commission des affaires culturelles du Sénat comme la première Secrétaire d’Etat dédiée à l’éducation prioritaire de la Vème République et parle de "feuille de route" quant à l’expérimentation inscrite dans un cadre national qui sera mise en place dans trois académies (Lille, Marseille, Nantes) en septembre 2021. Sa feuille de route s’appuie, selon elle, sur les rapports de la Cour des comptes, des sénateurs Lafon et Roux et celui d’Azéma-Mathiot. Cette feuille repose sur trois piliers : "la refonte de la carte REP et REP+ selon les résultats de l’expérimentation, refonte non envisagée pour 2021, la prise en compte des autres dispositifs tels que les cités éducatives (80 à ce jour, 40 prévues) ou l’aide aux devoirs avec des ajustements distanciels pour les zones rurales et aussi la lutte contre la pauvreté." Pour cette thématique, Nathalie Elimas évoque les fonds sociaux, le recours aux bourses et les aides aux repas (petits déjeuners, cantine à 1 euro).
A la rentrée de 2021, l’expérimentation se fonde sur un panel significatif d’académies du fait de la diversité géographique et leurs caractéristiques propres. Elle précise qu’un comité de pilotage a été créé pour poser les bases de l’évaluation. L’idée serait de prévoir plus de progressivité et de prise en compte des contextes locaux. Constatant que 70% des élèves défavorisés n’entrent pas dans le dispositif REP/REP+, cette expérimentation doit prendre en compte de nouveaux publics et de nouveaux territoires : les lycées professionnels, les établissements ruraux et enclavés, les "écoles orphelines" (écoles qui connaissent les mêmes difficultés que leurs homologues en éducation prioritaire mais qui ne sont pas dans le réseau d’un collège en EP),mais aussi les établissements situés dans les territoires en difficulté en raison de la fermeture d’une grosse entreprise. Au stade de l’expérimentation, les moyens sont constants. La présentation des résultats de cette évaluation est prévue en 2022. En 2023, en cas d’échec, l’expérimentation serait abandonnée.
Également, elle rappelle que se tient, en ce moment, le Grenelle de l’éducation où, sur dix ateliers, trois prennent en compte l’éducation prioritaire.
Les inquiétudes des sénateurs portent sur la suppression des REP, les moyens, l’articulation ministère et académie, le risque de mise en concurrence de la ruralité et de la ville, le choix des académies, les critères d’évaluation de l’expérimentation, l’urgence des décisions à prendre compte-tenu du contexte sanitaire et de la crise sociale. Ils s’inquiètent également les difficultés plus récurrentes, le problème de la formation des enseignants, la stigmatisation voire la ghettoïsation des établissements, les "territoires perdus" de la République… Ils s’interrogent également sur la fin possible d’un réseau considéré comme un élément fondateur de l’éducation prioritaire et sur les risques qu’un tel éclatement générerait. Les sénateurs mettent en avant la nécessité d’accroître le rôle des élus locaux et des collectivités territoriales. Sur ce dernier point, la secrétaire d’Etat précise qu’il est inscrit sur sa "feuille de route" et elle évoque les outremers dont "les besoins sont spécifiques".
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