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Le dialogue raté de la secrétaire d'Etat à la Jeunesse avec des jeunes prend une nouvelle dimension (La nouvelle République, La Vie, Médiacités, Médiapart)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le vendredi 13 novembre 2020.

Le récit des difficultés qu'a rencontrées la secrétaire d'État en charge de la Jeunesse et de l'Engagement, Sarah El Haïry lors de sa rencontre avec 130 jeunes venus de toute la France et engagés dans le réseau des centres sociaux à Poitiers le 22 octobre a d'abord été fait dans son édition du lendemain par notre confrère de "La nouvelle République" (ici).

Celui-ci décrit "un dialogue difficile" avec une trentenaire qui a "la conviction chevillée à son maroquin et le tutoiement naturel lorsqu’elle s’adresse" à ces jeunes venus participer à une semaine de travail sur la place des religions dans la société. Elle leur annonce qu'elle est venue pour les écouter. Ils lui répondent : "Nous voulons affirmer nos différences, porter des signes distinctifs religieux aux lycées, avoir des espaces pour nous, ne plus vivre des discriminations.". Le journaliste ajoute : "La liste est longue. Les témoignages forts", et il cite une ado : "J’étais en seconde, la seule noire dans ma classe. J’étais mise à l’écart, je faisais tous les travaux mais sans jamais de reconnaissance." Le récit de la rencontre se poursuit : "La ministre écoute et la visite devient une leçon d’éducation civique." Elle ressent "la colère, la fatigue des jeunes" et chante la Marseillaise. "Personne ne s’est levé. Pas même un élu." Des jeunes filles lui font remarquer que "c’est un chant guerrier alors que les religions monothéistes prônent la paix". La secrétaire d'Etat confie (au journaliste) avant de partir que "le chemin est long et difficile".

Une semaine plus tard, l'hebdomadaire La Vie publie (ici) un reportage nettement plus long et décrit un "dialogue de sourd". "Tout avait pourtant bien commencé." Des porte-parole désignés par leurs camarades dressent un état des lieux et évoquent les discriminations qu'ils subissent. "Mais au moment où l’un des adolescents évoque 'les violences policières' et les contrôle au faciès", la ministre l’interrompt "pour lui expliquer qu’il faut aimer la police". Une élève de seconde dénonce les difficultés qu'elle rencontre à parler "librement de (s)a religion" sans se sentir jugée. "Quand j’ai expliqué à mon prof d’histoire que j’étais musulmane, il m’a tout de suite agressée" et "il a cherché à convaincre les musulmans de la classe que Dieu n’existait pas", rapporte une autre élève. La secrétaire d'Etat intervient, elle "ne peu(t) pas laisser dire ça" et "elle se lance alors dans un cours d’éducation civique et morale" sur la laïcité et sur le rôle de l'école qui "nous instruit" de même que la police "nous protège". Les jeunes opposent à ces principes leurs expériences vécues et leur désir "de se connaître d’une culture à l’autre". Réponse de Sarah El Haïry, "les religions n’ont pas leur place à l’école, un point c’est tout. Vous êtes des mineurs, la laïcité est là pour vous protéger !". Ce n'est pas ce que vivent ces jeunes, "jai plus le sentiment d’être brimée que d’être protégée" estime une jeune musulmane : "J’ai plusieurs copines qui se sont fait cracher dessus ou ont été traitées de terroristes parce qu’elles avaient le malheur de porter un foulard." Mais pour la secrétaire d'Etat, "le lycée est un espace sacré", un "sanctuaire républicain", "hors du temps et de l’espace". 

Pour l'hebdomadaire, les jeunes ont fait preuve d'une "étonnante maturité" et ils ont le sentiment de n'avoir pas été écoutés. Quant à la secrétaire d'Etat, elle "s’est empressée de quitter les lieux, après avoir expliqué – très énervée – aux journalistes (...) que cette jeunesse n’était pas franchement 'représentative' de la jeunesse française".

Selon Mediacités (ici), hier 12 novembre, la secrétaire d’État "a demandé aux services du ministère de lancer une inspection" sur la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France, "association reconnue d’utilité publique, créée en 1922 et qui fédère près de 1200 centres sociaux implantés partout en France". L'affaire prend une nouvelle dimension avec la reprise de cette information par Médiapart ce 13 novembre.

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