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De plus en plus de jeunes reprennent leurs études pour améliorer leur situation professionnelle mais pas seulement pour pallier des difficultés d'insertion (CEREQ)

Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 27 octobre 2020.

Près d'un jeune entrant sur quatre reprend des études au début de sa vie active, mais ce sont surtout les sortants dont le plus haut diplôme est le baccalauréat et les jeunes non diplômés du secondaire qui "se distinguent" "par une forte propension à reprendre des études". Tel est l'un des enseignements tirés d'une analyse sur les reprises d'études, dont se fait l'écho, ce mardi 27 octobre 2020, le CEREQ (Centre d'études et de recherches sur les qualifications). Outre mettre en avant un "phénomène en plein essor" depuis une vingtaine d'années, l'étude, pour laquelle ont été mobilisées trois enquêtes "Génération" pour étudier les reprises d'études durant les sept premières années de vie active des jeunes entrés sur le marché du travail en 1998, 2004 et 2010, tente de décrypter les motivations de ces jeunes. Principale d'entre elles, "acquérir un diplôme reste le graal" pour viser une meilleure situation professionnelle, comme le titre l'auteure de ce bref, Alexie Robert, et qui justifie que ce soit les jeunes les moins diplômés qui se lancent le plus souvent dans ces reprises d'études. Pour autant, cet objectif de "meilleure situation professionnelle" n'est pas seulement visé par ceux dont l'insertion est défavorable, puisque l'auteure voit aussi dans cet essor l'apparition d'une autre tendance : celle d' "une porosité croissante entre formation initiale et formation continue" qui "préfigure l'amorce de la formation tout au long de la vie". Ce double constat s'explique avant tout par le contexte : celui d'une "élévation du niveau de formation et de compétition pour l'emploi", contexte dans lequel "le diplôme apparaît de plus en plus nécessaire pour s'insérer professionnellement".

Même si les reprises d'études en début de vie active sont de plus en plus fréquentes à tous les niveaux de diplômes - la proportion des jeunes concernés ayant fait un bond de près de 10 points entre la génération de 1998 et celle de 2010 -, elles concernent en effet d'abord les jeunes dont le plus haut niveau de diplôme est le baccalauréat et parmi eux, ceux engagés dans l'enseignement supérieur sans y avoir obtenu de diplôme (6 % à 12 % reprennent en alternance et 17 % à 30 % hors alternance entre 1998 et 2010). Elles concernent ensuite les jeunes non diplômés de l'enseignement secondaire (dont le taux est grimpé de 20 à 31 % entre la génération 1998 et celle de 2010). Une caractéristique propre apparemment à toutes les générations étudiées, et qui s'explique en particulier parce que ces profils connaissent "des situations moins favorables sur le marché du travail". D'ailleurs, observe l'auteure, les plus enclins à retourner sur les bancs de l'école sont ceux qui, durant leur première année de vie active "ont été majoritairement au chômage ou en inactivité cette année-là, ou qui étaient majoritairement en emploi à durée déterminée".

Les jeunes issus du tertiaire retournent plus souvent sur les bancs de l'école

Le statut du diplôme et les spécialités semblent jouer un rôle dans cette appétence. Ainsi, les jeunes plus enclins à reprendre des études sont ceux qui ont un diplôme de statut "intermédiaire" avant l'obtention d'un diplôme de niveau supérieur (baccalauréat général ou technologique, DUT , licence générale ou bac+4), certainement, souligne l'auteure, parce que "ces diplômes sont moins directement adaptés aux attentes des recruteurs sur le marché du travail" que les diplômes professionnels. Les plus portés à reprendre leurs études sont aussi plus souvent issus des spécialités tertiaires, dont l'insertion professionnelle reste moins favorable que ceux issus des spécialités industrielles. L'auteure indique ainsi que pour les bacheliers professionnels de la génération 2010, le taux d'emploi après trois ans de vie active est de 70 % pour les spécialités tertiaires contre 78 % pour les industrielles.

Néanmoins, ces reprises d'études peuvent aussi "correspondre à une logique de développement professionnel continu de salariés stables et qualifiés ou à une fonction de promotion sociale", observe l'auteure, les jeunes diplômés cherchant dans ce cas "à enrichir leur CV d’un autre diplôme". Si c'est "de plus en plus souvent le cas des reprises d'études en master", ça l'est aussi de nombreux titulaires de CAP ou BEP. Ainsi, ils étaient autour de 60 % de la génération 2010 à obtenir un nouveau diplôme de niveau équivalent.

Moins d'inégalités sociales

Outre chercher à identifier les contextes qui peuvent expliquer l'essor de ces reprises d'études, l'auteure a aussi voulu mesurer le poids des inégalités sociales sur ce retour en formation initiale. Elle constate à ce sujet "un tassement des inégalités selon l'origine sociale" au fil des générations, même si celles-ci sont encore présentes, les jeunes issus des milieux favorisés ayant "plus de chances d’effectuer une reprise d'études que ceux issus des classes moyennes, et davantage encore que ceux des classes populaires". Mais, alors que les jeunes d'origines modestes pourraient privilégier un retour aux études sous forme de formations de quelques heures par semaine ou via une validation des acquis dans leur emploi plutôt qu'un retour à "temps plein" sur les bancs de l'école que peuvent privilégier les jeunes d'origine sociale favorisée, celle-ci constate que "cet écart se réduit, jusqu'à ne plus être significatif entre les jeunes d'origines favorisée et moyenne pour la Génération 2010".

Le Bref n° 396 "Reprises d'études en début de vie active : acquérir un diplôme reste le graal" ici

Camille Pons

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