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La question de "l'école d'après" se pose dans tous les pays du monde (Revue internationale d'éducation)

Paru dans Scolaire le mardi 13 octobre 2020.

Au mois d'avril dernier, quelque 194 pays avaient fermé leurs écoles, ce qui a touché 1,725 milliard d'élèves. Quels ont été les effets de la pandémie sur les systèmes scolaires ? Deux articles de la Revue internationale d'éducation (Sèvres) tentent d'y répondre. Jean-Louis Durpaire (U. de Cergy) souligne que tous les pays ne disposaient pas des mêmes moyens, mais que, "même lorsque ces conditions étaient remplies, la continuité pédagogique n’a pas été simple à réaliser", et parfois de manière inattendue.

"En Corée du Sud, le pays se prévalant d’avoir 'le taux de pénétration le plus élevé au monde d’appareils intelligents et de capacités d’information et de communication', on aurait pu s’attendre à une mise en oeuvre optimale de l’enseignement à distance. Il semble qu’il n’en a rien été : l’augmentation soudaine du nombre d’utilisateurs a révélé l’insuffisance des systèmes. Singapour s’est aussi trouvé confronté à des insuffisances de matériel, puis à des piratages de la plateforme utilisée."

Il souligne que, "dans tous les États, mais à des degrés divers, la mise en oeuvre d’un enseignement à distance s’est heurtée à trois difficultés : 1) la maîtrise insuffisante de l’enseignement à distance par les enseignants ; 2) le manque de matériels numériques ; l’insuffisance des réseaux ; la sécurité des outils ; 3) l’impossibilité de maintenir une équité éducative et pédagogique."

Au Japon, les écoles étaient fermées mais les cours de récréation ouvertes

Mais là n'est peut-être pas l'essentiel. "Surtout, ce qui a fait difficulté, c’est l’absence de perspective. Au bout de quelques jours, enseignants et encadrement ont compris que la continuité de l’éducation ne pouvait passer que par la définition d’un nouveau modèle (...). Les décisions de fermeture des écoles ont conduit à reconsidérer ce qu’était l’école ; bien sûr, un lieu où des professionnels de l’éducation reçoivent des élèves pour délivrer instruction et éducation mais aussi un espace où l’on vit, où l’on mange, où l’on joue, où l’on partage, où l’on entretient des relations…" Il note d'ailleurs qu'en Finlande, "la plupart des écoles ont été fermées, mais un service de cantine a été maintenu (...). Au Japon, les fermetures des écoles ont été accompagnées d’une mesure étonnante : l’ouverture des cours de récréation pour que les élèves puissent soulager leur stress dû au confinement à la maison".

L'intellectuel marocain Abdennasser Naji part d'un autre constat, les élèves n'ont pas pu aller au bout des apprentissages prévus et "il faudra rattraper le temps perdu", ce qui "demandera un engagement sans faille des enseignants, des méthodes pédagogiques plus efficaces, et une gouvernance plus souple et moins contraignante, orientée vers l’apprenant et favorisant l’approche participative de toutes les parties prenantes". Il constate en effet que la fermeture des écoles a modifié le rapport aux familles. "Lors de cette crise, les parents ont joué un rôle important dans l’apprentissage de leurs enfants, avec des différences selon les compétences et l’appartenance sociale de chacun." Dès lors, l'école, "structure rigide et immuable", confinée "à l’intérieur de quatre murs (...), est appelée à changer", et elle doit prendre en compte "la diversification des foyers d’apprentissage, et surtout la fonction de la maison qui doit passer de lieu de désapprentissage à celui d’apprentissage" ainsi que "l’évolution spectaculaire de l’enseignement privé" et "la territorialisation de l’éducation".

De même pour Jean-Louis Durpaire, l’école d’après devra "tirer des enseignements de cette crise" et "réaliser une approche intégrée de l’apprentissage en ligne, c’est-à-dire faire en sorte que les élèves utilisent l’école en ligne durant toute la durée de leur scolarité, de manière partielle, mais durable". Les Etats devront se doter "d’outils sécurisés" et se libérer des entreprises commerciales", repenser les curriculums scolaires pour "mieux intégrer les questions sociales et de bien-être", mais aussi "prendre conscience de la fragilité de l’homme et de la planète".

Abdennasser Naji va plus loin sur le plan politique. La plus grande implication des familles dans la gestion de l’école empêcherait les Etats de concevoir l'Ecole comme "le moule qui façonne un citoyen normalisé", "chauvin et égoïste"; elle préparerait "un être humain cosmopolite, qui oeuvrera pour un destin commun de l’humanité, et un monde meilleur".

De la pédagogie inversée à la continuité pédagogique

Mais plus immédiatement, au plan pédagogique, Jean-Louis Durpaire note qu'en France, "il est probable que les enseignants ayant recours à la pédagogie inversée ont pu, mieux que les autres, réaliser la continuité pédagogique, leurs élèves étant rompus à une démarche qui appelle l’autonomie des élèves et le conseil des enseignants". Il cite un enseignant : "J’ai déjà l’habitude travailler en classe inversée voire classe renversée avec mes terminales ; les habitudes de travail (étaient) donc relativement conservées par rapport à une situation normale."

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