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L'enseignement supérieur se soucie-t-il encore des INSPE et de la formation des enseignants ? (SGEN-CFDT)

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 17 septembre 2020.

"On a l'impression que le ministère en charge de l'enseignement supérieur a perdu la bataille (avec le ministère de l'Education nationale, ndlr) sur la formation initiale des enseignants ; on a aussi l'impression que la CPU (la conférence des présidents d'université, ndlr) a abandonné le sujet, ça nous interroge." Franck Loureiro, secrétaire général adjoint du SGEN-CFDT présentait, ce 17 septembre, avec Françoise Lambert, secrétaire nationale, les résultats d'une enquête menée auprès de formateurs dans les INSPE (précédemment ESPE). Ils apprécient le contact avec les étudiants, les relations avec leurs collègues, ils ont le sentiment de faire œuvre utile, mais ils considèrent (65 %) que leurs conditions de travail se sont dégradées, que l'Education nationale a "repris la main" et que les relations entre rectorats et universités ne sont "pas" ou "pas du tout satisfaisantes" (72%).

Ces mauvaises relations ne seraient pas uniquement le fait de responsables locaux. Il semble bien que la ministre en charge de l'enseignement supérieur ait découvert au mois d'avril dernier, par une dépêche de L'AEF que Jean-Michel Blanquer avait chargé Mark Sherringham* d'une mission de conseil "auprès des recteurs qui ont la responsabilité de mettre en place les nouveaux Inspé". Le SGEN et les syndicats de l'UNSA éducation avaient alors fait remarquer (ici) "que les INSPÉ sont des composantes universitaires à part entière". Au mois de mai, la lettre de mission a été modifiée, co-signée par Frédérique Vidal et le rôle des présidents d'université a été clairement mentionné. Mais l'inspecteur général reste chargé "de veiller à évaluer la richesse des viviers des candidats à la direction des Inspé" et les organisations syndicales commentaient : avec la loi Blanquer sur "l’école de la confiance", les Conseils "ont été privés de l’audition des candidats à la direction de la composante au bénéfice d’un comité d’audition" qui sera "une simple chambre d’enregistrement".

Mark Sherringham doit également réfléchir "au renforcement du parcours des futurs étudiants d'INSPE, particulièrement ceux qui se destinent au professorat des écoles". La première version de la lettre de mission évoquait la création de "classes préparatoires au professorat des écoles", et les organisations syndicales y voyaient un retour 30 ans en arrière (c'est à dire aux écoles normales d'instituteurs, ndlr). Bien que le projet n'apparaisse plus explicitement dans la seconde version de la lettre de mission, Mark Sherringham a déclaré qu'il ne s'interdisait rien. Pour le SGEN-CFDT, telles classes viendrait concurrencer les "modules de professionnalisation" qui sont proposés aux étudiants dans le cadre du parcours licence, et marqueraient la rupture entre 1er et 2nd degré, autre retour en arrière.

Le SGEN constate que, de la même façon, un projet de circulaire relatif aux "contractuels alternants" prévoit de s'adresser uniquement aux recteurs et aux directeurs d'INSPE. Le fait de placer le concours en fin de M2 au lieu de M1 prive en effet les étudiants du salaire qu'ils touchaient en M2 après avoir réussi le concours. La mise en place du contrat d'alternant permet de les rémunérer bien qu'ils ne soient pas fonctionnaires stagiaires, mais uniquement sur 12 mois, soit deux semestres sur les quatre que représente la durée d'un master, à hauteur de 865€ pour "une mission d'enseignement en pleine responsabilité" sur un temps correspondant "à un tiers de l'obligation réglementaire de service". Le SGEN fait remarquer qu'il est vraisemblable que ces 12 mois correspondront souvent aux deuxième et troisième semestres et que les étudiants seront donc privés de revenus au moment de passer le concours. L'organisation syndicale demande une rémunération sur toute la durée du contrat.

Quant au concours, il constitue également un sujet d'interrogation puisque sa forme n'est pas encore définie, et que le poids donné à la professionnalisation "n'apparaît pas clairement". Pour le SGEN, il faudrait surtout que l'étudiant puisse dire comment il a vécu son expérience d'enseignement, quelles leçons il en tire... Il est inutile, estime l'organisation syndicale, de "revérifier avec des épreuves disciplinaires ce qui l'a déjà été". De plus, les étudiants qui auront fait un master disciplinaire seront avantagés par rapport à ceux qui auront fait un master MEEF (métiers de l'enseignement et de la formation). Le SGEN s'inquiète d'une baisse des inscriptions pour ce master qui met l'accent sur la professionnalité. Dans le format actuel des concours du 2nd degré, 58 % des répondants estimaient que "les épreuves laissent trop de part aux connaissances disciplinaires" et 2% l'inverse...

* Mark Sherringham, agrégé de philosophie et inspecteur général, il a été directeur de l'IUFM de Strasbourg et conseiller au cabinet de Xavier Darcos.

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