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Une rentrée scolaire sous le signe des inquiétudes (FSU)

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 10 septembre 2020.

"Certes la rentrée scolaire s'est faite, les personnels ont tenu le coup, mais c'est une rentrée qui s'est faite dans une forme de gravité", estime Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, lors d'une conférence de presse, hier 9 septembre, avant d'ajouter que, pour le moment, les fermetures des écoles et des établissements sont annoncées même s'il n'y a pas de "bilan officiel" et, peut-être, pour la suite, cela "oblige à refermer un nombre d'établissements plus important que ce qui existe actuellement". En outre, il renchérit : "On a le sentiment d'un déni des besoins. Il n'y a pas assez d'adultes dans les établissements, les écoles, les universités... Déni, aussi, des besoins sociaux" car "on est dans une situation sociale compliquée... une situation sociale qui risque de s'aggraver...".

Par ailleurs, il évoque "la politique éducative" qui passe par les évaluations et qui ne répond pas aux difficultés réelles des élèves. Pour lui, "la réforme du lycée constitue une forme de pression", et elle est "particulièrement compliquée à mettre en œuvre dans cette période difficile".

En ce qui concerne les personnels, le besoin "de reconnaissance" passe par "la revalorisation salariale" et "le sujet des rémunérations est sur la table ; il va être étudié...». Il observe qu' "on est, de nouveau, dans ces déclarations d'intention sans aucun effet et avec, déjà, l'annonce que les revalorisations ne concerneraient qu'une partie des personnels". Mais, rassure-t-il, "nous continuons à porter ces sujets". Car, pour lui, le gouvernement "saucissonne le problème" et l'inquiétude demeure puisque "on centre le débat sur le séparatisme". Et d'expliquer : "On a vu Jean-Michel Blanquer nous dire qu'il allait désormais prendre le problème à bras le corps et que l'important est de lutter contre le séparatisme religieux... ."

Benoît Teste reconnaît l'existence d'actes de discriminations et de non respect de la laïcité. En revanche, il explique que "si on part dans un débat comme ça, en stigmatisant les populations, on stigmatisant une religion en particulier... On voit que c'est une manière de faire diversion".

Du premier degré à l'université... malaise

Guislaine David, co-secrétaire générale du SNUIPP-FSU souligne que le protocole sanitaire "allégé", ne permet pas dans le 1er degré, de limiter les fermetures des classes : le brassage des élèves n'est pas interdit et les classes sont chargées. Il y a vraiment une inquiétude au bout d'une semaine de rentrée". Inquiétude, "parce que nous avons actuellement, dit-elle, beaucoup d'élèves concernés... et qui sont évincés de l'école" tout comme les adultes "qui sont, eux aussi, évincés et remplacés... nous sommes sur des chiffres qui sont au delà de ceux annoncés par le ministère".

Elle dénonce "l'impréparation" de la rentrée scolaire, également sur le plan pédagogique. En effet, selon elle, "les équipes ne sont pas prêtes" et "il ne suffit pas de dire qu'on a un plan de continuité pédagogique pour qu'il s'applique dans les établissements". Elle avertit : "Des équipes vont exploser. D'autant que l'enseignement à distance, on le sait, lors de la période du confinement, a été - les enquêtes le prouvent - difficile à mettre en place. Et cela va être encore compliqué parce que toutes les familles ne sont pas forcément équipées en informatique." En ce moment "la priorité pour les enseignants est de recréer les liens avec les élèves... C'est important, parce que les inégalités se sont creusées pendant la période du confinement".

Frédérique Rolet, secrétaire générale du SNES-FSU, abonde dans le même sens. "On a, dit-elle, des remontées des académies et c'est à peu près la même chose. On est dans un état d'esprit ambivalent partagé entre la volonté de reprendre en présentiel, puisque l'école à distance n'était pas vraiment l'école, qu'elle a accentué les inégalités, et l'anxiété qui est inhérente au contexte sanitaire, du fait du flou des paroles du ministre qui assure, d'une façon répétée, que tout est prêt mais qui est toujours dans le déni des difficultés" : suppression de postes, élèves non affectés, manque de professeurs principaux, problème de classes non dédoublées... En somme, "les collègue ont le sentiment qu'on les laisse se débrouiller pour renvoyer à la conscience professionnelle des uns et des autres".

Sigrid Gerardin, secrétaire générale du SNUEP-FSU arle de "tensions entre les équipes et la hiérarchie" mais aussi "de soucis dans les ateliers" à cause de cette rentée faite dans "l'impréparation" et avec "légèreté". Elle s'inquiète des "effets sociaux et économiques" de la crise. La question des stages, par exemple, dans les entreprises pose problème car "certaines PME sont victimes des difficultés économiques... et il y a une peur légitime des tuteurs de prendre les élèves à cause justement de cette situation sanitaire". Elle revendique le recrutement de DDFPT (directeurs délégués aux formations professionnelles et technologiques, anciennement chefs de travaux, ndlr) : "c'est une priorité et une urgence". "Le deuxième effet du confinement, à mettre en perspective avec la crise économique, est le décrochage scolaire : 60% lors du déconfinement. Et rien n'est envisagé pour rattraper le retard."

Dans le supérieur, rien ne va, non plus. Une rentrée, là aussi, "compliquée", explique Anne Roger, co-secrétaire générale du SNESUP-FSU, même si pour elle, les raisons ne sont pas celles du primaire et du secondaire. "Il y a trois points qui marquent notre rentrée, fait-elle savoir : pas de moyens suffisants pour accueillir les futurs étudiants (30 000 étudiants supplémentaires), hybridation généralisé des enseignement à distance et en présentiel et la loi de programmation pluriannuelle de la recherche."

Saphia Guereschi, secrétaire générale du SNICS-FSU, a pris la parole aux noms des "infirmières de l'éducation nationale... impactées et sollicitées" pendant le confinement et "même aujourd'hui". Elle se demande comment "assurer les missions habituelles, les conséquences liées au confinement mais également comment renforcer les actions en direction des élèves décrocheurs, des élèves les plus fragiles et ceux à besoins particuliers", alors que "nous souffrons de manque de reconnaissance et de moyens"...

 

Rabah Aït

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