Les personnels de direction commencent l'année "épuisés" (SNPDEN)
Paru dans Scolaire le mercredi 09 septembre 2020.
Le pourcentage des personnels de direction insatisfaits de la gestion de la crise sanitaire par le ministère est de 70 %, il est à peine plus faible (68 %) en ce qui concerne la gestion des examens, selon l'enquête menée par le SNPDEN. Le syndicat UNSA des personnels de direction publiait, ce 9 septembre, sa traditionnelle enquête annuelle, aux items modifiés par le contexte. Le mécontentement des 1 600 principaux, proviseurs et adjoints qui ont répondu est surtout dû au fait que les informations sont arrivées très tard, et souvent via les médias plutôt que par la voie administrative, au point que la boutade circule : "le nouveau BO, c'est BFM."
Les personnels de direction étaient également interrogés sur les "vacances apprenantes". Seul un quart d'entre eux a mis en place le dispositif "école ouverte", le plus souvent parce qu'ils n'avaient pas d'enseignants volontaires, mais aussi parce qu'ils n'avaient pas le temps alors qu'ils devaient préparer la rentrée et gérer les examens. Ils sont d'ailleurs 39 % à se déclarer "épuisés" alors qu'ils reviennent de vacances, seuls 4 % se disant "reposés", 5 % "confiants", 16 % sont dans un état d'esprit positif et 25 % se sentent "prêts" alors que 41 % sont inquiets, 55 % agacés, et la grande majorité, 57 % cochent l'adjectif "vigilant" pour décrire leur état d'esprit. Plus de 6 sur 10 considèrent comme une priorité l'accueil de tous les élèves, mais 4 sur 10 insistent sur le contexte sanitaire dont ils attendent qu'il soit sécurisé.
Comme chaque année, ils s'inquiètent de voir des postes non pourvus à la rentrée. "Pour l'instant, les remplacements sont assurés", mais les viviers pourraient être très rapidement taris. Quant au 1,5 M d'heures supplémentaires annoncées par le ministre (soit "moins de 100 HSE par établissement"), leur distribution est très variable selon les académies. Si 31 % des établissements en ont reçu leur part, et 22 % savent de quels moyens ils disposeront, 14 % n'en auraient aucune et 35 % n'ont reçu aucune information à ce sujet. La secrétaire générale d'une académie d'Ile-de-France a expliqué que, sur cette enveloppe, elle devait d'ailleurs payer des heures dues l'an dernier ou pour "vacances apprenantes" avant de distribuer le solde.
Autre information de cette enquête, les conditions d'exercice du métier, la définition des missions et les questions de gouvernance sont passées au premier plan des préoccupations des personnels de direction, prenant le pas sur les salaires alors qu'un accord est "quasi topé", le ministère ayant mis "25 M€ sur trois ans" notamment pour augmenter à 600/an le nombre des promotions à la hors classe et pour la reconnaissance de nouvelles missions, par exemple la gestion d'un PIAL (pôles inclusifs d’accompagnement localisés pour la gestion des accompagnants d'élèves en situation de handicap).
Bien qu'il ne dispose pas d'informations consolidées sur les choix de spécialités, les responsables syndicaux s'inquiètent du devenir des séries technologiques en Première et en Terminale des "sciences de l'ingénieur" et de "numérique et science informatique", cet enseignement de spécialité étant, semble-t-il, victime d'une absence de prise en compte dans l'enseignement supérieur.
La gestion de la crise sanitaire dans la durée est évidemment un point de préoccupation important. Les personnels de la "vie scolaire" sont très exposés, du fait de la multiplication des contacts, et leur remplacement s'ils doivent s'absenter en cas de simple suspicion sera délicat. Et, s'agissant des élèves, quand renvoyer chez lui un seul élève, une classe, un niveau ? La marche à suivre est indiquée par l'ARS, la préfecture et le DASEN qui se concertent en fonction de chaque cas, mais toutes les ARS ont-elles la même politique ? Et comment mettre en place une "continuité pédagogique en pointillés" ? Les personnels de direction notent que les enseignants se sont habitués à renseigner le cahier de textes sur l'ENT et à correspondre via mail avec leurs élèves, ce qui devrait faciliter l'enseignement "en distanciel".