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Colonie de vacances : en revenir changé(e) n’est pas un mythe ! (INJEP)

Paru dans Périscolaire le lundi 07 septembre 2020.

Selon l’INJEP (Institut National de la Jeunesse et de l’Education Populaire), "la colo est une institution enveloppante, spécifique, distincte des autres institutions d’encadrement juvénile (famille, école, groupe de pairs, loisirs)".

C’est la raison pour laquelle l’INJEP a choisi d’enquêter sur la colonie de vacances à hauteur de vue des adolescents (12-16 ans). Ces jeunes disent qu’après un passage en colonie de vacances, ils sont transformés parce qu’ils y élargissent leur monde grâce à la séparation avec les parents, le dépassement de soi, l’accumulation d’expériences nouvelles et la projection vers l’âge adulte. La définition de la socialisation est pleinement remplie : "processus par lequel un individu apprend à vivre en société en intériorisant des manières d’être, des représentations ou des entités individuelles et collectives." Pour ces jeunes, cette période de socialisation entraîne un renforcement de l’autonomie, une rupture avec le quotidien, une capacité à interagir avec des filles et des garçons issus aussi bien de classes moyennes supérieures ou de classes populaires, ruraux ou urbains. Et surtout, l’encadrement est beaucoup moins visible que dans la vie quotidienne ! Outre le sentiment de liberté que cette situation procure, les adolescents sont conscients d’y pouvoir pratiquer des activités inhabituelles. Les offres des colonies de vacances sont de plus en plus variées : du parapente à des camps spécialisés en sciences en passant par des ateliers de rap en anglais ou de danse hip-hop.

D’après Pauline Clech, rédactrice de l’étude et chercheure à l’Observatoire sociologique du changement (Sciences Po), la notion "enveloppante" signifie que la "colo" vise à créer un collectif et à agir sur chaque jeune individuellement pour le bien du groupe et pour le bien personnel. Elle parle de la "loi du groupe". Les adolescents ont bien conscience que cette "loi" se crée très rapidement qu’elle ne sera valable que le temps du séjour. Selon la chercheure, c’est cette rapidité qui fait que la colonie de vacances est un cadre socialisateur puissant, "différent de la participation à un projet pédagogique". "On y rencontre de nouvelles personnes que l’on ne reverra peut-être pas mais on forme avec elles un groupe soudé où une forme de hiérarchie existe bien." Les adolescents eux-mêmes définissent trois groupes : les "leaders", les "exclus" et les "suiveurs". A leurs yeux, les animateurs ont un rôle déterminant, soit parce qu’ils acceptent, soit parce qu’ils contrent cette hiérarchie… hiérarchie qui pour Pauline Clech dépend des caractéristiques de classe, de genre et de l’ensemble des adolescents et des animateurs. Cependant, elle a pu remarquer que les individus dits charismatiques ne sont pas toujours ceux qui sont attendus. "C’est celui ou celle qui impose ses codes qui gagne le leadership, qu’il ou elle soit issu(e) de classe populaire ou de classe moyenne supérieure". Par contre, "si la loi du groupe peut valoriser des ressources populaires ou bourgeoises, l’analyse montre qu’elle entérine, en général, un ordre du genre inégal, le masculin y est plus légitime que le féminin."

L’INJEP a continué ses recherches à propos des colonies de vacances. Il y a ajouté les usages numériques car selon leur étude (voir https://injep.fr/focus/etre-connecte-en-colo-premiers-resultats-de-lenquete-sur-les-usages-numeriques-des-adolescentes-et-des-adolescents-en-colonie-de-vacances/), 86 % des 12-17 ans possédaient un smartphone en 2019. Par ce biais, l’INJEP a voulu répondre aux questions : quels sont les usages du portable en colonie de vacances à l’adolescence ? Comment s’organise la gestion des usages par les équipes d’animation ? Comment la colonie de vacances doit-elle désormais composer avec ces nouveaux usages ? Comment les usages numériques viennent renforcer ou reconfigurer les pratiques existantes en colo, tout en suscitant des situations nouvelles ? Pour Emilie Morand, sociologue et chercheuse associée à l’INJEP, "les observations in situ montrent, que les usages numériques des jeunes servent très souvent le collectif." Ils sont un mode de transmission de pratiques culturelles entre jeunes et ils peuvent cimenter la colo".

Hélène Cénat

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